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Mouvement des cheminots : la guerre de l’information a bien eu lieu
Publie le dimanche 25 novembre 2007 par Open-Publishing9 commentaires
de Ari
Le mouvement des cheminots s’est éteint aujourd’hui. Plusieurs raisons certainement à cela : les obscures stratégies des directions syndicales, l’envie d’en découdre du gouvernement, mais surtout et avant tout, la haine du mouvement cheminot par des médias aux ordres.
Que ceux-ci soient aux ordres du gouvernement (radios et télés d’état) ou aux mains d’industriels, l’information sur ce mouvement social ne l’a été que sous l’angle des usagers ou d’une grève illégitime…
De nombreuses analyses circulent depuis un moment sur ce phénomène, qui, s’il a été particulièrement évident pendant ces dix derniers jours, n’est pas non plus complètement nouveau. Le site Acrimed notamment, depuis de nombreuses années, dénonce le phénomène de collusion entre journalistes, gouvernants et classes aisées, au détriment de l’information sur les problèmes sociaux et les luttes sociales. Un petit livre a même été publié sur le sujet cette année : Médias et mobilisations sociales.
Les critiques des médias, excellents vigiles de l’information qui peut être (ou ne pas être) donnée dans les médias "de masse" avertissent un nombre croissant de personnes et font pression à leur manière sur le journalisme de révérence.
Dans d’autres occasions, les médias peuvent être refusés (pendant les AG du CPE par exemple), ou sévèrement encadrés (pendant le G8 à Annemasse). CertainEs, comme le journal Le Plan B, recommandent aux militants des mouvements sociaux de ne pas répondre du tout aux médias qui les solliciteraient, de les boycotter.
Et tout le monde se plaint, en permanence, de la télé Bouygues, de France Intox, etc.
Mais, et le mouvement des cheminots vient de nous le démontrer, rien ne se passe, et les médias sont devenus beaucoup plus efficaces que des hordes de CRS sur les piquets de grève ou dans nos AG.
Pendant 10 jours, ils ont prétendu, en boucle, sur toutes les chaînes et toutes les fréquences, que le mouvement cheminot s’essoufflait (et il en faut du souffle pour s’essouffler aussi longtemps). Pendant 10 jours, ils ont donné en priorité la parole à des usagers "pris en otage". Pendant 10 jours, la principale information sur ce mouvement était seulement l’importance de la "gêne occasionnée par la grève", avec des mensonges éhontés sur l’état du trafic (quel bonheur que d’entendre les statistiques des TER sur Lyon, quand on sait que pas un seul train ne circulait, qu’il n’y avait que des cars…). Ne parlons pas du flou des chiffres de grévistes, mêlant allégrement les pourcentages des cadres ou de la maîtrise très faiblement mobilisés à ceux des petites mains en grève jusqu’à 95 % sur Lyon, Marseille et ailleurs.
Aujourd’hui, ce qui est étonnant, ce n’est pas que les cheminots aient perdu. Ce qui est étonnant, c’est qu’avec ce matraquage permanent, ils et elles aient tenu si longtemps. Qu’illes aient eu la rage de continuer, uniquement grâce à la conscience de l’injustice qui leur était faite. On peut leur tirer notre chapeau aux cheminots…
Mais maintenant on fait quoi ?
À quoi cela sert-il de construire des mobilisations, d’organiser des manifestations, d’essayer de résister à cet ordre qu’on nous impose dans tous les domaines de la société ? Combien de temps faudra-t-il attendre pour que les journalistes se révoltent ? Combien de temps pour une loi sur la concentration dans les médias ? Combien de temps pour espérer pouvoir dialoguer avec celles et ceux qu’on ne croise pas dans nos luttes, dans la rue, sur les piquets, autrement qu’à travers ce prisme déformant et hostile ? Comment résiste-t-on à un tel rouleau compresseur ?
