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Non-lieu pour les policiers dans la mort de Zyed et Bouna : "Honte et tristesse"
Publie le mercredi 27 avril 2011 par Open-PublishingVERDICT
Non-lieu pour les policiers dans la mort de Zyed et Bouna : "Honte et tristesse"
Les familles iront en cassation. Leur avocat critique "un parquet politique, qui n’est pas indépendant".
Zyed et Bouna | Max PPP
Le 27 octobre 2005, trois adolescents poursuivis par des policiers s’étaient réfugiés dans un transformateur EDF. Deux d’entre eux étaient morts électrocutés. Cet événement avait déclenché une vague de violences sans précédent dans les banlieues françaises.
Une policière stagiaire qui était ce soir-là au standard téléphonique et un policier qui était sur place, se sont vu reprocher de n’avoir pas tenté de porter assistance aux adolescents en sachant qu’ils étaient entrés au péril de leur vie dans le transformateur. Ces policiers ont toujours nié toute responsabilité.
La cour d’appel de Paris a rendu mercredi un non-lieu au profit des deux policiers, conformément à l’avis du parquet.
L’avocat des familles : "Honte et tristesse"
"J’ai un double sentiment de honte et de tristesse", a réagi l’avocat des familles de Zyed et Bouna sur France Inter, avant d’annoncer que les
familles iraient "jusqu’au bout", c’est-à-dire la cassation.
"C’est une justice de la peur qui a été rendue", a dénoncé Me Jean-Pierre Mignard. "Nous avons en France un parquet politique, qui n’est pas indépendant", a regretté l’avocat qui loue le travail des juges d’instruction et des enquêteurs.
L’avocat des policiers : "Tintamarre des leurres médiatiques"
Le pourvoi en cassation ne pourra porter que sur les formes de droit de la décision et non sur le fond, où la police est donc blanchie. L’avocat des policiers, Daniel Merchat, a exprimé sa satisfaction. "Le dossier a toujours été vide, il l’est aujourd’hui encore. La petite voix de la vérité judiciaire a fini par couvrir le tintamarre des leurres médiatiques", a-t-il dit aux journalistes présents au tribunal.
Le maire de Clichy-sous-Bois : "Tout ça pour ça"
"Dès le premier jour, j’ai réclamé une enquête indépendante puis un débat contradictoire", a rappelé Claude Dilain, maire PS de Clichy-sous-Bois. "Il n’aura pas lieu et je le regrette, même pour les policiers", a-t-il poursuivi. "Leur non-responsabilité aurait peut-être été plus clairement mise en évidence après ce débat", a-t-il estimé.
"J’ai envie de dire : tout ça pour ça. C’est long 5 ans et demi et si c’est pour en arriver là, on aurait pu le faire plus tôt", a-t-il poursuivi. "Avec cette décision, ça va être dur de faire son deuil pour les familles", a souligné l’élu, avant d’ajouter : "On les connaît, elles ne sont pas dans un esprit vengeur mais elles auraient aimé que les responsabilités des uns et des autres soient clairement établies".
Collectif d’associations AC-Le Feu : "Morts pour rien"
"On travaille pour que la jeunesse croit en la justice, mais après une décision comme celle-là, c’est dur pour nous", a dit Mohamed Mechmache, président du collectif d’associations AC-Le Feu, à Clichy-sous-Bois. "La justice existe pour une catégorie de personnes : les jeunes qui ont exprimé leur colère en 2005 (lors des émeutes) sont passés en comparution immédiate et ont fait de la prison eux et les policiers ne sont même pas jugés", a-t-il déploré. "Aujourd’hui, on a l’impression que Zyed et Bouna sont morts pour rien", a ajouté Mohamed Mechmache.
L’auteur
Sources : Le Post