Accueil > Mon syndicaliste de père...

Je viens de retrouver ce post :
Il est signé Aniketos, en réaction aux saloperies postées suite à un article concernant la lutte des ouvriers de Toyota à Onnaing :
Ben voilà... il est minuit passé... et depuis ce matin j’ai lu des choses qui m’ont fait se dresser les poils sur les bras tant c’était égoïste, veule, ignare, individualiste, bas de plafond. Et j’en ai franchement ma claque d’avoir eu à lire ça et à défendre en pure perte des idées de solidarité, d’union, de résistance, d’abnégation.
Mon syndicaliste à moi, c’est mon père. Il l’est depuis son premier boulot en 46 et il l’est toujours à 87 ans passés (si, si, il y a des sections retraités dans tous les syndicats et des ancêtres pour les faire vivre).
Mon syndicaliste de père, il passait des floppées de soirées en réunions au lieu de se reposer en famille devant la télé.
Mon syndicaliste de père, il passait des week-ends à rédiger des
bulletins au lieu d’aller en montagne ou pique-niquer au bord d’un lac avec ses mômes.
Mon syndicaliste de père, il passait son temps à recevoir tous ceux qui venaient lui demander son aide, syndiqués ou pas, à toute heure. Ça sonnait à la porte pendant le repas ou tard le soir et il ouvrait toujours.
Mon syndicaliste de père, il faisait toujours grève même quand il n’était pas concerné par le motif. Et quand lui et ses copains gagnaient, personne ne venait les remercier. Pour être juste, quand ils perdaient non plus.
Mon syndicaliste de père, il comprenait qu’un type dont il avait sauvé les miches après qu’il soit venu le supplier de l’aider, fasse semblant de ne pas le reconnaître dans la rue, et il ne s’en formalisait pas.
Mon syndicaliste de père, il consacrait une partie de son salaire à son syndicat sans rechigner, avec bonheur.
Mon syndicaliste de père, il a encore fait ses 25 kms dans sa Twingo
pour ne pas rater la manif du 19 mars même s’il n’a pas pu aller jusqu’au bout parce qu’il n’a plus ses jambes de 20 ans.
Alors, très sérieusement, j’assomme de mon mépris le plus total les hordes de gnous qui sont venus cracher leur haine de bas-de-plafond sur des types qui se battent à leur place.
source Aniketos le 22/04/2009 à 01:13 >
– http://www.lepost.fr/article/2009/0...
Messages
1. Mon syndicaliste de père ..., 12 novembre 2010, 18:49
Envoyez à votre papa toute ma reconnaissance, celle de mes enfants !
Merci de ce message, ça fait du bien !
Que chacun en prenne de la graine !
Salutations
2. Mon syndicaliste de père ..., 12 novembre 2010, 19:02, par franck26
Je n’ai rien d’autres à ajouter, tellement tout est dit... un hommage à tous ceux qui offrent leur combat aux autres.J’ai vécu et je vis encore cela auprès de mon pater.
1. Mon syndicaliste de père ..., 12 novembre 2010, 19:37, par kichi
Ton papa s’est trompé toute sa vie...
2. Mon syndicaliste de père ..., 12 novembre 2010, 19:42, par celo
et toi jamais.....
3. Mon syndicaliste de père ..., 12 novembre 2010, 20:15, par lorenzo1895
Ton syndicaliste de Pére !!!
Beau message à tous les péres et enfants de syndicaliste !!!
Et OUI ils ont eu raisons et ont raison !!!
"Se rebeller est juste, désobéir est un devoir, agir est nécessaire !!!"
3. Mon syndicaliste de père..., 12 novembre 2010, 20:35
Ton père est sans doute quelqu’un de bien. Ce qu’il a fait était sans doute animé de très bonnes intentions.
Pour dépassionner le débat, imaginons qu’on parle de quelqu’un d’autre que ton père... ;)
Alors disons que pour moi, ce que tu décris c’est bien une des attitudes à proscrire et qui nous fait énormément de tort.
