Accueil > Ni CPE, ni CDI : l’appel du 22 février des étudiants de Rennes II
Ni CPE, ni CDI : l’appel du 22 février des étudiants de Rennes II
Publie le mercredi 8 mars 2006 par Open-Publishing5 commentaires
appel du 22 février
Les grévistes de Rennes II sont unis en tant qu’ils considèrent que la grève avec blocage de l’université est pour ceux qui y étudient la condition sine qua non d’une lutte contre le CPE ; non que cela suffise, mais cela libère le temps et l’énergie sans lesquels il n’y aurait pas de lutte, mais une simple divergence d’opinions.
Ils sont également unis en tant que pour eux la grève avec blocage est le seul moyen de provoquer le débat politique sur le CPE en dehors des joutes oratoires feutrées des parlements.
Ce débat politique sur le CPE a permis de constater au sein du mouvement une forte tendance à ne pas se satisfaire de slogans tels que “ non au CPE, pour plus de CDI ”, qui suggèrent que le CDI serait en soi un contrat équilibré, favorable aux salariés, qu’il s’agirait de défendre comme un acquis, une position de force conquise par les luttes passées. Il apparaît pourtant que tout contrat de travail garantit seulement les modalités d’une exploitation. Nous considérons que rejeter une réforme qui aggrave nos conditions de vie ne doit pas signifier la valorisation unilatérale de l’état de chose préexistant.
On nous parle de prudence, nous disant qu’il ne faut pas effrayer “ la grande masse des gens ”. Pourtant, la grande masse vit quotidiennement la réalité du CDI. Lui faudrait-il cesser de lutter, de faire grève, sous prétexte qu’elle jouirait de privilèges auxquels tous les précaires rêveraient d’accéder ? On connaît ce raisonnement, c’est celui par lequel on combat la révolte en prétendant que seul le pire la justifie, et que le pire est toujours ailleurs. Nous prétendons que revendiquer plus de CDI contribue à la fabrique du consentement à l’égard de ce qui est.
Curieusement, c’est ceux qui veulent que l’horizon du mouvement ne se limite pas au retrait du CPE qui prennent le plus ce mouvement au sérieux, qui sont les plus déterminés à lutter jusqu’au bout, à lutter, quoi qu’il en coûte, jusqu’à son retrait.
Ne nous leurrons pas : le CPE ne sera pas retiré si nous commençons à nous dire qu’il faudra peut-être reprendre les cours si le gouvernement ne cède pas très vite. Il ne sera retiré que si, partout, est reprise l’idée qu’il faudra la police pour nous faire plier, que nous n’accepterons pas que l’immobilisme et la lassitude de ceux qui restent spectateurs du mouvement décident pour nous.
L’épuisement, nous ne le connaissons pas. La liberté n’est pas épuisante, mais exigeante. Nous sommes contre le CPE parce qu’une certaine idée de la précarité nous est chère ; pas celle des tracasseries quotidiennes pour trouver et conserver un emploi plus ou moins désagréable mais toujours subordonné à la nécessité de se vendre comme force de travail pour survivre ; mais la précarité de l’existence et de la pensée que ne vient garantir nulle autorité à laquelle se soumettre, nulle communauté à laquelle appartenir, famille, entreprise ou état. Qu’on ne voie là nulle célébration libérale de la “ mobilité ”, cette liberté d’aller d’expérience en expérience ; au contraire, puissants sont nos attachements, et c’est parce que nous ne voulons pas y renoncer que nous pouvons prendre le risque de tout perdre. C’est parce que nous ne voulons pas d’une joie garantie durable qui se marchande à coups de renoncements quotidiens et que nous savons que cette joie de lutter ensemble a pour fond la politique, la discorde, la fragilité des règnes, que nous assumons la précarité comme la vérité de notre condition. D’autres parlent de l’épanouissement par le travail et de la reconnaissance qui lui est liée. Mais comment ne pas voir qu’il s’agit toujours à un moment donné de renoncer à être pleinement fidèle à ce qui nous anime quand par exemple nous enseignons, soignons, créons, et d’accepter de faire avec l’ordre des choses, de nous y adapter, jusqu’au point où suivre nos désirs signifie concourir au maintien de cet ordre ?
