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Non à cette Europe-là, le 4 février comme le 29 mai !

Publie le jeudi 3 janvier 2008 par Open-Publishing
10 commentaires

de Raoul-Marc Jennar, politologue

Les chefs d’État et de gouvernement, les responsables politiques du libéralisme de gauche comme du libéralisme de droite ont refusé d’entendre les arguments de ceux qui veulent une Europe des citoyennes et des citoyens et non une Europe des banquiers et des hommes d’affaires, de ceux qui n’acceptent les transferts de souveraineté que pourvu qu’ils s’accompagnent de transfert de mécanismes démocratiques de contrôle, de transparence et de reddition des comptes, de ceux qui veulent une Europe conforme aux valeurs dont elle est historiquement porteuse.

Depuis le 29 mai, aucun effort n’a été fait pour corriger les orientations d’une Europe qui est, à juste titre, perçue "comme un facteur d’appauvrissement et non de prospérité, comme une cause de régression et non de progrès" (Nicolas Sarkozy, Ensemble, printemps 2007). Les engagements pris par le président de la République n’ont pas été tenus. Le traité modificatif qui vient d’être signé, le 13 décembre à Lisbonne, ne modifie rien de ce qui était nouveau dans le traité établissant une constitution pour l’Europe par rapport aux traités existants. Il ne modifie rien de ce qui justifiait les critiques apportées à la partie III du TCE.

Les raisons de rejeter le TCE demeurent pour rejeter un traité modificatif qui, de l’aveu même d’Angela Merkel, « ne va rien changer ». La charte des droits fondamentaux traduit toujours un terrible recul par rapport à la Déclaration universelle des droits de l’homme ; les orientations néolibérales des politiques européennes sont maintenues ; le statut et les missions de la Banque centrale européenne n’ont pas été modifiés ; les dispositions qui accentuent la perméabilité de l’Europe aux effets les plus néfastes de la mondialisation sont renforcées ; la politique de défense de l’Europe reste enfermée dans le cadre de l’OTAN ; dans ses rapports avec les pays du Sud, l’Europe poursuit ses pratiques paternalistes et continue de nier la souveraineté des autres peuples. Pas le moindre changement significatif n’a été apporté à ce qui a justifié le « non » du 29 mai 2005. Puisque rien ne va changer, notre refus ne peut changer.

Faut-il pour autant se réfugier dans l’indifférence ou le désespoir ? Nous n’avons pas ce droit. Nous ne pouvons nous réfugier dans cette facilité. Nous sommes comptables devant les millions de Françaises et de Français qui ont voté « non » le 29 mai. Nous sommes responsables. Il nous revient d’assumer le « non » que nous avons porté.

Le traité modificatif ne peut être ratifié que si, au préalable, une révision de la Constitution française est adoptée. Ce qui requiert le soutien des trois cinquièmes du Congrès qui se réunira le 4 février 2008, à Versailles. Il nous appartient d’exprimer par les voies de la démocratie notre volonté que cette majorité des trois cinquièmes ne soit pas atteinte.

Nous pouvons le faire de trois manières : signer la pétition lancée par le Comité national pour un référendum (CNR) : www.nousvoulonsunreferendum.eu.

Le droit de pétition inscrit dans le traité modificatif considère qu’un million de signatures (sur environ 300 millions d’Européennes et d’Européens en âge de voter) représente un nombre suffisant pour présenter une pétition. On en déduit qu’un million de signatures (sur 45 millions d’électeurs inscrits en France) représenterait une expression forte et écoutée du peuple français.

Il nous faut donc nous donner comme objectif d’atteindre ce million de signatures pour le 4 février. Nous disposons de cinq semaines pour y parvenir.

