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Nous vivons une situation où seul l’Etat peut sauver le secteur privé

Publie le mardi 18 mars 2008 par Open-Publishing
2 commentaires

« Wall Street a vécu, lundi 17 mars, comme tétanisée l’annonce du rachat en catastrophe de Bear Stearns (BSC), la cinquième banque d’affaires américaine, au coût dérisoire de 236 millions de dollars, par son homologue JP Morgan. Une opération de sauvetage entièrement "portée" par la Réserve fédérale (Fed) – une première dans l’histoire américaine. Vendredi 14 mars, alors que BSC faisait appel à la Fed pour éviter la faillite, le banquier Robert Rubin (Citigroup), ex-secrétaire au Trésor de Bill Clinton, expliquait : "Nous entrons en terrain inconnu." De fait, lundi, la nouveauté de la situation s’accompagnait d’immenses incertitudes.

Du coup, la Bourse américaine a été indécise tout au long de la journée. L’indice DowJones a terminé la séance sur une légère progression (0,18 %) et le SP500 a, lui, perdu 0,90 %. Dans la foulée, mardi 18 mars, les places asiatiques étaient aussi incertaines. Tandis que Tokyo enregistrait une hausse de 1,50 %, Shanghaï perdait autant. Les Bourses européennes se reprenaient en début de journée, avec des hausses en moyenne supérieures à 1 %.

Trois questions prédominent à Wall Street.

Quelle est l’ampleur exacte du désastre généré par l’effondrement des titres adossés aux prêts hypothécaires à risques (subprimes) ?

Des chiffres circulent : 400, voire 600 milliards de dollars.

Ensuite, après avoir reçu lundi à la Maison Blanche Ben Bernanke, le président de la Fed, et Henry Paulson, le secrétaire au trésor, George Bush a affirmé : "Nous montrons au monde que les Etats-Unis maîtrisent la situation." Mais qui y croit encore ?

Jusqu’ici, les mesures prises par la Fed n’ont pas enrayé la crise.

D’où la dernière question : si celles annoncées le week-end et la nouvelle baisse importante de taux attendue mardi 18 mars s’avèrent inefficaces, le système financier américain est-il menacé d’effondrement ?

Lundi, BSC devait présenter son bilan trimestriel. L’annonce a été reportée sine die après la reprise par JPMorgan. En revanche, quels comptes vont annoncer, mardi 18 mars, Lehman Brothers et Goldman Sachs ? Même s’ils ne sont pas "trop durs" en termes de dépréciation d’actifs, le problème est que les investisseurs ont perdu confiance dans ces annonces. Quant à l’intervention de la Fed dans la reprise de BSC, elle suscite pêle-mêle des réactions de stupéfaction, d’admiration, et de vives inquiétudes.

Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE, et Dominique Strauss-Kahn, président du FMI, ont félicité la Fed pour son audace et sa célérité. Reste un doute : au Royaume-Uni, pour sauver la banque Northern Rock de la faillite, le gouvernement la nationalise ; aux Etats-Unis, pour éviter un sort identique à BSC, la Fed avance 30 milliards de dollars à un acheteur privé, JPMorgan, et prend à sa charge le risque encouru sur les titres spéculatifs de l’établissement en faillite. "Une superbe affaire" pour l’acquéreur, a jugé Charles Hintz, analyste vedette du gestionnaire de fonds Sanford Bernstein, qui valorise la valeur réelle de BCS à 7,7 milliards de dollars.

"Quel choc !, dit Peter Kennen, professeur d’économie à l’université de Princeton. Il fallait empêcher la faillite de Bear Stearns, qui en aurait entraîné d’autres. Mais la méthode est un terrible précédent. La Fed devra-t-elle récidiver ? Je connais depuis longtemps Ben Bernanke . Mais là, il semble agir dans l’improvisation. Nous vivons une situation inédite où seul l’Etat peut sauver le secteur privé. Mais plus personne n’a de visibilité, car les pertes réelles des investisseurs sont inconnues."

David Rosenberg, économiste en chef de Merrill Lynch, évoque "le passage de la prévention de crise à la gestion de crise". Et cela, explique à l’agence AP Anil Kashyap, professeur de gestion des affaires à l’université de Chicago, dans une situation où "le secteur bancaire américain manque maintenant de capitaux". Peter Kennen craint, lui, que la situation débouche sur "une défiance internationale vis-à-vis du dollar", plongeant l’Amérique dans une "chute du revenu" pour de longues années.

"Le grand renflouement est devant nous", annonce le célèbre chroniqueur économique du New York Times et porte-voix de la gauche démocrate, Paul Krugman. Encore faut-il "renflouer le système financier, pas les gens qui nous ont plongés dans cette pagaille".

A Wall Street, une dernière crainte commence à apparaître : des banquiers d’affaires et des gestionnaires de fonds spéculatifs finiront-ils en prison ? "Nous en parlions au déjeuner, dit M. Kennen. C’est désormais concevable." S’estimant lésé par les termes du rachat, un employé de Bear Stearns a déposé lundi une plainte en nom collectif. Un investisseur a fait de même, accusant BSC d’avoir maquillé ses comptes. Le milliardaire britannique Joseph Lewis, qui estime avoir perdu 1 milliard de dollars dans l’affaire, a jugé lundi que le rachat de BSC, dont il détient 10%, ne se ferait pas – il doit être finalisé d’ici à fin juin.

Première mesure annoncée par JP Morgan : son intention de se séparer de la moitié des 14000 salariés de la banque rachetée. Bank of America, qui a acquis la grande caisse d’épargne Countrywide, au bord de la faillite elle aussi, prévoit, de son côté, une vague de "concentrations" bancaires aux Etats-Unis. »

Sylvain Cypel.

 http://www.lemonde.fr/economie/arti...

Messages

  • Nous vivons une situation où seul l’Etat peut sauver le secteur privé

    J’espère que c’est pour rigoler.

    Parce que pour mon cas je ne souhaite absolument pas qu’un quelconque "état" qui nous a pillé pendant des decennies "sauve" quoi que ce soit des requins qui se sont gavés avec le peu d’argent qu’il accepte jusqu’ici de nous reverser pour notre survie.

    Les grandes banques et le reste des capitalistes, qu’ils crèvent dans leurs dollars en bois. Et leurs salariés, qu’ils se battent pour se réapproprier les richesses qu’ils produisent, au lieu de mendier un morceau de la part congrue des autres exploités dans des "plans sociaux" a-sociaux.

    Et alors je serais d’accord, non pour qu’on les sauve, mais pour qu’on mette à leur place les institutions d’état auxquelles le labeur des travailleurs leur donne droit.

    Et dire qu’il y en a qui prennent Le Monde comme un "journal de référence".

    Référence mon c..l, oui !!!

    G.L.

    • exactement,

      battons - nous pour reprendre nos richesses à ceux qui nous on spoliés,
      les patrons nous sopient de la valeur de notre travail si nous sommes leurs salariés,
      les caisses de cotisations nous spolient de la valeur de notre travail si nous sommes freelance ou artisants
      l’état nous spolie de ce qui nous reste avec un petit mais quand même significatif impot sur le revenu

      patron et état complices dans la spoliation

      camarades ouvriers et freelances, camarades coopérateurs et indépendants,

      tous unis contre les prélèvements et spoliations diverses

      fuck the system