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"Moi arabo-israélien je vote non contre cette farce"
Publie le vendredi 29 octobre 2004 par Open-Publishing
Azmi Bishara, député palestinien à la Knesset : le retrait de Gaza sert à annexer
la Cisjordanie
de MI. GIO. JERUSALEM
Les députés arabo-israéliens, hormis les deux représentants du mouvement islamique
(Liste arabe unique), ont voté contre le plan de retrait de Gaza. Une décision
qui, en apparence, est en contraste avec la requête, vieille de plusieurs années,
des forces politiques arabes d’évacuation des Territoires palestiniens occupés
par Israël en 1967. Nous en avons discuté avec le plus connu des parlementaires
arabo-israéliens, Azmi Bishara, leader du parti progressiste Tajammo-Balad qui
est aussi un des intellectuels de pointe de la minorité palestinienne en Israël.
La décision des députés arabes de voter contre le plan Sharon a généré de fortes polémiques. On vous a accusé de travailler contre les intérêts des Palestiniens...
C’est une accusation ridicule. Notre "non" va au contraire à la rencontre des Palestiniens qui vivent sous occupation en Cisjordanie et à Gaza. Nous avons attendu depuis de nombreuses années le début de l’évacuation des colonies juives et le retrait des Territoires occupés. Mais là, nous nous trouvons face à une tentative claire d’abuser non seulement les Palestiniens mais l’entière communauté internationale. Le plan Sharon prévoit en effet un renforcement des colonies en Cisjordanie et donc de l’occupation, suite au retrait d’un minuscule lambeau de terre.
Avez-vous aussi été convaincu par la récente interview dans laquelle Dov Weissglas, le conseiller de Sharon, a affirmé que le plan de retrait avait pour objectif de congeler la ’Road Map’ qui déplait à Israël ?
Sans aucun doute, mais nous avons surtout été convaincus par le discours lu par Sharon hier [lunedi 25,ndt] au Parlement. Le premier ministre a dit que son plan renforce Israël dans des territoires bien plus importants, en entendant la Cisjordanie, et il a évité de prendre en considération la sentence de condamnation par les juges de l’Aja (Cour Internationale de Justice) du "mur de séparation" à l’intérieur des Territoires palestiniens. La vérité, c’est que Sharon, quand il décrit son projet politique, n’a pas à cœur la sécurité des Israéliens. En réalité, en 1988 déjà, il théorisait la séparation unilatérale et la création d’aires autonomes dans les Territoires occupés pour empêcher la naissance d’un état palestinien souverain.
Comment expliquez-vous le feeling soudain entre les députés arabes islamistes et le premier ministre ?
Je pourrais affirmer que dans ces circonstances tous les opportunistes se dévoilent mais je veux m’abstenir d’un jugement aussi peu respectueux de la volonté des collègues de la Liste arabe unie. Je crois que les islamistes ont voulu saisir l’occasion pour démontrer leur modération et tendre une main à Sharon qui a utilisé durant les mois derniers une poigne de fer contre le mouvement islamique et ordonné l’arrestation de certains de ses dirigeants les plus importants. Si c’est leur objectif, il leur faudra alors bien vite enclencher la marche arrière.
Traduit de l’italien par Karl et Rosa - Bellaciao
http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/27-Ottobre-2004/art25.html