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Mobilisation à Paris contre « la chasse aux enfants » , vue de la suisse

Publie le samedi 1er juillet 2006 par Open-Publishing

Vu de 24 H, quotiden suisse

Mobilisation à Paris contre « la chasse aux enfants »

SANS-PAPIERS
La « trêve » décrétée par Sarkozy sur le renvoi de familles clandestines dont les enfants sont scolarisés prend fin samedi. Mobilisation et parrainages dans toute la France.

MATHIEU VAN BERCHEM PARIS
Publié le 01 juillet 2006

SAMSON THOMAS / GAMMA- RÉSISTANCE : Une affiche représentant Nicolas Sarkozy avec le slogan « Votez Le Pen », ici dans un local à Nanterre occupé par les sans-papiers du 9e Collectif, a été diffusée en Ile-de-France.
Il y avait foule, mercredi, à la mairie du XXème arrondissement de Paris. Point d’épousailles, mais une cérémonie hors du commun. En écharpe, le maire socialiste Michel Charzat célébrait le « parrainage » de 70 familles sans papiers. Après les discours officiels, parrains et marraines se sont solennellement engagés auprès de leurs protégés : « S’ils nous demandent asile, nous ne leur fermerons pas notre porte, nous les hébergerons et les nourrirons. Nous ne les dénoncerons pas à la police. »

« La chasse aux enfants »

La résistance s’organise. Samedi prendra fin la trêve, toute relative, décrétée par Nicolas Sarkozy sur l’expulsion des familles clandestines dont les enfants sont scolarisés. Avec la fin de l’année scolaire, les renvois reprendront. « Un aller simple vers un pays que ces enfants ne connaissent pas ou plus, dont certains ne parlent pas la langue, papa et maman menottés, entravés comme des bêtes », résume à sa façon le Réseau Education sans frontières (RESF). Exaspérée par l’intransigeance du ministre de l’Intérieur, cette nébuleuse d’associations, d’enseignants et de parents d’élèves célébrera samedi « l’ouverture de la chasse aux enfants ».

Cette nouvelle affaire des sans-papiers est pour le moins douloureuse. Tragique pour des milliers de familles clandestines, dont les enfants vont à l’école en France depuis des années et qui risquent aujourd’hui d’être expulsées : la tolérance d’hier n’est plus d’actualité. Epineuse pour Sarkozy, qui, tout en prônant la fermeté, s’efforce de se montrer « humain ». Devant le tollé suscité par les menaces d’expulsions, le ministre promet de régulariser les familles dont « l’enfant est né en France ou est arrivé en très bas âge, est scolarisé en France, ne parle pas la langue de son pays et n’a donc aucun lien avec ce pays ». Les préfets feront le tri.

Une source d’espoir immense, mais aussi d’angoisse pour les sans-papiers. « Des amis me pressent de courir à la préfecture déposer mon dossier. Mais je n’ai pas confiance. Je préfère rester à l’abri à la maison. Depuis deux ans, j’ai peur, je n’ose plus sortir de chez moi », confie une mère angolaise dont les trois enfants sont scolarisés depuis six ans. Soutenues par leurs « parrains », des centaines de familles font le pied de grue devant les centres de réception des étrangers, leurs dossiers sous le bras. Près de la place Clichy, ils dorment sur le trottoir pour être reçus le lendemain matin.

Le droit d’avoir des droits

Un marché de dupes ? Selon le Réseau Education sans frontières, seul 2% des familles pourraient être régularisées. « Certains jugent plus prudent de rester dans la clandestinité. Nous respectons leur choix », assure Jean-Gérard Langlois, membre du Réseau en Savoie. Le mouvement s’étend. A travers tout le pays, enseignants, parents d’élèves et proches des familles offrent leur parrainage. « Il s’agit surtout d’aider les sans-papiers dans leurs démarches administratives », affirme Dominique Grattepanche, « marraine » dans le XXème arrondissement parisien.

Pour « harmoniser » les critères de régularisation, Sarkozy a sorti son « joker » : son ami Arno Klarsfeld, chargé d’une mission de médiation. « On ne peut régulariser tous ceux qui sont scolarisés. Le simple fait d’avoir pénétré illégalement sur le territoire avec un enfant ne peut être créateur de droits », prévient l’avocat.