Personnellement, syndicaliste aussi, je ne me bats pas ni "à la place" ni "pour" des autres qui me crachent à la gueule, je ne sacrifie pas ceux que j’aime (enfants, chien,famille, amis... que sais je !) au syndicalisme, un mec que j’ai aidé et qui me méprise une fois ses miches sauvées, je lui mets une gauche, je suis POUR à 2000 % que ne profitent des avancées obtenues par les syndicats que celles et ceux qui au minimum cotisent au syndicat signataire, je n peux plus blairer les "travailleurs" qui pensent qu’on peut faire grève par procuration, et viennent te taper dans le dos en te disant "vas y hein on est avec toi" avant de rentrer dans la boîte pour aller BOSSER, tout ça, tout ce que tu décris, je ne peux PAS le supporter.
Prendre des risques, se bouger le cul (et le reste ;)) pour syndiquer et se battre, accepter un minimum de vicissitudes etc mille fois oui, le reste , de mon point de vue, c’est pas du syndicalisme, c’est du christianisme, du messianisme, c’est pas être syndicaliste, c’est être missionnaire, arrivé à un certain point.
Si on faisait correctement notre boulot on n’aurait pas besoin de se multiplier en 5 ou en 6 pour faire tout le boulot à faire, en sacrifiant, en effet, souvent, nos vies (sachant qu’une partie d’entre nous est bien contente aussi de le faire comme ça hein...) on aurait assez de militant-e-s formé-e-s pour se partager le boulot et ne pas avoir à en arriver là...
Bref, je ne partage pas ce que dépeint ce papier (même si je ne peux pas "cracher à la gueule" de camarades qui fonctionnent comme ça, mais moi ça me pose quand même de sacrées questions ce fonctionnement...)
La Louve
1. Mon syndicaliste de père..., 12 novembre 2010, 20:46, par Bourguignon
EXACT. Pas mieux.
2. Mon syndicaliste de père..., 12 novembre 2010, 21:42
Eh oui les temps changent, je ne peux plus supporter les gens qui se comportent avec les délégués, comme des clients, juste parce qu’ils te font comprendre qu ils on voté pour toi ...
Aujourd’hui être militant, ce n’est pas de se dire qu’il faut aller au charbon pour des salariés, qui changeront de trottoir, ou feront semblant de ne pas te reconnaitre, alors que t’auras fait le nécessaire pour les sortir de la mouise.
Les vies basculent pour pas grand chose... et parfois au gré d’une rencontre on peut rectifier le tir.
J’ai du mal avec ces personnes qui savent frapper à la porte du syndicat quand ça va mal, et qui te répondent que tu ne sers à rien quand tout va bien.
Alors oui, un moment tu ne rends pas service en faisant comprendre pourquoi, les salariés non syndiqués qui viennent te voir pour qu’un camarade leur monte un dossier aux prud’hommes, je leur dis avec les années que vous n’avez pas cotisées payez vous un avocat !
Je crois que l’on a pas mesuré à quel point c’est usant toute ces sollicitudes avec rien en retour, ah si une voix au prochaine élection... Il faut se battre contre les tauliers mais aussi contre les suceurs de roue, la solidarité a un prix et trop de Camarades ont été de leur poche. IL faut que ça cesse !
3. Mon syndicaliste de père, 12 novembre 2010, 22:07, par pilhaouer
Sur le même fil, Aniketos écrit plus loin ceci :
4. Mon syndicaliste de père..., 14 novembre 2010, 01:55, par mcoco
Hé bien moi aussi j’ai une histoire de père.
Mon père ? un ouvrier aux ordres disait toujours : « les syndicalistes, les communistes et le curés à la Garonne !!! »
Or peu de temps après avoir été embauche chez BNP avant que cela ne s’appelle BNPPARIBAS , j’ai eu comme beaucoup d’autres salariés des soucis avec mon salaire puis avec un cadre.
Comme je n’étais pas né avec l’estampille CGT , mais que j’avais dans un premier temps besoin de régler mes problèmes individuels, j’ai contacté le syndicat qui me semblait le plus proche de mon comportement honnête et- je suis donc entré en contact avec la CGT .