Derrière le refus du CPE, on entend d’abord la peur, la peur de ceux qui se savent isolés, d’être encore plus dépourvus face aux pouvoirs, face à la suprématie de l’économie ; et cette peur ne trouve d’autre voie que de se traduire en demande de sécurité.
C’est la même logique qui demande à l’état plus de flics contre l’insécurité et plus d’emplois contre “ l’insécurité sociale ”. Encore et toujours nous supplions l’état de bien vouloir nous protéger. Car nous sommes maintenus, de par l’effet d’une politique qui n’a rien d’hasardeux, dans une situation où il nous faut choisir entre la grande pauvreté des allocations et l’emploi de toute notre vie au service de projets entrepreneuriaux.
À cette demande de sécurité, nous opposons la confiance dans la communauté de ceux qui refusent la politique libérale. Et qui pensent que refuser avec conséquence implique d’en finir avec l’isolement de chacun, de mettre en partage moyens matériels, expériences et affects pour rompre avec la logique libérale dont le CPE n’est qu’un symptôme. La question de subvenir à nos besoins devient alors une question collective : celle de constituer entre nous des rapports qui ne soient pas des rapports d’exploitation contractuelle. Et de faire que ce nous ne soit pas celui d’un groupe restreint, mais le nous de l’affirmation révolutionnaire.
Tendance gréviste ni CPE ni CDI
Messages
1. > Ni CPE, ni CDI : l’appel du 22 février des étudiants de Rennes II, 8 mars 2006, 08:54
C pour des petits détails comme ça qu’on l’aime la bretagne.
Vous déchirez les mecs, non seulement vous avez été les précurseurs da,s le temps, mais vous l’êtes aussi dans le débat sur le projet de société.
sc_marcos94
2. > Ni CPE, ni CDI : l’appel du 22 février des étudiants de Rennes II, 8 mars 2006, 09:36
bjr
juste une petite question
Pourquoi ne pas poser la question de , la legitimite de ce gouvernement ; ne pourrait on
pas organiser un sondage, ou mini referendum, est ce si cher ? n y a t il pas un organisme independant ? si l on faisait apparaitre, ce que tout le monde sait , mais il faut le MARTELER sans cesse que ce gouvernement n a que 20 pour cent environ de personnes derriere lui ! Donc d e quel droit s autorise t il à prendre ddes mesures aussi lourdes de consequences
Quelle arnaque , cette fameuse democratie, qui ne favorise toujours que ceux qui arrivent à se MONTRER dans les medias
D autre part , ne pas oublier aussi les lois ignobles CESEDA sur les etrangers , la loi DADVSY, les
OGM, la BIO en danger de mort, la justice qui est devenue vide de sens, voire les articles de christian COTTEN, cette personne condamne à QUATRE de prison pour avoir traduit un TRACT !
ALORS que la GRANDE criminalite en col BLANC passe sans encombre, que les banques nous volent tous les jours.
c est vraiment un regime devenu fasciste
Enfin, en amerique latine , ils semblent arriver à de grandes reussites malgre toutes les pressions
Cuba envoie ses medecins soigner dans le monde entier, alphabetiser aussi, alors qu ils sont sous embargo et sans ressources
On ne va pas dire que la france n a pas de moyens, sans doute il ya tellement de gaspillages
et puis les credits militaires sont sans fin ..., ainsi que pour les crs-police, il y en a partout
et en ce moment ils travaillent en heures sup ! sur quels credits ??
Enfin, je crois que nous n ecrivons pas assez nos exasperations , aux medias aux ordres
et aux elus
si on explosait les redactions par nos protestations, nos indignations
certes , ce sont des gouttes d eau , mais l ocean n est fait que de gouttes , clef la fable du colibri
Il y a dans les associations bcp d epersonens de grande valeur, j aimerai PLUS le sentendre et les voir aux commandes
Cette caste d enarques et de journalistes et de notables , TOUTES DU MEME MOULE
dont le discours a de plus en plus de mal à cacher que le seul fondement est le maintien d e sprivileges
INCAPABLES de voir que le modele qu ils preconisent menent l aplanete à la ruine TOTALE
Bon , je n ai pas le temps de me relire
sous toute reserve, et intervention sans pretention
3. > Ni CPE, ni CDI : l’appel du 22 février des étudiants de Rennes II, 8 mars 2006, 10:45
Mon intention n’est pas de polémiquer sur cet article et les mots que j’emploie peuvent être détournés de leur sens propre, pourtant ils seront dits.
