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Non à l’obligation de compassion pour les enfants

Publie le jeudi 14 février 2008 par Open-Publishing
11 commentaires

Non à l’obligation de compassion pour les enfants

Lettre ouverte au Président de la République.

Monsieur le président,

Vous avez déclaré avoir « demandé au ministre de l’Education nationale de faire en sorte que, chaque année, à partir de la rentrée scolaire 2008, tous les enfants de CM2 se voient confier la mémoire d’un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah ».

Eh bien non, Monsieur le président, je n’accepterai pas que mon fils, qui a 4 ans, soit soumis à 9, 10 ou 11 ans à une obligation de compassion sur le malheur passé et les crimes des hommes à travers les siècles : à cet âge, on a encore le droit de croire que les hommes ne sont pas tous mauvais et d’ignorer les horreurs du passé.

A cet âge, Monsieur le président, on n’a pas à se flageller le corps et l’esprit pour expier les crimes des générations précédentes, parfois lointaines : on est insouciant et heureux, et l’esprit ainsi prêt à accepter la liberté future à travers les difficultés de la vie.

Cette entreprise de contrainte psychologique et émotionnelle des enfants, dans la suite de la lamentable lecture de la lettre du malheureux Guy Môquet, dans une logique d’abrutissement compassionnel, ne peut amener que trouble dans les esprits des enfants et violences en retour.

Nos enfants, Monsieur le président, n’ont pas à se sentir responsables ni concernés par les horreurs du passé. Surtout pas : voulez-vous donc qu’ils soient choqués et affligés, ou a contrario qu’ils rient de ces abominations pour se protéger ? Imaginez-vous ce que pourrait être l’état d’esprit d’un enfant de 10 ans à qui on dirait : voilà, mon enfant, ce petit garçon, dont voici les nom et prénom, a été persécuté, affamé, battu, puis gazé par les nazis ; tu dois penser à lui ? Veux-tu des détails, voir des photos, des films montrant ces malheureux ?

Et pourquoi donc les seuls enfants français ? Les enfants juifs allemands réfugiés en France, les enfants de résistants italiens ou allemands ont-ils démérité ? Quel est ce curieux nationalisme de la douleur ? Alors, que faudra-t-il, après ce commencement ? Que chaque élève de CM1 « se voie confier la mémoire » d’un petit Rwandais victime du génocide ? Que chaque élève de CE2 « se voie confier la mémoire » d’un petit Arménien massacré ?

J’appelle tous les citoyens, jeunes et vieux, croyants et incroyants, parents ou non, de toutes origines et de toutes idées, à protester contre ce projet dont la réalisation serait un évident abus de pouvoir de l’Etat.

Monsieur le président, laissez vivre nos enfants. Ne rendez pas des innocents responsables des épouvantables meurtres d’autres innocents. Qui êtes-vous pour vouloir leur enlever la joie ?

-http://www.agoravox.fr/article.php3...

Messages

  • Merci Lolita pour cette excellente redirection d’article.

    Il est en effet extrêmement dangereux de faire expier les fautes de sa propre famille politique et économique, celle des dirigeants et des nantis qui ont préféré Hitler au front populaire par tous les enfants du peuple.

    A 11 ans, on ne peut qu’être traumatisé à vie par cette manipulation mentale, en effet comment supporter d’être le support de conscience de cette barbarie. Barbarie encore prégnante dans les classes dirigeantes qui préfèrent encore et toujours la spirale mortifère de l’accaparement du capital et des profit à la solidarité qui protège la vie et dont Nicolas Sarkozy est le premier d’entre eux.

    La conscience ne se construit pas par le bourrage de crâne mais par la lente maturation de l’esprit au contact des idées et des expériences.
    JP

  • MOI je suis d’accord,mais il faut rajouer les enfants d’algerie torturés et déportés par l’armée française.momo11

  • Très bien cette lettre ouverte Lolita,mais notre Président veut redorer son images en jouant sur l’émotion et en oubliant le principal. Eneffet c’est en annalysant les causes qui ont portés les nazis au
    pouvoir que les futures générations eviteront la répetition. Pour ce qui concerne les causes la société que nous prépare sarkozy n’est pas réjouissante.Enfin s’il faut bien reconnaitre que l’extermination industrialisée d’un peuple est un cas unique dans l’histoire ce n’est certainement pas aux enfants d’en porter la tache indélébile.
    Enfin je voudrait rappeler à ce monsieur que lorsque j’étais enfant je lisais sur les ceinturons des soldat allemands "dieu avec nous" ce
    qui nous ramêne a la laïcité. JP

    • Et le génocide arménien, c’était pas la même chose ?
      Quant à moi, je demanderai d’honorer la mémoire de Nabil, 8 ans, mort sous les balles israéliennes parce qu’il lançait des pierres sur un char Merkava.

