Mohamed VI souffre d’une maladie chronique

Des sources médicales à Paris ont confirmé que Mohammed VI subit une maladie chronique

Interview avec Pedro Canales (03-09/09/2009)

Q : C’est la première fois que le Ministère marocain de la Maison du Roi, le Protocole et la Chancellerie font une déclaration spécifiant la nature de la maladie du Roi. Qu’en pensez-vous ?

R : Oui c’est une initiative qui n’est jamais arrivée dans le passé.

Q : Comme journaliste espagnol intéressé par la situation au Maroc depuis une longue période de temps, comment pourriez-vous évaluer cette initiative ?

R : Je pense que la question devrait être abordée à partir de différents aspects. Au début, le Palais voulait adopter une nouvelle approche en ce qui concerne la famille Royale puisque Mohamed V et Hassan II n’avaient jamais publié des déclarations concernant leurs états de santé. Ainsi, la publication d’une déclaration pourrait à cet égard être liée à la transparence sur les membres de la famille royale, mais je favorise une autre explication : la question pourrait être relativement sérieuse. Nous avons vu des pressions exercées sur quelques journaux marocains qui ont soulevé des questions liées au Roi qui est une personne sacrée ; cela nous laisse dire que la situation reste la même que celle qu’on a eu l’habitude de voir pendant le règne de Hassan II et Mohammed V. Ainsi, j’ose dire que la déclaration sur la santé du Roi cache quelque chose de sérieux.

Q : Vous étiez le premier, au mois de mars 2008, à écrire sur El Imparcial que Mohamed VI n’était pas en grandes vacances en France, mais en train de recevoir un traitement à cause de sa maladie, vous pensez que de telles informations sont liées à cette déclaration officielle ?

R : Il pourrait y avoir un lien entre les deux publications. Bien sûr, j’ai écrit, il y a un an, que Mohammed VI a subi une opération chirurgicale en France et ces informations ont été récemment confirmées. Quelques médias français m’ont informé que Mohammed VI souffre d’une insuffisance rénale ou une maladie de foie qui l’oblige à se déplacer régulièrement en France. Ainsi, la maladie annoncée dans la déclaration est simplement le résultat d’une maladie chronique.

Q : Vous pensez que le but de cette déclaration est de préparer le peuple à admettre que le Roi est dans un état de santé sérieux.
R : Oui, je partage cette explication

Q : Dans quelle perspective ?
R : Dans le sens de : qui succédera au trône si le Roi subit une maladie chronique qui pourrait l’empêcher de gouverner lorsqu’il il est obligé de prendre des longues périodes de repos. De là, la déclaration officielle pourrait être une partie d’un processus de préparation de l’opinion publique marocaine à l’idée d’avoir une alternative pour préserver le règne et la continuité du système aussi bien que de sa stabilité.

Q : A votre avis, comment cette continuité pourrait-elle être réalisée ?
R : Elle pourrait être réalisée par son frère Moulay Rachid ou par la formation d’un Conseil de la Famille Royale. À cet égard, nous devons noter que le cousin du Roi, Moulay Ismail a gagné une position importante auprès du Roi et il entretient une bonne relation avec lui et le prince Moulay Rachid a représenté le Roi dans beaucoup de rencontres et conférences Internationales. Ainsi, dans le cas où il y aurait un Conseil de la Famille Royale pour préserver la continuité de la monarchie, Moulay Rachid ne serait pas nécessairement couronné et ce serait quelque chose de nouveau qui n’est pas arrivé avec les deux rois précédents Mohammed V et Hassan II.

Q : Pensez-vous que le règne d’un Conseil de la Famille Royale conviendrait à la société et au contexte politique du Maroc ?

A : Bien sûr, la situation au Maroc diffère de celle de l’Arabie Saoudite. Dans cette dernière, les membres de la Famille Royale dirigent les ministères les plus importants du gouvernement, ce qui diffère de la façon de gouverner au Maroc. Au Maroc, par exemple, Moulay Rachid est dans la deuxième position dans l’ordre des héritiers du trône. Il n’assume pas de responsabilité officielle dans l’État sauf quand le Roi l’a assigné pour quelques missions formelles. Mais nous devons nous rappeler que Hassan II avait nommé son frère, le Prince Moulay Abdellah, pour assumer une mission particulière dans une période spécifique, ce qui veut dire que la même idée pourrait être mise en application dans des circonstances sérieuses.

AL-MICHAAL (Maroc)

Traduction : Diaspora Saharaui