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Mulhouse : « Chirac au zoo » et deux jeunes dans le box

Publie le lundi 9 octobre 2006 par Open-Publishing
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A Mulhouse, « Chirac au zoo » et deux jeunes dans le box

Loïc et Christelle se retrouvent en correctionnelle pour « outrage » après avoir fabriqué une banderole hostile au chef de l’Etat.

Par Thomas CALINON
Lundi 9 octobre 2006

La victime s’appelle « Chirac Jacques, président de la République ». Il n’y a ni butin, ni dégâts, ni préjudice corporel. Des insultes manuscrites seulement, que « Chirac Jacques, président de la République », n’a même pas vues. D’ordinaire, ce type d’affaires n’atterrit pas devant un tribunal. Cette fois, si. Les deux auteurs sont convoqués ce matin en correctionnelle, à Mulhouse (Haut-Rhin). Ils doivent y répondre de l’infraction d’ « outrage à magistrat », en l’occurrence le premier d’entre eux, « Chirac Jacques... ».

Camionnette. Les faits remontent au 20 mai dernier. Le Président est en visite à Mulhouse, pour l’inauguration du tramway de la ville. A la mi-journée, il s’exprime dans un square du centre ville. Quelques rues plus loin, Loïc et Christelle s’affairent. Ils ont 26 et 32 ans, sont venus pour la journée de Belfort, avec la camionnette qui sert de logement à la jeune femme sans emploi. Loïc, lui, est « cirquacien », artiste de cirque. La crise du Contrat première embauche (CPE) vient de se terminer et il souhaite profiter de l’occasion pour faire part au Président d’une « petite méditation personnelle, sans pour autant le clamer à haute voix ».

Un drap est tendu sur le dos de Christelle et Loïc écrit, à la bombe et au feutre : « Dominique nique nique, tu connais la chanson », « Fuck le CPE ». Et puis aussi : « Chirac nique ta face » (ou « race », les versions divergent) et « Chirac au zoo, libérez les animaux ». Les deux jeunes ont l’intention de porter cette banderole sur leur dos, comme une cape, « sans la mettre forcément sous le nez » du chef de l’Etat.

Patrouille. Mais voilà qu’un honnête citoyen constate l’outrage et s’empresse de le dénoncer à trois policiers en patrouille. Loïc et Christelle sont interpellés et placés en garde à vue. Ils reconnaissent les faits. Averti, le parquet ordonne de les traduire devant le tribunal correctionnel. Leur avocat, Me Alain Dreyfus-Schmidt, se dit « effaré » : « C’est pas les Brigades rouges, ni Al-Qaeda, un rappel à la loi aurait suffi ! Il y a quelques années en arrière, on gueulait "CRS-SS". On n’aurait pas compris d’être embarqué pour outrage à agent... »
Les temps ont changé. Théoriquement, ses clients risquent un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende. Mais en cas de condamnation, une demande de grâce présidentielle est envisagée. Adressée à « Chirac, Jacques », donc.

http://www.liberation.fr/actualite/societe/209340.FR.php

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