Le slogan d’Indymedia, une plateforme internationale de sites d’information alternative, c’est "Ne haïssez pas les médias, devenez un média". Pourtant, il nous faut bien nous décider à les haïr ces médias en lesquels on ne peut avoir aucune confiance, qui ne sont définitivement pas du côté de celles et ceux qui luttent… Il nous faut bien nous décider à les haïr, pour qu’enfin une dynamique de construction d’autre chose se mette en place, pour qu’enfin nous nous donnions les moyens de ne plus dépendre vainement de porte-paroles définitivement hostiles, qui décident quand un mouvement peut commencer ou doit finir (surtout finir), qui jugent des revendications valables ou pas…
Mais pour l’instant, on ne se donne pas les moyens. On reste aveuglé par tant d’hostilité, on éprouve un peu de sympathie pour les potes qui se décarcassent pour diffuser un autre son de cloche sur leurs petits médias amateurs, et puis c’est tout… On est content de l’existence de quelques médias un peu critiques, on tape sur l’épaule des copains journalistes qui essaient de sortir un papier pas trop dégueu dans leur canard. Mais au final pas grand chose : aucune radio nationale, aucune télévision, aucun quotidien pour offrir un espace d’expression à celles et ceux qui résistent. Un tout petit soutien aux radios locales associatives. Des mensuels et hebdomadaires d’organisation qui déversent régulièrement leurs torrents d’analyse. Mais l’information au quotidien, celle qui est particulièrement nécessaire en temps de lutte, est la grande absente.
Il faut dire que du côté des médias alternatifs, la réflexion est également faiblarde.
Les indymedias français sont coincés dans une réflexion sur la spontanéité et la subjectivité de l’information qui ôte en général toute envie de les lire aux personnes non-averties, faisant en effet l’économie d’une information lisible et accessible par le plus grand nombre.
De l’autre côté, les militants d’une information critique (autour d’Acrimed, des rencontres pour des médias alternatifs…) sont engoncés d’une part dans un objectif de professionnalisation et d’obtention d’éventuelles subventions, et d’autre part dans une définition de l’"alternatif" cantonné à la seule indépendance capitalistique.
Sans parler du parisianisme mondain de la belle parole ou de la belle chronique, au détriment de la petite information autonome et indépendante sur un site comme Rezo.net
Il va bien falloir pourtant, pour faire face, mettre en place des médias d’information de masse au service de celles et ceux qui osent encore lutter.
Pour que vivent toutes les futures luttes de cheminots, et toutes les autres.
Messages
1. Mouvement des cheminots : la guerre de l’information a bien eu lieu, 25 novembre 2007, 11:56
vraiment daccord sur le fait que si l’on veut construire des mouvements sociaux qui se dévolppent et qui gagnent , nous n’avons plus seulement comme adversaires , le pouvoir, avec ses moyens de repressions , les syndicats collabos qui pendant que les cheminots se battaient eux ne pensaient qu’au futures négociations sur la représentativité , et les moyens qui vont avec,
et pour le syndicat majoritaire chez les cheminots sa place dans le privé.
Maintenant il faut ajouter les sabotages executés par les barbouzes à la solde de Sarko, la aussi les médias accusent tout de suite les grèvistes.
Et donc les médias qui ont fait un travail de démolition comme jamais ,il faut vraiment aider les journalistes qui se battent , et marginaliser les médias qui mentent systématiquement .
Pendant la grève nous avons virés plusieurs fois TF1 de nos AG ou FR3 qui voulaient des interwiews , etc .Il faut vraiment s’attaquer à Pernod le montrer du doigt , Pujadas ,et toute la clique , les journalistes qui travaillent pour ces médias doivent comprendre que leur travail n’est pas anodin .
Les militants les syndicats doivent vraiment s’organiser , pourquoi pas ne pas organiser des manifs , on verra quels médias viendront les couvrir , on pourra faire un recensement de ce qui collaborent.
de cheminot plus en grève mais pas battu ,ni abattu.
1. Mouvement des cheminots : la guerre de l’information a bien eu lieu, 25 novembre 2007, 13:01
"Le mouvement des cheminots s’est éteint aujourd’hui"
Rien qu’avec cette prhase tu te fait toi même le complice de ces médias que tu prétends détester !
Qu’est-ce que tu sait de l’état d’esprit des cheminots ?apparement rien !
Et c’est la que l’on va pouvoir mesurer si le mouvement est costaud.
Au fait,il sont ou ceux qui parlaient de "convergences des luttes" ?pas devant les boites privées je les vois pas.Pourtant avec ce qui se prépare devraient être à la pointe de l’info !
Ouais mais diffuser des tracts et discuter avec les salariés c’est moins important que de faire "le beau" et le "révolutionnaire"pendant les luttes qu’ont préparé ceux...qui ont diffusés des tracts et discutés.
Jean Claude Goujat
PCF Landes
2. Mouvement des cheminots : la guerre de l’information a bien eu lieu, 25 novembre 2007, 13:09
Et c’est reparti : vous allez vous tirer dans les pattes encore longtemps comme ça ?
