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Obama n’a cédé en rien .... faut le dire à Sarko !

Publie le vendredi 10 avril 2009 par Open-Publishing

Danièle Fonck, redac. chef tageblatt

Obama n’a cédé en rien

G20, OTAN, sommet USA-UE : le nouveau président américain était attendu à bien des égards pour sa première visite sur le continent européen et il n’a pas déçu ceux qui espéraient un changement de style. L’homme est jeune, dynamique, affable, souriant et, cela ne fait aucun doute, hautement intelligent. Le fait d’être accompagné par son épouse Michelle, une femme de caractère et d’une agréable élégance n’a fait que renforcer l’impression d’une ère nouvelle à la Maison Blanche. La First Lady, forte personnalité et brillante intellectuelle rehausse le prestige de Barack Obama dont l’ensemble du parcours, depuis la Harvard Law School, est un sans-faute dans la mesure où le jeune métis venu d’Hawaï a abouti précisément là où il comptait arriver, sans toutefois renier ses idéaux affichés. C’est suffisamment rare en politique pour être mis en évidence.
Reste bien sûr à voir au fil des mois et des ans s’il parviendra à garder le cap qu’il s’est fixé ou si les rouages de l’administration finiront par en infléchir le cours. En attendant, les Européens ont pu le juger sur trois dossiers qui ne sont pas des moindres. Or il s’avère qu’en l’occurrence, Barack Obama n’a rien cédé à l’Europe et n’a en rien cédé, si ce n’est qu’il se montre ouvert, écoute et dialogue sans pour autant et sans jamais changer de stratégie.

Dollar, gendarme, puissance

A Londres, au milieu des chefs d’Etat et de gouvernement des pays les plus développés économiquement, il ne fut pas question un seul instant de remettre en question le dollar comme devise de référence comme l’avait – entre autres – préconisé la Chine. C’est le billet vert qui permet aux Etats-Unis de réguler la politique économique internationale et ils ne s’en priveraient pour rien au monde.
Pas question non plus de modifier la stratégie atlantiste, l’OTAN étant destinée à devenir à longue échéance le gendarme du monde. Un gendarme prêt d’ici 20 à 30 ans lorsque la Chine aura pris pleinement ses marques comme hyperpuissance.
Sous prétexte de parité dans le dialogue et après avoir réintégré dans le système la France qui œuvrera dans le commandement militaire sous égide américaine, quitte à avoir obtenu quelques bonbons sous forme de commandements ponctuels, sous prétexte d’avoir – contrairement à l’administration bushienne – remis l’échange et la concertation à l’ordre du jour, Barack Obama conduit l’Alliance atlantique là où il souhaite imposer l’ordre américain. Tous les pays membres auront le droit de participer à la mission et tous contribueront à financer les efforts présents et à venir.
La puissance étasunienne demeure intacte et seuls les naïfs se laisseront bluffer par la forme au détriment du fond.

Dernier dossier : les relations avec l’Union européenne.

Avant de venir sur le „vieux continent“, Barack Obama a pris soin de s’assurer de l’infaillible loyauté du traditionnel allié britannique. Gordon Brown, en échange de son statut spécial et historique, a eu droit à une concession : les Channel Islands, paradis fiscaux par excellence, ont échappé à la liste grise, voire noire. Du coup, il pourra s’appuyer au fil du temps sur Londres pour insister sur l’adhésion turque à l’Union européenne.
Dans l’immédiat, Sarkozy s’y oppose. Une fermeté dans le verbe qui s’inclinera au fur et à mesure. La situation est plus compliquée avec Angela Merkel qui, à l’instar de tous les grands partis politiques allemands, est confrontée à l’hostilité croissante de la population face à pareille perspective, la communauté turque s’étant trop ghettoïsée pour imposer ses règles du jeu au pays d’accueil.
Bref, Barack Obama a fort bien manoeuvré. L’obamania demeure intacte en Europe et le président a assis l’autorité de son pays et, ainsi, la sienne.
Admirable, non ?

Posté sous Editoriaux

Ecrit par admin le 9 avril, 2009