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Négociations en panne à Nadjaf, les combats se poursuivent

Publie le lundi 23 août 2004 par Open-Publishing

par Michael Georgy

NADJAF, Irak - De violents combats ont éclaté lundi à Nadjaf, dans le centre de l’Irak, où se font face depuis trois semaines les forces américano-irakiennes et les miliciens de l’Armée du Mehdi de l’imam chiite radical Moktada Sadr.

Une quinzaine de fortes explosions et des tirs d’armes automatiques ont retenti dans la zone de la mosquée de l’imam Ali, où sont retranchés les combattants chiites, tandis que les blindés américains encerclaient la vieille ville.

Des éclats d’obus ont atterri dans la cour intérieure du mausolée, un des plus importants lieux du chiisme irakien, dont les murs ont déjà été légèrement endommagés par les affrontements dans la ville, qui ont fait des centaines de morts.

Ces combats interviennent après l’échec vraisemblable des diverses négociations pour obtenir des miliciens qu’ils rendent le contrôle des lieux saints.

Lundi, cheikh Ahmed Cheïbani, la principale voix de l’Armée du Mehdi dans les négociations, a semblé modérer les exigences des miliciens lorsqu’il a dit que les autorités religieuses de Nadjaf seraient responsables de la sécurité dans le mausolée de l’imam Ali.

Les hommes de Sadr affirmaient jusque-là qu’ils continueraient d’assurer la protection de la mosquée d’Ali, même après en avoir rendu les clés aux autorités religieuses.

SADR A SOULEIMANIAH ?

"Le clergé sera chargé de la sécurité, et il devra disposer de sa propre force de sécurité", a dit Cheïbani.

Durant le week-end, les négociateurs ne sont pas parvenus à s’entendre sur les conditions d’une restitution de la mosquée par les forces de Sadr au grand ayatollah modéré Ali Sistani, la plus haute personnalité de cette branche de l’islam en Irak.

Selon Cheïbani, ce sont les représentants de Sistani qui ont suspendu les pourparlers. Sistani, lui, se trouve à Londres, en convalescence après une opération du coeur.

Le sort du jeune imam était lui-même incertain lundi. La police de Nadjaf a dit avoir reçu des informations selon lesquelles il aurait fui vers Souleïmaniah, dans le nord du pays. Mais les proches de Sadr et les responsables de cette ville à majorité kurde ont démenti ces informations.

Quelques heures avant les combats, un avion américain AC-130 avait pilonné les positions des insurgés près de la mosquée et les chars avaient resserré leur étau autour du complexe.

Selon Cheïbani, le mur de la mosquée a été atteint dimanche soir par des tirs américains, ce qui n’a pu être confirmé de source indépendante.

De sérieux dégâts à l’enceinte de la mosquée risqueraient de provoquer l’indignation de millions de chiites, compte tenu de l’importance du sanctuaire.

C’est cette même valeur symbolique qui rend la crise de Nadjaf particulièrement délicate à gérer pour le très jeune gouvernement d’Iyad Allaoui, qui a déjà menacé de déloger par la force les miliciens. Mais une telle offensive risquerait de provoquer l’indignation de l’importante communauté chiite du pays.

Si Nadjaf est le coeur de la rébellion chiite, celle-ci touche plusieurs autres villes du pays, dont Bagdad.

Des responsables hospitaliers ont annoncé que quatre personnes avaient trouvé la mort lundi dans des combats dans le quartier chiite de Sadr City. (Reuters)

http://www.reuters.fr/locales/c_newsArticle.jsp;jsessionid=192%3A412a39e0%3Ac5d89c96234dea43?type=topNews&localeKey=fr_FR&storyID=6047260