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Oaxaca, appel à la société civile nationale et internationale
Publie le mardi 3 octobre 2006 par Open-PublishingMexico, DF, septembre 2006.
A la société civile nationale et internationale,
Aux organisations non gouvernementales des droits humains nationales et
internationales,
Aux médias honnêtes, nationaux et internationaux,
Nous, intégrant et représentant des organisations et collectifs du
District fédéral (DF) de soutien à l’Assemblée populaire des peuples
d’Oaxaca (APPO), nous dirigeons à vous pour vous faire part de notre
préoccupation au sujet de la violation systématique des droits humains et
des droits des peuples d’Oaxaca durant ces dernières années et qui s’est
intensifiée ces derniers mois. Nous lançons aussi un appel urgent à la
solidarité avec Oaxaca, vu l’incessante violence perpétrée par le
gouverneur non reconnu de cet Etat, Ulises Ruiz Ortiz (URO).
La demande principale, incontournable, du mouvement populaire et des
maîtres d’école est le départ immédiat d’Ulises Ruiz. Cette demande s’est
exprimée à la suite de la violente répression exercée le 14 juin contre
l’occupation pacifique du centre de la capitale de l’Etat par le corps
enseignant. Face à la violence perpétrée par le gouvernement de l’Etat, la
population oaxaquénienne de la capitale et des autres régions ainsi que de
nombreuses organisations sociales et indigènes ont manifesté leur
solidarité aux enseignants en lutte. Ces organisations et la population en
général ont intégré, en coordination avec la Section 22 du Syndicat de
l’éducation, l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca (APPO), dont la
demande principale est la disparition des pouvoirs constitués, à laquelle
s’ajoutent la libération des prisonniers politiques, la fin de la
répression, la condamnation des auteurs des cinq assassinats et la
satisfaction des demandes économiques et sociales du corps enseignant.
A Oaxaca, le peuple commence à s’organiser pour palier l’absence d’un
gouvernement définitivement rejeté par la majorité des gens ; cependant,
le gouvernement fédéral, l’exécutif comme le législatif, qui se trouve
dans le District fédéral, ne prend pas en compte les demandes légitimes
des peuples d’Oaxaca, permettant ainsi l’escalade de la violence provoquée
par Ulises Ruiz. Cela engendre des situations de confrontation inégales
entre les escadrons de la mort et les enseignants et l’APPO, dans
l’intention de créer une situation justifiant l’intervention de l’armée.
Le but recherché est de maintenir une tension constante avec
l’intervention des escadrons de la mort, des paramilitaires, des
"parapoliciers", des troupes de choc et des provocateurs. Depuis le 14
juin, il y a eu autour de 17 arrestations de dirigeants, dont certains
sont encore en prison.
Les faits de violence provoqués par Ulises Ruiz ont été entre autres :
Le 22 juillet, l’attaque armée des paramilitaires (policiers en civil)
contre les installations et les manifestants qui se trouvaient à la
station de radio de l’Université autonome Benito Juarez (UABJO).
Le 1er août, des femmes d’Oaxaca se sont emparées pacifiquement de la
télévision de l’Etat ; deux jours plus tard, les mêmes paramilitaires
tirent contre la télévision occupée et détruisent une partie des
installations.
Le 9 août, l’agent municipal Andrés Santiago Cruz, Pedro Martínez, de 70
ans, et Octavio Martínez Martínez, de 12 ans, Indiens triquis de l’APPO,
sont assassinés par des éléments du PRI (Parti révolutionnaire
institutionnel) d’URO. A cette même date sont détenus et temporairement
disparus trois membres de l’APPO.
Le 10 août, au cours d’une manifestation exigeant la liberté des
prisonniers, est assassiné par arme à feu José Colmenares et sont
emprisonnés les compagnons Catarino Torres Pereda, Germán Mendoza Nube,
Erangelio Mendozam, le biologiste Ramiro Aragón et Renato Cruz Norales.
Le 21 août, les paramilitaires d’URO entrent avec violence dans les
installations de la télévision de l’Etat ; quelques heures plus tard, les
membres de l’APPO prennent les installations de 12 radios commerciales.
Le 22 août, les escadrons de la mort d’URO font feu dans les rues d’Oaxaca
sur les manifestants et la population civile, avec comme résultat
l’assassinat de Lorenzo San Pablo Cervantes dans la colonia Reforma. Au
cours de cette même nuit, les policiers ont voulu brûler les maîtres
d’école Pedro Solis et Filiberto López, mettant le feu au véhicule dans
lequel ils se trouvaient et leur causant des brûlures de premier et second
degré.
Le 9 septembre, des hommes non identifiés ont mis le feu à un des sièges
de l’APPO.
Le 14 septembre, des policiers encapuchonnés ont lancé des explosifs
contre des barricades, faisant six blessés.
Le 20 septembre, la Police fédérale préventive (PFP) envoie en cachette
des agents à Oaxaca.
Le 24 septembre, les mêmes paramilitaires du groupe d’URO font feu sur les
manifestants de l’APPO qui se trouvaient aux abords de l’hôtel où avait
lieu une interview avec URO.
Le gouvernement d’Ulises Ruiz Ortiz continue à être celui de "la loi du
gourdin". Toute cette vague de violence d’Etat et l’indifférence du
gouvernement fédéral face à ces faits ont provoqué la rupture du dialogue.
Après plusieurs sessions, le ministère de l’Intérieur a montré plus une
complicité pour raisons politiques partisanes qu’un réel intérêt à
résoudre le problème.
Face à cette situation, l’Assemblée des peuples d’Oaxaca continue à
réaliser des actions pacifiques, comme la marche qui bientôt arrivera dans
la capitale du pays pour exiger du Sénat qu’il prononce la disparition des
pouvoirs à Oaxaca, mettant ainsi fin à une situation critique.
D’autre part, l’APPO convoque une Rencontre nationale et internationale de
solidarité avec les peuples d’Oaxaca, qui se réalisera le 14 octobre
prochain dans la ville d’Oaxaca.
Face à la poursuite de la répression et aux menaces d’une intervention de
la Police fédérale préventive (militaires déguisés en policiers), avec
l’inévitable bain de sang que cela impliquerait, nous faisons un appel
pour nous maintenir en alerte et convoquer à des mobilisations au niveau
national et international afin d’exiger que s’accomplissent les demandes
légitimes de l’APPO et le respect des droits humains.
Du Congrès national indigène : Conseil citoyen d’Union Hidalgo, Oaxaca ;
Conseil indigène populaire d’Oaxaca - Ricardo Flores Magòn ; Xochimilco
Zapatista, DF.
De l’Autre Campagne DF : Collectif zapatiste Jetitas ; Mouvement pour la
paix dans la justice et la dignité ; Coordination en soutien et solidarité
à la Palestine ; Un pont à l’espérance ; Maison de tous les peuples.
A titre individuel, des compagnons de la CNTE Seccion 9 et 10.
Pour plus d’information, la page de l’APPO :