Ce n’est qu’à partir de ce moment là et après avoir observé leur façon d’agir que j’ai compris que collectivement on été plus forts.
Et pourtant je n’avais pas été nourri ni au biberon de la lutte des classes et encore moins à celui de la CGT.
L’un de mes problèmes a été réglé grâce aux compétences et à l’effet de masse de la CGT.
C’est aussi vrai qu’aujourd’hui les temps ont changé et que pour certains le militantisme syndical est devenu synonyme de « fonctionnaire » de syndicat, mais cette définition est plus particulièrement applicable dans les sommets.
D’ailleurs on dit bien et cela est valable partout : que la hiérarchie c’est comme les étagères, plus c’est haut moins ça sert !!!
J’ai donc adhéré à la CGT en 69.
Le problème qui m’avait fait entrer en relation avec cette organisation syndicale , était bien au départ un problème personnel oui individuel, comme vous voulez.
Ce n’est que la façon collective et à laquelle je devais participer pour le régler qui m’a fait comprendre qu’ensemble on été plus fort et surtout qu’on pouvait obtenir ou gagner, à condition d’être sur des positions justes (de classe) et d’être nombreux (la masse).
Par la suite j’ai décidé de m’investir avec les autres , mais pas que pour les autres, je voulais aussi être acteur et décideur de mon organisation, j’avais donc cessé d’être un simple figurant manifestant et payeur de cotisation.
Je sais on voudrait bien être d’avantage, mais encore faut il mériter la confiance !!!
Elu, ou mandaté je n’ai pas fait que défendre les autres , mais je leur ai plutôt appris à se défendre, à participer à la bonne marche du syndicat, je leur ai appris la lutte sans jamais la faire à leur place, et pourtant j’ai essayé de tenir mon rôle de militant de lutte de classe et de masse face à un patron du CAC 40 qui était un coupeur de tête doubler d’un financier puant le mépris pour les salariés.
La lutte ça vient de la faim, des trippes et d’un peu de bon sens, on nait avec et on ne la découvre qu’avec les embuches de la vie ; Dés que tout redevient normal voir « luxueux, » certains oublis et adoptent des formes plus réformistes qui ne guérirons jamais le mal que peut nous faire endurer le capital .Prendre un cachet d’aspirine pour un cancer au cerveau ne peut que soulager momentanément la douleur.
Ne jamais baisser la garde face un ennemi de classe aguerri, organisé et déterminé à tout pour conserver tout ce qu’il nous prend pour soigner son rang et sa puissance.
Savoir par expérience que les unités ou les combines de sommets ne sont pas souvent appréciées et décidées par la base.
Payer une cotisation oui en avoir la jouissance est très important pour avancer collectivement.
Apprendre pour comprendre, comprendre pour agir !!!
Ne pas toujours faire confiance aux chefs, qui nous démontrent tous les jours que les fréquentations des salons feutrés peuvent faire tourner les têtes et conduire à une activité de « fonctionnaire » du syndicat ou de général d’état major. Notre lutte se passe sans soldats , à part ceux que l’on envoie parfois en face, mais avec des militants et des salariés. Nos « chefs » devraient un peu plus souvent retourner dans la lutte en bas, ils devraient aussi être la représentativité des gens qui les ont élus.
Antoine GRAMSCI disait : Il faut avoir une parfaite conscience des ses limites si on veut les élargir ».
Commençons tous par cela et tout ira beaucoup mieux pour notre syndicalisme et au-delà.
Pour en revenir à mon père, puisque j’avais commencé ainsi , je trouve qu’aujourd’hui, je vis mieux en n’ayant pas appliqué ses directives .
La lutte reste avec l’amour que j’ai pour mes proches, le moteur de ma vie et celui de la classe ouvrière tant que les classes existeront et c’est le capital qui en est le responsable.
Ce sera un combat et il nous faut continuer le début !!!
A tchao et à la fin du mois pour continuer ce combat comme on l’aura décidé en bas et ensemble .
Mcoco