Accueil > Montée du yen : la ruée des petits épargnants vers le bureau de change
Montée du yen : la ruée des petits épargnants vers le bureau de change
Publie le jeudi 30 octobre 2008 par Open-Publishing1 commentaire
Montée du yen : la ruée des petits épargnants vers le bureau de change
TOKYO, 30 oct 2008
Aligné dans la queue d’un bureau de change de Tokyo, Nobuyuki Sasaki s’apprête à vendre des yens contre des euros. Comme des milliers de petits épargnants, il veut profiter de la hausse de la monnaie japonaise pour engranger un bénéfice plus tard.
Ce septuagénaire n’a rien à voir avec les investisseurs professionnels et autres spéculateurs dont les transferts massifs de devises ont récemment bouleversé le marché des changes, faisant grimper le yen de 10% face au dollar et de 30% vis-à-vis de l’euro.
Mais comme de nombreux Japonais moyens, il profite de l’aubaine pour investir ses petites économies dans des devises étrangères.
"Cela vaut mieux que d’acheter des actions ou déposer mon argent à la banque, où il serait utilisé pour acheter d’autres banques qui vont se casser la figure", assure M. Sasaki en serrant son portefeuille.
Certains établissements sont pris d’assaut par des clients qui, pressés d’acquérir des devises, apportent des liasses de yens dans des serviettes pleines à craquer.
Le chef d’un bureau de change explique voir 600 personnes défiler chaque jour ces derniers temps, trois fois plus qu’à l’accoutumée. Il a triplé ses réserves d’euros, dollars, livres sterling et autres devises pour répondre à la demande.
Un engouement qui s’explique aussi par la perte de confiance dans la Bourse —celle de Tokyo a perdu quasiment la moitié de sa valeur depuis le début 2008— et dans les banques, dont la crise financière a sapé la crédibilité.
"Je ne veux échanger que de l’argent liquide", explique Shinsaku Koyanagi, 33 ans, après avoir acheté pour 500.000 yens (4.300 euros) de dollars américains, dollars australiens et euros.
"Au lieu de posséder des biens immatériels, je préfère avoir quelque chose de visible, de tangible".
Pour éviter les pertes, il diversifie son panier de devises étrangères et revend dès que la tendance haussière ou baissière d’une monnaie se retourne.
Selon Ryohei Muramatsu, un expert en devises à la Commerzbank, ces petits investisseurs échangent des devises pour réaliser un bénéfice "facile et rapide", une opération plus simple à réaliser de la main à la main qu’en ouvrant un compte en banque.
Certains veulent aussi mettre un peu d’argent de côté pour un voyage dans le pays de la devise achetée, ajoute-t-il.
Nombre d’entre eux se sont précipités ces derniers jours en prévoyant un rapide coup d’arrêt à la montée du yen. Un sentiment renforcé par des rumeurs évoquant une intervention du gouvernement japonais sur le marché des changes et une réduction du taux directeur de la Banque du Japon, afin de faire baisser le cours de la monnaie nationale.
Après être monté jusqu’à moins de 115 yens pour un euro et environ 90 yens pour un dollar la semaine dernière, le yen est effectivement redescendu aux environs de 129 yens pour un euro et de 99 yens pour un dollar jeudi.
"Je crois que le yen a atteint son plafond", affirme Hajime Yonezawa, 31 ans, qui a manqué une journée de travail pour se rendre au bureau de change.
Il revendra ses dollars dès que le billet vert aura retrouvé son niveau de 120 yens, atteint à l’été 2007 avant la crise du "subprime", assure-t-il.
Mais une mauvaise surprise pourrait guetter ces petits investisseurs, prévient M. Muramatsu à la Commerzbank, estimant que le yen pourrait monter jusqu’aux environs de 80 yens pour un dollar.
"Ces investisseurs ordinaires croient faire des bénéfices facilement parce qu’ils ne ressentent pas encore les conséquences de la crise économique. Mais revenez dans trois mois, les choses pourraient changer", prédit-il.
Messages
1. Montée du yen : la ruée des petits épargnants vers le bureau de change, 30 octobre 2008, 09:15
Les devises
Publié par Paul Jorion
Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Le problème des devises en ce moment, c’est qu’elles s’effondrent dans un bel ensemble en raison de la récession mondiale qui les engouffre toutes. Les tensions entre elles sont simplement dues au fait que certaines chutent plus vite que d’autres. Chaque zone monétaire a ses propres problèmes liés aux économies qui utilisent ces devises, et qu’elle essaie de régler avec le vieux tromblon de la manipulation des taux à court terme par sa banque centrale. Arme qu’il faudrait d’ailleurs reléguer là où elle a sa place : au musée des antiquités.
Les économies doivent être protégées, à l’échelle de la planète et en étant sûr d’intégrer la planète elle-même à l’équation. Et ceci ne pourra se faire sans une nouvelle donne dans la redistribution du surplus : qui rétablit les salaires comme leur foyer central puisque c’est le travail humain qui jusqu’à nouvel ordre crée la richesses à partir de ressources dont la propriété résulte uniquement d’anciens coups de force.
Certains proposent de permettre aux zones monétaires de contrôler la circulation des capitaux entre elles, ce problème n’est plus d’une actualité brûlante puisque le crise l’a d’une certaine manière réglé, le patient étant mort d’indigestion.
Contrôler la circulation des capitaux ne va pas non plus dans la direction d’une solution à long terme : il faut au contraire aller vers un ordre monétaire mondial fondé sur une monnaie unique.
Pour que celle-ci puisse posséder une assise solide, il faudra d’abord que le phénomène monétaire soit réellement compris et, comme il est devenu parfaitement clair maintenant, la théorie « monétariste » n’est à ce point de vue d’aucun secours. Il y a donc du pain sur la planche.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
http://www.pauljorion.com/blog/?p=896#comments