    • Pourquoi utiliser le mot Shoah à toutes les sauces, pour une question de sémantique politicienne juste avant les élections ou pour réduire cette catastrophe à une seule catégorie de victimes .

      Et si on se réappropriait plutôt le terme de déportation, beaucoup plus universel et plus juste historiquement !

      boris

    • Et si on se réappropriait plutôt le terme de déportation, beaucoup plus universel et plus juste historiquement !

      Le terme déportation n’est pas approprié, parce qu’il réduit l’affaire à un déplacement. Le fait est que les juifs n’ont pas seulement été déportés, ils ont été réduits à l’esclavage puis exterminés. Si un terme devait être utilisé, ce serait plutôt celui de "extermination". Mais ce terme pose des problèmes historiques, parce que la décision d’extermination n’a été prise formellement qu’en 1942, et qu’on se trouve donc toujours à chercher un terme qui puisse qualifier l’ensemble de la période.

      Pendant quelque temps, on parla de "Holocauste". Mais ce terme a été rejetté parce qu’il implique etymologiquement une idée réligieuse de "sacrifice", ce qui heurte une grande partie des juifs laiques (et des laiques non juifs). Le terme "Shoah" (qui en hebreu veut dire "catastrophe" ou "désastre") semble plus neutre.

    • A bon, il n’y a que les juifs qui ont été déporté ?

      Boris

    • Faudrait savoir de quoi on parle. Tu avais posé la question suivante :

      Pourquoi utiliser le mot Shoah à toutes les sauces, pour une question de sémantique politicienne juste avant les élections ou pour réduire cette catastrophe à une seule catégorie de victimes. Et si on se réappropriait plutôt le terme de déportation, beaucoup plus universel et plus juste historiquement !

      Le problème, c’est que si les juifs n’ont pas été les seuls à être déportés, ils sont les seuls (avec les tsiganes, en fait) pour lesquels la déportation n’était que le premier pas d’un parcours qui conduisait à l’extermination. C’est pourquoi on ne peut pas englober tout le monde sous le terme "déportation" : la déportation n’avait pas le même sens (ni le même destin, dans la majorité des cas) pour les juifs que pour les autres.

      Que ca plaise ou pas, le fait est qu’il y a une spécificité dans la déportation des juifs, et c’est pour cela qu’on utilise un mot différent.

    • Déjà, il y a aussi les Rroms. Et les handycapés mentaux ? Les homosexuels ? Les anarchistes ? Les communistes ?

    • Je suis ok pour que l’on ne banalise pas le génocide juif , ce côté industriel de la mort de gens simplement parce qu’ils étaient d’une autre religion !

      Mais je ne suis pas d’accord pour qu’un mot remplace , efface, dans l’histoire, tous les autres déportés des camps de la mort eux aussi soumis à l’esclavage à la torture aux chambres à gaz .

      Il y a un coté instrumentalisation politique qui me déplait , surtout venant de la part de juifs séfarades sionistes qui n’ont pas subit la guerre comme ceux d’Europe de l’est , à ma connaissance !

      Dans cette histoire tragique , on oublie souvent les premier déportés les communistes allemands , les handicapés, les manouches, les homos , les résistants ...

      La déportation ce n’est pas qu’un déplacement , ce mot a pris tout son sens après la guerre , de retour des camps ces femmes et ces hommes ont construit la secu , les chsct , se sont battus pour la laïcité, pas dans un esprit communautaire réducteur.

      La déportation à déjà été utilisé dans l’histoire , pour arriver au génocide , les indiens d’Amérique , les Arméniens qui ont servi justement d’exemple à Hitler.

      En utilisant le mot Shoah on réduit le caractère universel, du plus jamais de déportation, de génocide, pour qui que ce soit sur cette terre !

      boris