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Nous sommes tous des inter-mutants du spectacle !

Publie le samedi 5 juillet 2003 par Open-Publishing

Petits rats d’opérette en retraite trop anticipée, formateurs
mercenaires de mercenaires formateurs, colleurs d’affiches sauvages,
graffitistes de murs aveugles, esclaves compressibles d’ateliers
clandestins, figurants en SITuation COMique, Bac+9 sans emploi avouable,
buralistes itinérants en rupture de stocks d’opiacés, nègres pour
littérateurs en mal d’inspiration, plagistes pour aoûtiens, aides soignantes
à domicile non-fixe, vacataires sans Faculté particulière, goals volants,
plongeurs éphémères d’arrière-cuisine Mac-Donald, athlètes jetables dès
trente ans, malfaiteurs à l’occasion associés, Minie travestie à
Marne-la-vallée, ex-TUC à toute heure, standardistes en attendant mieux,
pions de l’échec scolaire, vendangeurs à la petite semaine, pupilles de la
DDASS sur-employés à demeure, vidéastes d’interludes déprogrammés,
déménageurs à fréquence modérée, vigiles fièvreux du samedi soir, sondeurs
porte à porte d’opinions, CDD aujourd’hui ou DCD demain, videurs
hebdomadaires de greniers, ex-psychiatrisés en rééducation taylorienne,
retourneurs de crêpes en plein air, cracheurs de white-spirit, fleuristes
sans vitrine, licenciés en sociologie du licenciement, précepteurs de yoga à
flexibilité horaire et articulaire maximale, pigistes pigeons anonymement
sous-traités, télé-mateurs en formation cathodique, maîtres très
auxilliaires, C.A.Pistes en stages illimités, apprentis briseurs de grèves
malgré eux, ouvreuses de cinéma le week-end, sculpteurs sans statut,
caissières de flux tendus, peintres de Papa-Noël sur vitrines,
applaudimètristes de jeux télévisés, projectionnistes lampistes d’Art et
d’Essai, bidasses en soldes monstres, lumpen-prolétaires agricoles,
DEUGuistes sous contrat bénévole, sous-fifres à l’opéra-comique, énième
assistant du metteur en scène, serveuses en surnombre provisoire,
traducteurs pour deux francs six sous, crieurs badgés de journaux, acteurs
de complément, petites mains dégriffées du prêt-à-porter, taulards
corvéables à mi-temps, mannequins pour catalogues de vente par
correspondance, interprètes pour messageries vocales, gardiens de phare mal
loti, internes d’urgences hospitalières, couchettistes d’aller sans retour,
cobayes pharmaceutiques, funambules en sursis, liftiers d’ascenseur social,
meneuses surmenées de revues légères, accordeurs de demi-queue, titulaires
suppléants perpétuels, veilleurs d’une nuit sur deux, agents de surface
illimitée, juristes en fin de droits, poètes à compte d’auteur, saisonniers
petits fruits, stars à durée déterminée, doublures lumière...

nous sommes tous des
inter-mutants du spectacle !

Le statu quo actuel exclut déjà la moitié des intermittents officiels de
l’assurance chômage, sans parler des RMIstes et autres objecteurs de
conscience qui s’emploient sans trêve à produire la meilleure des
marchandises possible : la culture. Le minimum horaire exigé par les
Assedics conduit chacun à la course au cachet fictif, au carriérisme
concurrentiel et à toutes les complaisances et complicités foireuses avec
leurs multiples patrons d’occasion. Assez de corpo-artisme catégoriel. A ce
rythme-là, l’allocation sera bientôt réservée à quelques centaines de
professionnels de la profession. Exigeons dès aujourd’hui l’extension du
statut d’intermittent à l’ensemble des acteurs du travail discontinu :
intérimaires, stagiaires, vacataires, saisonniers, etc. Artistes ou pas,
nous sommes des millions à avoir fait notre deuil (en beauté) du travail
pointé, posté, taylorisé. Nos employeurs tirent désormais profit de formes
de travail discontinues et de l’ensemble d’activités que ce travail
nécessite. A nous d’en tirer les conséquences.

L’émancipation des travailleurs précaires sera l’¦uvre
des travailleurs précaires eux-mêmes ! Tout pour tous !

Paris le 19 décembre 1996
CQFD (des Chômeurs et Quelques Figurants Dédommagés)
c/o CARGO (Collectif d’Agitation pour un Revenu Garanti Optimal)