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Naceira, Evelyne, Moishe, Djamila, Vincent ... et tous les autres

Publie le lundi 8 novembre 2004 par Open-Publishing

Les portraits de Yasser Arafat soigneusement fixés sur des panneaux de carton et déposés à même le trottoir devant un large drapeau palestinien. Une kyrielle de petites bougies disposées en triangle, des cierges bleus, d’autres blancs et quelques bouquets de fleurs. Devant un autel de fortune, Naciera se lamente : « Il restera dans mon coeur. » Epuisée par des heures d’attente devant l’hôpital militaire Percy, à Clamart, cette Algérienne de 47 ans se refuse à laisser tomber celui qu’elle appelle avec déférence « Monsieur Arafat ».

Comme tous les jours depuis l’hospitalisation du raïs, il y a juste une semaine, Naciera « veille ». « Chacun sa passion. Certains adorent les chanteurs, moi j’aime Yasser Arafat. Je suis prête à mourir pour lui », affirme avec défiance cette femme maigre, emmitouflée dans sa doudoune, les cheveux dissimulés sous un keffieh. Depuis l’aube, les sympathisants de la cause palestinienne arrivent au compte-gouttes. Ils se recueillent, pleurent parfois et répondent aux journalistes venus du monde entier. Evelyne et Djamila ne se connaissaient pas il y a encore quelques jours. Mais réunies « pour la même cause », elles sont devenues proches. « Depuis ce matin, c’est moi, la musulmane, qui console Evelyne, la chrétienne », précise Djamila, une quadra parisienne. « Peu importe la religion, on est venu soutenir ce grand homme qui a oeuvré pour la libération de son peuple », lancent-elles.

« Solidarité et sympathie » Mallette à la main et l’air un peu perdu, un homme interroge : « Vous êtes là pour Yasser Arafat ? » Professeur de physique à l’université, Vincent, 48 ans, est ému. Entre un cours à Paris et un autre à la fac d’Orsay (Essonne), « ni Palestinien ni Israélien », il tient à exprimer sa solidarité.

Brutalement submergé par l’émotion, le prof de physique craque et se met à sangloter. « C’est ridicule », lâche-t-il. Engagé dans un partenariat avec des enseignants en Palestine, Vincent sait « combien le peuple palestinien souffre ». Un rabbin venu de Vienne (Autriche), Moishe Arye Friedman, rejoint les sympathisants d’Arafat pour exprimer « sa solidarité et sa sympathie envers tous nos frères palestiniens, avec qui nous avons vécu en paix pendant des siècles ».

Toute la journée, le noyau de fidèles patiente, attendant un hypothétique départ du raïs. En vain. Vers 18 heures, le médecin général Christian Estripeau, porte-parole du service des armées, livre un communiqué laconique : l’état de santé du président « ne s’est pas aggravé ».

...

L’attente reprend.

Hôpital militaire Percy de Clamart, 5 Novembre 2004

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