Montreuil : le lycéen blessé par la police opéré ce vendredi

"On ne sait toujours pas s’il va pouvoir conserver son œil", indique-t-on du côté du lycée. La police des polices examinera dans quelles conditions a eu lieu le tir de flash-ball.

Le lycéen blessé à l’oeil, jeudi matin à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, devait être opéré ce vendredi 15 octobre à l’hôpital Lariboisière, à Paris. Il a été blessé par un tir de flash-ball lors d’une manifestation contre la réforme des retraites. "Il devrait être opéré dans la journée, certainement dans la matinée", a indiqué Catherine Reby, représentante de la FCPE.

L’adolescent souffre d’un décollement de la rétine et de multiples fractures à la pommette, ont indiqué des sources proches du lycée Condorcet de Montreuil, où il est scolarisé. "On ne sait toujours pas s’il va pouvoir conserver son œil", a précisé une de ces sources, qui confirme les propos de la maire de Montreuil, Dominique Voynet (Verts).

Nouvelle manifestation à Montreuil

Plusieurs centaines d’élèves du lycée Jean-Jaurès, rejoints par plusieurs lycéens de l’établissement voisin Condorcet, se sont rassemblés tôt vendredi matin sur le lieu où le lycéen a été blessé jeudi. Ils se sont rendus au lycée Eugène Cotton, troisième lycée de Montreuil, puis devant la mairie.

"Manifestement il y a eu un dérapage policier hier, les élèves étaient très choqués", a ajouté Catherine Reby, venue pour "encadrer" les jeunes et "éviter des débordements" comme la FCPE avait appelé les parents à le faire. "Tout ce que nous voulons c’est que les jeunes puissent exercer leur devoir de citoyen", a-t-elle dit.

Des affrontements opposant des jeunes et des policiers se sont produits jeudi devant le lycée Jean-Jaurès, alors que des milliers de lycéens manifestaient en France contre la réforme des retraites.

L’Inspection générale des Services, la police des polices, a été saisie à la demande du préfet de Seine-Saint-Denis, Christian Lambert, et par le parquet.

"L’intervention des CRS a dérapé"

"Il y a une tradition de mobilisation dans le lycée", a expliqué Boris Hug, professeur de science économique et sociale à Jean Jaurès, qui qualifie les élèves de cet établissement de "calmes habituellement". "Ca me parait bien normal qu’ils soient mobilisés après ce qui s’est passé hier. Ca frémissait et ça s’est réveillé", relève-t-il.

Abigaëlle, lycéenne à Jean Jaurès, a relaté les incidents de jeudi : "des élèves de Condorcet sont venus bloquer notre établissement. Ils se sont introduits dans notre lycée. Des CRS sont arrivés, ils nous ont encerclés et ils ont tiré sur la foule" au flashball. "L’intervention des CRS a dérapé", assure la jeune fille, affirmant que les lycéens se mobilisent contre la réforme des retraites "pas parce que des syndicats ou des partis nous l’ont demandé. On n’est pas des pantins".

Interrogé vendredi sur France Inter, le président de l’Union nationale lycéenne (UNL), Victor Colombani (16 ans), a jugé vendredi "complètement irresponsable et immature de la part du gouvernement" d’envoyer des forces de l’ordre contre les lycéens. "On n’est pas des moutons, on n’a pas besoin des adultes, des organisations adultes pour se mobiliser, on n’a pas besoin des annonces de Ségolène Royal", a t-il dit. Par ailleurs, la FIDL appelait à manifester ce vendredi à 11h, devant Matignon.

Du côté du Parti socialiste, le numéro 2 du parti, Harlem Désir, a estimé vendredi qu’"on ne répond pas aux jeunes à coups de flashball dans l’oeil". "Ce gouvernement, qui avait déjà montré qu’il méprisait les Français, a une attitude insultante à l’égard de la jeunesse", a-t-il ajouté.

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/social/20101015.OBS1325/montreuil-le-lyceen-blesse-par-la-police-opere-ce-vendredi.html