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Neuf anciens prisonniers en grève de la faim devant le CCDH
Publie le vendredi 22 mai 2009 par Open-Publishing
Depuis plus de deux semaines, neuf anciens prisonniers observent un sit-in permanent devant le siège du Conseil Consultatif des Droits de l’Homme à Rabat. Cette manifestation est la énième initiative pour tenter d’obtenir de ce Conseil la mise en oeuvre des recommandations de l’Instance Equité et Réconciliation concernant la régularisation de leur situation administrative et leur intégration sociale. Devant la fin de non-recevoir qui leur a été adressée par le Président du CCDH -Ahmed Herzenni, ancien prisonnier comme eux- ils ont décidé de durcir leur mouvement et d’observer une grève de la faim illimitée à compter du mercredi 13 mai, en plein air, dans le petit square qui jouxte le CCDH en face de la Mosquée des Martyrs. Ils ont reçu la visite ce 15 mai d’une délégation médicale déléguée par la Ligue marocaine des Droits de l’Homme. Ces médecins ont demandé qu’une salle du CCDH leur soit ouverte pour qu’ils puissent examiner les grévistes à l’abri des regards. La demande a été rejetée.
Ils ont été rejoints pour ce sit-in illimité par Abdelkébir Bahi, étudiant à Marrakech paralysé depuis que les forces de l’ordre, le 14 mai 2008, l’ont précipité du haut d’une fenêtre du 4è étage de la cité universitaire et qui réclame une prise en charge des soins médicaux qu’il nécessite et une indemnisation.
Communiqué des grévistes
Nous soussignés, victimes de la répression politique et des années de plomb au Maroc, deux années après réception des décisions de l’Instance pour l’Equité et la Réconciliation ordonnant la régularisation de nos situations administratives et notre intégration sociale, et après les correspondances adressées à ce sujet à toutes les instances responsables de l’exécution des dites décisions, à commencer par le Conseil consultatif des Droits de l’Homme en passant par les voies gouvernementales concernées et le rappel à tous les Responsables de l’Etat de l’objet du discours royal du 6 janvier 2006 appelant à l’application immédiate des recommandations formulées, nous déclarons :
– notre désespérance suite à cette politique de mystification et d’atermoiements
– l’épuisement de toutes nos formes de protestation, de sit-in et de manifestations pacifiques
Nous déclarons à l’opinion publique et internationale notre entrée contraint dans une grève de la faim ouverte à partir du 13/05/2009.
En cette occasion, nous prions toutes les forces vives démocratiques de nous apporter leur soutien aux fins d’arracher nos droits légitimes à la régularisation administrative et sociale de notre situation telle que stipulée dans les décisions de l’Instance pour l’Equité et la Réconciliation.
En outre, nous tenons et tiendrons pour responsables les centres de décision et acteurs gouvernementaux agissant dans le but de perturber l’exécution de la Décision Royale recommandant l’exécution sans atermoiements des décisions concernant notre situation.
De même, nous responsabilisons ces instances perturbatrices de toutes les conséquences sanitaires et humaines qui résulteront de notre grève.
Bouzari Mustapha, Lamrikhi Hafid, Chmal Samir, El Majdoubi Rachid, Ouaziz Mustapha, Sedki Rafik, Benada Azouz, Bodor Abdelhak, Ouezzani Driss
D’autre part, Amnesty International est d’autant plus préoccupée que, selon certaines informations émanant d’autres détenus, Yahya Mohamed El Hafed est en mauvaise santé et souffre d’asthme et de rhumatismes. Il aurait été encore affaibli par la grève de la faim qu’il observe depuis le 4 avril pour protester contre les actes de torture et les mauvais traitements qui lui ont été infligés. L’administration pénitentiaire a exigé que ses proches présentent une autorisation délivrée par le directorat des prisons à Rabat, à plus de 600 kilomètres d’Aït Melloul – les empêchant dans les faits de lui rendre visite. Aussi Yahya Mohamed El Hafed n’a-t-il pas vu sa famille depuis le 4 avril.
Amnesty International invite les autorités marocaines à faire en sorte qu’il bénéficie d’un procès équitable et, à moins que des preuves convaincantes ne soient produites devant la Cour pour étayer les charges retenues contre lui, qu’il soit libéré.
Le statut du Sahara occidental est un sujet tabou au Maroc et les autorités combattent les thèses prônant son indépendance. Les Sahraouis partisans du droit à l’autodétermination et à l’indépendance de la région, ainsi que les défenseurs des droits humains et les journalistes qui surveillent et dénoncent les atteintes aux droits humains commises par les forces de sécurité marocaines dans ce contexte, sont exposés à des mesures d’intimidation et de harcèlement, à des poursuites, voire à des placements en détention. Les militants sahraouis continuent d’être en butte à des obstacles administratifs motivés par des considérations politiques, qui les empêchent d’enregistrer officiellement leurs associations.
Source : http://diasporasaharaui.blogspot.com