"Nous avons l’air de monstres aux yeux du monde. Ca me rend malade" ( Yosi Lapid, ministre )

Le ministre israélien de la Justice Yosi Lapid, survivant de l’Holocauste, a fait scandale en déclarant dimanche que les images de l’offensive de Tsahal sur le camp de réfugiés palestiniens de Gaza lui rappelaient les souffrances de sa famille à l’époque des nazis.

Ces remarques sont venues alimenter le débat, qui bat son plein en Israël sur l’offensive à Rafah. Quarante-et-un Palestiniens ont été tués depuis le début mardi de cette "opération Arc-en-ciel", destinée à la base, selon Tsahal, à démanteler les tunnels de trafic d’armes entre l’Egypte et Gaza. Une opération fortement dénoncée par la communauté internationale.

Au cours du Conseil des ministres, Yosi Lapid, du parti centriste Shinoui, a réclamé l’arrêt des démolitions, ajoutant que les images télé de Rafah lui rappelaient la guerre et les nazis. "Je parle d’une vieille femme, cherchant ses médicaments à quatre pattes dans les ruines de sa maison, et qui m’a fait penser à ma grand-mère", a-t-il ensuite expliqué sur les ondes de la radio d’Israël.

"Nous avons l’air de monstres aux yeux du monde. Ca me rend malade", a-t-il déclaré.

Yosi Lapid avait passé la plus grande partie de la deuxième guerre mondiale dans le ghetto de Budapest, et a perdu nombre de ses proches, dont sa grand-mère et son père. Il a immigré en Israël en 1948, à l’âge de 17 ans. Il a tenu à souligner qu’il ne comparait pas la situation de Gaza avec l’Holocauste, mais ses propos ont scandalisé d’autres ministres, qui ont réclamé qu’il se rétracte.

"Peut-il faire ce genre de comparaison juste parce qu’il est un survivant de l’Holocauste ?", s’est interrogé le ministre de la Santé Danny Naveh. "La comparaison, sous-entendue ou même non-intentionnelle, entre le meurtre systématique des juifs par les Allemagnds et les opérations de l’armée à Gaza (...) n’est pas une analogie légitime", a-t-il jugé.

Dans ce même entretien, Yosi Lapid a également révélé que l’armée envisage de détruire quelque 2.000 maisons à Rafah pour élargir la route de surveillance entre le camp et la frontière égyptienne. Pour la première fois, des responsables militaires ont confirmé, sous couvert d’anonymat, que les projets impliquaient la démolition de 700 à 2.000 maisons.

Dimanche matin, quatre bulldozers militaires et trois chars sont revenus dans le quartier Brazil, théâtre de violents combats la semaine dernière. JERUSALEM (AP)