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Nicolas Sarkozy affiche sa fermeté, appelle à cesser la grève

Publie le mercredi 21 novembre 2007 par Open-Publishing

PARIS (Reuters) - Silencieux depuis le début du conflit social, Nicolas Sarkozy a affiché sa fermeté mardi, au soir d’une forte mobilisation des fonctionnaires et à la veille de négociations à la SNCF et à la RATP.

"On ne cédera pas et on ne reculera pas", a déclaré le président de la République lors d’une intervention devant l’Association des maires de France.

"Il faut savoir terminer une grève", a ajouté le chef de l’Etat en plagiant Maurice Thorez, figure historique du communisme français.

Quelques heures auparavant, des centaines de milliers de fonctionnaires avaient fait grève et manifesté dans le pays, aggravant les perturbations dans le secteur public au septième jour d’un arrêt de travail dans les transports.

Les premiers pourparlers entre les directions de la SNCF et de la RATP et les syndicats, en présence de représentants du ministère du Travail, s’ouvrent dans un contexte social qui demeure tendu, notamment à la SNCF où les conducteurs et machinistes n’entendent pas terminer la grève sans avoir obtenu des concessions.

Le ministre du Travail Xavier Bertrand, qui avait souhaité dimanche "plus de trains et plus de métros" pour garantir la présence de l’Etat aux discussions, a confirmé à l’Assemblée que, malgré le quasi maintien du niveau des perturbations, ses conseillers prendraient part aux négociations.

Consciente de la fermeté de "la base", la CGT s’est engagée à "consulter" pleinement les salariés sur les progrès et l’issue du processus de négociation.

Pressant le gouvernement d’apporter de nouvelles réponses à leurs revendications, les fédérations de la fonction publique, qui décideront mercredi de la suite à donner au mouvement, revendiquent une "montée en puissance" de la contestation.

Selon le ministère de la Fonction publique, 30,12% des fonctionnaires étaient en grève mardi et d’après la CGT près de 700.000 personnes ont manifesté dans toute la France. La police avance le chiffre de 375.000.

Devant les maires, le chef de l’Etat a annoncé des initiatives "dans les prochains jours" pour répondre aux préoccupations sur le pouvoir d’achat, un mot d’ordre qui fédère les mécontentements et est le thème majeur de préoccupation des Français, selon les sondages.

Les cheminots et agents de la RATP encore en grève tenaient à faire la jonction avec le mouvement dans la fonction publique, sans que l’on sache s’il s’agit d’un dernier baroud ou d’une tentative pour prolonger le conflit.

Plus de cinq millions d’agents des services publics - enseignants, postiers, infirmières, etc. - étaient appelés par les syndicats à cesser le travail, un mouvement bien suivi.

"SUCCÈS SIGNIFICATIF"

Entre 40 et 60% des enseignants étaient en grève mardi selon les syndicats SNUipp et Unsa. Le ministère de l’Education nationale a fourni un taux de 38,98%.

L’enseignement sera le plus touché par les coupes dans les effectifs de fonctionnaires en 2008 avec 11.200 suppressions de postes, en majorité dans les collèges et lycées.

"Pour nous, c’est un succès significatif qui marque une montée en puissance par rapport à ce que nous avons connu précédemment", a estimé Gérard Aschieri, le dirigeant de la FSU.

Des défilés ont eu lieu à Paris, où les organisateurs revendiquent 70.000 manifestants, et dans de nombreuses villes de province, dont Marseille (12.000 à 60.000 manifestants) Bordeaux (14.000 à 30.000) Rennes (9.000 à 25.000) et Lyon (7.500 à 15.000).

Si les cheminots et les salariés du métro s’opposent à la réforme de leur régime spécial de retraite, les enseignants, agents hospitaliers, fonctionnaires territoriaux ou encore employés des impôts protestent contre la réduction des effectifs et la baisse qu’ils disent constater dans leur pouvoir d’achat.

Des difficultés que le ministre du Budget et de la Fonction publique, Eric Woerth, a en partie admises. "Les fonctionnaires ne gagnent pas très bien leur vie", a-t-il dit sur France Inter.

Mais le ministre a nié que leur pouvoir d’achat ait baissé cette année, comme le disent les syndicats. Ses services en ont fixé la hausse attendue en 2007 à 2,4%.

A la grogne dans la fonction publique, s’ajoute une contestation des étudiants, qui bloquent une trentaine d’universités et se sont joints, avec des lycéens, aux défilés des fonctionnaires.

Les contrôleurs aériens et la CGT d’Air France ayant aussi appelé à la grève, des perturbations sur le trafic sont intervenues aux aéroports de Roissy-Charles de Gaulle et d’Orly avec des retards de 30 à 45 minutes en moyenne.

A EDF, où la CGT avait appelé à effectuer des baisses de charge, celles-ci ont eu lieu. Selon l’entreprise, 18,8% des employés étaient en grève en fin de journée. A GDF, 20,5% des employés étaient en grève au même moment, selon la direction.

http://www.francesoir.fr/reuters/sh...