Les sénateurs et les députés vont se réunir en Congrès le 4 février, à Versailles. Allons, ce jour-là, par dizaines de milliers venus de toute la France, dire aux élus réunis à Versailles : « Respectez la volonté du peuple qui s’est exprimée le 29 mai 2005 », et pour ajouter aux élus du PS : « Vous avez été élus parce que votre parti et votre candidate se sont engagés à réclamer un référendum sur tout nouveau traité européen. »

Dès maintenant, il nous appartient d’interroger les sénateurs et les députés qui vont solliciter nos suffrages en mars prochain, lors des élections municipales, sur la manière dont ils vont se prononcer le 4 février, à Versailles. Et rien ne nous interdit de leur dire que nous nous en souviendrons en mars. Les temps sont durs et l’avenir est incertain. Faut-il pour autant se résigner ? Notre horizon n’est pas celui d’une gauche en décomposition. L’épreuve nous conforte. Elle ne nous abat pas.

http://www.humanite.fr/2008-01-02_T...

Messages

  • pas réformable, pas amendable : il faut sortir de l’UE.

  • Raoul Marc Jemmar , bonjour, très content de te savoir parmi nous à nouveau .

    La pétition , je n’y crois pas, elle sera retenue ,mais sans obligation , sans suite .et de plus c’est de l’eau aux moulins des stupides de cette fumeuse constitution et aujourd’hui traité de Lisbonne.
    A bon entendeur , me semble-t-il, mieux vaut une méga manif à Versailles style plusieurs milliers de manifestants , voire plus encore , genre ville assiégée et de bloquer toutes entrées et
    sorties .car Versailles représente toujours le symbole de la royauté abattue par le Peuple .

    " Amis entends-tu le vole noir des corbeaux sur la plaine ......". tout pourrait être changé selon,
    évidemment si le mot d’ ordre circule, Versailles bloquée ça aurait de la gueule, et les zélus ,
    sauraient à quoi s’en tenir.
    S.F.A.S.Rosay.

  • De toute façon il ne faut pas se leurrer, il est indispensable de signer les pétitions, surtout celle du CNR, mais il est presque sur que cela n’aura qu’un impact symbolique. Tant mieux s’il en est autrement, c’est pourquoi il ne faut pas baisser les bras. Par contre il est primordiale d’essayer de convaincre les députés Socialistes et verts de refuser la modification de la constitution. Car c’est là que probablement est la solution. En effet si quelques sénateurs par remord de conscience optaient pour le non, et la plupart des députés de gauche aussi, les 2/5 serait dépassé, donc impossibilité de modifié la constitution. Mais le problème sont les députés, et particulièrement ceux qui vont vouloir briguer des mairies. Je sais, la méthode n’est pas belle, mais comme certains s’embarrassent moins de convenance, lorsque l’urgence est là il faut utiliser tout les moyens, donc nous faire pression sur ceux qui auraient besoin d’autres voix de gauche pour être élus, et les mettre devant leurs responsabilités. Sans doute risque-t-il d’y avoir quelques grincements de dents et des situations ambigües, de toute façon nous n’avons pas le choix !

    Michel Mengneau

  • Sait-on combien d’élus de gauche sont capables de voter contre lors du congrès ?

    Slovar

  • Avant même qu’il ait lancé cet appel le CUAL de Béziers et la Federacion Gardarem la Tèrra avaient convenu de profiter du séjour de Raoul-Marc Jennar pour lui permettre de s’exprimer à nouveau en Languedoc-Roussillon (il était intervenu dans le cadre de la campagne de José Bové lors de la manifestation per la lenga occitana le 17 mars à Béziers puis lors d’un meeting à Nîmes). Le communiqué ci-dessous présente ce rendez-vous du 21 janvier, qui sera une occasion d’en savoir plus sur l’échéance du 4 février ...

    "Raoul-Marc Jennar, politologue et conférencier bien connu, sera à Béziers pour y donner une conférence intitulée
    « Quelle Europe après le non ? ».

    C’est dans un cadre régional, invité par le Comité unitaire alternative au libéralisme de Béziers et Gardarem la Terra, mouvement altermondialiste né sur le Larzac lors du rassemblement contre l’OMC d’août 2003, qu’il prendra la parole au théâtre du Minotaure, 15 rue Solférino, le lundi 21 janvier 2008 à dix neuf heures. Il traitera, dans une suite logique, du Traité de Lisbonne et du nécessaire référendum. L’entrée est évidemment libre".

    Joan-Loís Escafit,
    secrétaire de la federacion Gardarem la Tèrra