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Nicolas Sarkozy, multirécidiviste de la provocation (ds le temps)

Publie le samedi 23 septembre 2006 par Open-Publishing
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Nicolas Sarkozy, multirécidiviste de la provocation

FRANCE. Le ministre de l’Intérieur aime les déclarations fracassantes. Une tactique qui s’est avérée payante jusqu’à présent.

Sylvain Besson, Paris
Samedi 23 septembre 2006

Halte au feu ! Jacques Chirac a tenté vendredi d’apaiser la polémique déclenchée par les sévères critiques de son ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, contre certains juges. Le président a reçu le plus haut magistrat du pays, Guy Canivet, qui avait trouvé « provocants » les propos de Nicolas Sarkozy sur la « démission » de la justice face aux jeunes délinquants. Un communiqué officiel diffusé après cette réunion évoque le « respect de l’indépendance des magistrats » et l’« esprit d’unité et de mobilisation nationale » qui devrait inspirer les autorités. En d’autres termes : Nicolas Sarkozy doit faire attention à ce qu’il dit.

Le politiquement correct : connais pas !

Pour sa part, le ministre de l’Intérieur s’est montré conciliant : « Jamais je n’ai mis en cause les magistrats dans leur ensemble », a-t-il déclaré sur les ondes de la radio RTL. Mais il ne formulera ni regrets ni excuses : « La réponse pénale n’est pas à la hauteur de la réponse policière. [...] 70% des gens soutiennent ce que je dis. »

En matière de déclarations fracassantes, Nicolas Sarkozy est un multirécidiviste. Ses fortes paroles sur les « racailles » et la nécessité de décaper certaines banlieues au « Kärcher » sont encore dans tous les esprits. Le politiquement correct à la française est, d’une certaine façon, son meilleur ennemi : ces derniers mois, Nicolas Sarkozy s’en est pris aussi bien aux « patrons voyous » qui empochent des salaires injustifiés qu’aux soixante-huitards coupables de laxisme moral, en passant par la sacro-sainte laïcité qu’il veut édulcorer en aidant des musulmans à devenir hauts fonctionnaires.

Dans tous ces domaines, sa devise semble être : peu importe que cela choque, pourvu que les électeurs apprécient. La justice est l’une de ses cibles favorites (lire ci-dessous), mais pas la seule. Ceux qu’il vise, ce sont « les élites, l’intelligentsia française », explique l’un de ses conseillers en ajoutant : « Ce que pensent les élites, il n’en a rien à foutre. » Selon cette source, un sondage à paraître ce samedi dans LeFigaro montre que la population approuve son discours sur les juges dans des proportions « soviétiques ».

Le pari de Nicolas Sarkozy est double. D’un côté, il estime que le discrédit de la classe politique et du « système » français est tel qu’il peut sans trop de risques attaquer des institutions comme la justice ou le « modèle social ». De l’autre, il s’efforce d’incarner la « rupture » avec le statu quo tout en étant le numéro deux du gouvernement : un exercice d’équilibrisme permanent qui le fait souvent entrer en conflit avec Jacques Chirac ou le premier ministre, Dominique de Villepin.

Dans son souci de se démarquer, Nicolas Sarkozy se retrouve parfois en position périlleuse. Sa récente rencontre amicale avec le président américain George Bush a suscité des réserves jusque chez ses fidèles. Certains d’entre eux craignent qu’à force de faire parler de lui Nicolas Sarkozy ne finisse par lasser les Français. Mais, pour l’instant, leurs mises en garde n’ont pas eu beaucoup d’effet.

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