Cette philosophie libertaire de la vie reste à créer. Certains diraient c’est de l’utopie.
Mais heureusement à l’utopie.
Mais dans cet ordre d’idée tout est à construire. À quoi servent l’enseignement, les facs ? Sinon qu’à déformer les esprits afin de rester dans l’acceptation du système de précarisation capitaliste.
Dans cet ordre d’idée, dans cette précarité sans soumission, pourquoi ne pas accepter alors, librement un CPE et mettre le feu à l’entreprise qui profite de cette précarité de soumission lorsque l’individu est exploité par cette précarité.
L’exemple entraînant d’autres exemples serait une solution radicale pour combattre et faire disparaître cette précarité soumise, ces CPE.
Avons-nous cette conscience pour créer cette société libertaire permettant cette mobilité pour s’enrichir intellectuellement et moralement d’expérience en expérience ?
Bien sur que si chaque individu pouvait accéder à cette prise de conscience cet idéal serait la société idéale.
Pas de CPE pour un CDI.
Oui pour l’instant dans notre société d’exploitation capitaliste et au niveau de conscience politique que nous avons.
Le CDI n’est pas équilibré, c’est vrai, c’est un contrat favorable au patronat qui en a fixé les règles.
Le CDI n’est pas un acquis immuable, tous les jours il faut combattre pour empêcher qu’on le supprime.
Le CDI n’est pas un acquis immuable il faut tous les jours combattre pour l’améliorer et l’amplifier à tous les nouveaux salarié(e)s.
Le thème de l’article n’est donc pas "non au CPE", "pour le CDI", mais bien une société communiste avec l’être humain au centre, contre une société capitaliste centrée sur l’économie.
Nous y arriverons, puisque l’on en parle. Et cette liberté de le dire nous ouvre à tous de plus en plus l’angle de cette prise de conscience.
Esteban
1. > Ni CPE, ni CDI : l’appel du 22 février des étudiants de Rennes II, 8 mars 2006, 15:22
VIVE L’UTOPIE !
Tous les grands révolutionnaires furent des utopistes. S’il ont veut que le monde change, il faut envisager d’autres modes de vie différents, une autre organisation sociale et politique.
Les utopistes sont ceux qui, au sein du mouvement révolutionnaire français, donnaient la priorité absolue à la lutte pour la justice sociale planétaire et le droit de l’homme au bonheur.
Henri Lefèbvre qui a publié son fameux livre "Hegel, Marx, Nietzsche ou le royaume de l’ombre", a dit un jour à un journaliste : " Ceux qui pensent arrêter leur regard sur l’horizon et se bornent à regarder ce qu’on voit, ceux qui revendiquent le pragmatisme ( très tendance actuelle. C’est moi qui note) et tentent de faire seulement avec ce qu’on a, n’ont aucune chance de changer le monde... L’utopie, c’est ce qui est au-delà de l’horizon... Notre raison analytique sait avec précision ce que nous ne voulons pas, ce qu’il faut absolument changer... Mais ce qui doit venir, ce que nous voulons, le monde totalement autre, nouveau, seul notre regard intérieur, seule l’utopie en nous, nous le montrent".
William
2. > Ni CPE, ni CDI : l’appel du 22 février des étudiants de Rennes II, 8 mars 2006, 16:02
C’est fort ça ! Et bien dit !
C’est la clef de notre avenir... savoir voir plus loin que le bout de notre nez, ne pas se contenter de réclamer le retrait de telle loi infâme, réfléchir sur le fond, osez chanter l’utopie, proposer le loufoque, crier un fol avenir, aller de l’avant, non juste dans le but de les faire reculer, mais bien plus dans celui d’installer notre monde, car oui n’en déplaise à certains Intéressés, Un autre monde est bel et bien possible, et en route...si on ne s’arrete pas en chemin..
Votre reflexion est la bonne Amis bretons, c’est bien en ces termes qu’on ira de l’avant. Ne pas se laisser utiliser, récupérer par les socialo et ts les politiques et syndicats eux aussi Intéressés...
Les Rennais vous assurez !
Leclodo à vos côtés.