G.B.
2. Mouvement des cheminots : la guerre de l’information a bien eu lieu, 25 novembre 2007, 14:11
il y a une différence entre une grève terminée et une grève suspendue !!!!
j’espère que ça va bouger fort pour cette fameuse convergence et repartir vers un mouvement fort (salariés, retraités, chomeurs, précaires, étudiants) !
un mouvement digne des attaques portées contre les français !!!
une retraitée
1. Mouvement des cheminots : la guerre de l’information a bien eu lieu, 25 novembre 2007, 18:42
La guerre idéologique est toujours très simple :
– un syndicat qui négocie sur la base du rapport des forces, logique et normal, il est là pour ça !
– des capitalistes et leur valet qui disent qu’ils ont gagné alors qu’ils négocient en recul...
– des gauchistes qui disent que la révolution est à portée de main, ce soir ou demain, il SUFFIT que la CGT (et singulièrement son secrétaire général) dise : grève totale, reconductible partout, pour que nous soyons en pleine révolution...
– une grève suspendue, dont on dit qu’elle est perdue ou arrêtée (au choix) pour aider les patrons à faire les beaux et à tenter de regagner un peu de terrain.
Chacun se reconnaîtra, mais que chacun assume sa place dans la lutte.
La CGT a pris une position qui n’est ni celle de la CFDT, ni celle de FO, ni celle de SUD : elle a décidé de laisser les syndicats à la base, et les AG, décider de l’entrée et de la sortie de grève. Les directions assument leur mandat en négociant au mieux sur le rapport des forces actuel.
Nous verrons bien l’appréciation que porteront les AG sur les résultats de la négociation. Ce n’est pas la peine de se pénaliser pendant des semaines dans une grève qui retournerait la population contre les grévistes : si le compte n’y est pas, un nouveau coup de semonce puissant, unitaire et majoritaire sera très efficace pour manifester la réponse. Et le négociation se fera alors sur le nouveau rapport des forces : à l’avantage des salariés. Voilà comment on peut contraindre ce président antipopulaire à lâcher sur le fond ses réformes au profit des priviligiés, les vrais !
Retraité CGT
2. Mouvement des cheminots : la guerre de l’information a bien eu lieu, 25 novembre 2007, 19:05
Tuto bene, on vole de victoires en victoires....
Cop.
3. Mouvement des cheminots : la guerre de l’information a bien eu lieu, 25 novembre 2007, 19:30
Merci pour la lecture et surtout pour l’argumentation !
C’est bien ce que j’écrivais : vous appartenez au camp de ceux qui pensent que parce qu’ils n’ont pas tout gagné tout de suite, tout est perdu !
Heureusement que nos parents résistants n’ont pas eu ce genre de conception en 1942 ou 43.
Retraité CGT
4. Mouvement des cheminots : la guerre de l’information a bien eu lieu, 25 novembre 2007, 22:53
Bien d’accord avec vous, c’est pas parce qu’il y a suspension du mouvement, que tout est perdu. Nous attendons la fin des négociations pour répliquer de façon cinglante, avec un mouvement encore plus large, avec l’entrée du privé dans l’action et aussi pour augmenter les chances de se faire entendre, l’utilisation généralisée du boycott de certaines entreprises et de certains produits.
Autre chose, quand les avancées sociales (sécu, retraites, etc...) ont été mises en place à la fin de la guerre, la France était dans une situation financière autrement plus catastrophique qu’aujourd’hui. Alors, pourquoi Fillon s’entête-t-il à vouloir réduire notre fonction publique ? C’est là que je ne suis plus !!!
5. Mouvement des cheminots : la guerre de l’information a bien eu lieu, 26 novembre 2007, 10:13
Ce n’est pas parceque le mouvement a été suspendu sur finasserie de Thibault que tout est perdu.
En effet:les 37,5 ans ,la décote etc..seront bien appliqué.
Sur l’applicarion du calendrier ça va discuter de cacaiuétes !
tout n’est donc pas perdu,et comme le dit la cgt depuis 2003 la question des retraites n’est pas terminée...
En attendant on fera 40 ans ,puis 41 puis 43 mais attention hein la cgt affirme que rien n’est terminé !!!
ça change tout...
De recul en recul ,de défaite en défaite on va effectivement voir que rien n’est términé...
Sauf les permanents à vie ...ça c’est durable !!!!
Damien