Accueil > N’attendons ni 2012 ni les juges… pour mettre sous tutelle les patrons (…)

N’attendons ni 2012 ni les juges… pour mettre sous tutelle les patrons voyous et licencieurs !

Publie le mardi 1er septembre 2009 par Open-Publishing
1 commentaire

Fraction L’étincelle de Lutte Ouvrière (tendance du NPA)

Edito des bulletins d’entreprise du 31 Août 2009

Ce que les journaux et les télés nous présentent comme la nouveauté du jour, c’est un prétendu « tournant à gauche » du Parti socialiste. « A gauche toutes ! », titre même Le Figaro . Tout ça parce qu’à La Rochelle, Martine Aubry la secrétaire générale du parti a promis quelques menues ristournes fiscales pour les familles non imposables et surtout parce qu’elle a annoncé une « mise sous tutelle » d’entreprises qui licencient. Un mot qui donnerait le frisson ! Mais pourtant, pour les travailleurs, pas de quoi rêver être protégés de sitôt du licenciement.

D’abord, il n’est pas question d’une « mise sous tutelle » d’entreprises par les travailleurs eux-mêmes, mais, tout doux, d’une simple procédure juridique. Des salariés, probablement des directions syndicales ou comités d’entreprises, pourraient saisir un tribunal de grande instance, c’est-à-dire des juges précisément payés pour défendre la propriété privée qui est le socle de la « liberté d’entreprendre » – c’est-à-dire d’embaucher et de licencier. C’est ce tribunal et lui seul qui « mettrait sous tutelle ». A certaines conditions qui plus est. Si l’entreprise prétend faire des bénéfices, comptes savamment truqués à l’appui, ou si elle délocalise au nom « d’une réorganisation de la production », elle y échappera. Et la mesure viserait surtout les trusts étrangers, paix aux patrons français !

Une vraie rigolade donc, de penser que Continental, Freescale, NewFabris, Molex, toutes ces entreprises qui appartiennent à des trusts internationaux et licencient ou ferment boutique ici, pourraient être inquiétées par les décisions de petits juges français ! Pas davantage que l’Etat ou les petits juges de Belgique n’ont à l’époque impressionné Renault qui a fermé son usine belge de Vilvoorde et licencié près de 3000 travailleurs.

La trouvaille de Martine Aubry n’est pas destinée à endiguer le flot des licenciements, fermetures d’entreprise et suppressions d’emplois qui pèsent durement sur les travailleurs du privé comme du public. C’est surtout une combine pour convaincre l’électorat populaire qu’il faudrait voter pour les socialistes aux prochaines élections, régionales bien sûr mais surtout présidentielles de 2012. Le Parti communiste avance aussi l’idée d’une loi qui tempérerait les licenciements dits « boursiers ». Mais toujours pour un avenir suspendu à la victoire électorale hypothétique de cette « gauche » qui a déjà montré qu’elle menait une politique pas fondamentalement différente de celle de Sarkozy. Mais que faire tout de suite ? Maintenant ? Contre la baisse du niveau de vie, la précarité, accentuées précisément par cette hémorragie d’emplois, dans le privé comme dans le public ? Contre la perte de près de 1000 postes par jour, tandis que les grands trusts, leurs actionnaires, leurs hiérarchies et leurs traders, amis-amis avec Sarkozy, se font toujours des culs cousus d’or ? Car la crise a bon dos.

Ceux qui ont commencé à donner une réponse à la question, ce sont les travailleurs d’un grand nombre d’entreprises menacées de licenciements et de fermetures et qui sont passés à l’action, depuis quelques mois, et sans trêve estivale. Ils ont fait comme ils ont pu, pour faire cracher le maximum d’argent à leur patron et assurer ainsi quelques arrières, à défaut tout seuls, isolés dans leur coin, de pouvoir interdire les licenciements.

Des réactions vives ont eu lieu, d’abord les unes après les autres, séparées les unes des autres. Puis quelques-unes en lien avec d’autres. Des travailleurs de Continental, de NewFabris, de Ford à Bordeaux ont fait parler d’eux, par des efforts de jonction et de regroupement en « collectif contre les patrons voyous et licencieurs » . Ils ont manifesté ensemble et en ont appelé explicitement à d’autres – militants syndicaux et travailleurs du rang.

C’est l’urgence et la tâche dans les semaines qui viennent, de poursuivre dans cette voie, pour que les dizaines et centaines de milliers de travailleurs licenciés ou en passe de l’être, exercent leur force collective et effectivement mettent sous leur propre tutelle, vigoureuse et directe, les patrons voyous et licencieurs.

Messages