Accueil > Note2be : du buzz au bug ?
Éducation . Depuis dix jours, un site Internet propose aux élèves de noter leurs profs. Il rame aujourd’hui face à l’afflux de connexions, pas toutes amicales.
Le site Note2be.com n’a pas encore deux semaines qu’il paie déjà la rançon de sa notoriété : il plante. « Suite à un très grand nombre de connexions, notre site est momentanément indisponible », affichent fréquemment ses pages. Il faut dire que la singularité de sa vocation lui vaut une célébrité vite acquise.
Lancé le 2 février, il propose à tout élève, du plus jeunes (primaire) au plus vieux (étudiant), de noter ses enseignants. L’évaluation s’établit selon six critères - intéressant, clair, disponible, équitable, respecté, motivé - auxquels le jeune, ou l’enfant, affecte une note sur 20. La démarche ne s’arrête pas là : chaque enseignant noté voit son nom, son prénom, et l’adresse de son établissement mis en ligne sur le site, lequel propose même un palmarès des dix meilleures moyennes.
« C’est un rêve d’enfant : permettre aux élèves de s’exprimer librement sur leurs profs quand ce sont eux qui les subissent quotidiennement », explique Stéphane Cola, cofondateur du site. Légitime et efficace. « Il y a bien des profs que la critique pourrait faire progresser », poursuit cet ex-collaborateur de Philippe Séguin, qui dit s’être rangé de la politique mais ne s’en présente pas moins sur la liste de l’UMP Pierre Lellouche, candidat aux municipales à Paris. Ouvert cinq jours après la publication du rapport Attali qui propose une évaluation des profs par leurs élèves - « un heureux hasard », note-t-il encore - le site affiche aujourd’hui le record de 100 000 connexions uniques.
Du côté des acteurs de l’éducation, la démarche ne passe pas aussi bien. Démagogique et immorale, dénoncent de nombreux enseignants, qui estiment qu’elle « privilégie la dénonciation publique sur l’évaluation formative pratiquée par les enseignants ». Les syndicats ont plusieurs fois interpellé le ministre de l’Éducation nationale. La FCPE et l’Union nationale lycéenne (UNL) se disent tout aussi choquées. Jusqu’alors silencieux, Xavier Darcos a finalement réagi hier soir, et « condamne avec fermeté l’ouverture de tels sites ».
L’opposition, elle, s’organise sur le net. En ligne depuis quelques jours, une pétition exigeant que le site respecte la vie privée a déjà recueilli plus de 1 000 signatures. Un site a été créé, à l’appellation sans ambiguïté : contrenote2be.com. Ailleurs encore, les internautes cogitent à la façon dont ils peuvent contrecarrer l’entreprise. Certains proposent des Google-Bombing, manipulation permettant de dévier automatiquement une recherche sur N2be vers le mot Big Brother. D’autres ont pris le parti d’investir le site et squattent ses forums. « Ils sont rares », assure Stéphane Cola.
Reste la question clé : certains profs ont-ils demandé à ce que leur nom soit retiré ? « Ils se comptent en unité », assure son cofondateur. Qui précise que beaucoup, en outre, échouent dans cette démarche. « Selon la loi, il faut qu’ils justifient d’un motif légitime. Et je ne fais que m’inscrire dans le cadre autorisé par la loi. »
Messages
1. Note2be : du buzz au bug ?, 22 février 2008, 00:19
Une autre pétition en cours ...
http://motstocsin.autonomie.org/html/actions/notetesprofs_fevr2008.htm
Hervé