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On a besoin d’un projet politique qui ne déçoive pas...
Publie le dimanche 14 septembre 2003 par Open-PublishingFête de l’Humanité
" On a besoin d’un projet politique qui ne déçoive pas une nouvelle fois les couches populaires. "
( Marie-George Buffet )
José Bové a éclipsé samedi l’ouverture des débats politiques de la Fête de l’Humanité, transformant par sa simple présence en forum anti-mondialisation la grande manifestation organisée par un Parti communiste en pleine crise d’identité.
L’omniprésence du très médiatique porte-parole de la Confédération paysanne, invité par la secrétaire nationale du PCF Marie-George Buffet après avoir été privé de voyage à Cancún, a fait grincer quelques dents en interne, notamment du côté des amis de Robert Hue.
Le maire de Montigny-les-Cormeilles, en retrait depuis ses calamiteux 3,37% à la présidentielle de 2002 et sa défaite aux législatives, faisait justement son retour samedi matin à la "Fête de l’Huma". Devant les communistes de l’Hérault, il a dénoncé la "dérive gauchiste" du PCF, qui consisterait à "laisser le terrain à ceux qui cherchent à constituer un centre-gauche avec une partie de la droite".
Souhaitant que "les communistes soient pleinement eux-mêmes", Robert Hue a renvoyé dos à dos un "splendide isolement" du Parti communiste et la "démarche par étapes" proposée par Marie-George Buffet, "d’abord le débat citoyen, ensuite les alliances politiques". "Ce serait dans les mots parler de démarche citoyenne et dans les faits s’en tenir aux recettes du passé", a-t-il lancé.
"Il y a là un enjeu de taille : ou la France bascule dans le camp des pays à alternance molle, qui servent toujours les plus riches et trahissent toujours les plus humbles, ou elle se dote d’une gauche digne de ce nom, dont chacune des composantes admet qu’elle n’est pas seule", a souligné l’ancien secrétaire national.
"Je ne pense pas qu’un parti politique doive être un mouvement social-bis", a renchéri Marie-Pierre Vieu, membre du comité national et proche de l’ancien président du PCF, quelques minutes avant l’arrivée de José Bové.
Accueili par une forêt de micros et de caméras, le porte-parole de la Confédération paysanne s’est défendu de vouloir récupérer la fête, en faisant la distinction entre le mouvement social et les partis politiques.
"On a un mouvement social qui avance, qui a gagné son autonomie cet été sur le Larzac", a-t-il expliqué. "Les partis politiques, à eux de faire leur travail à partir des réflexions du mouvement social, de faire des propositions dans le cadre institutionnel du pays. A eux d’assumer cette responsabilité".
"La Fête de l’Huma (...), ce n’est pas simplement un moment de rassemblement d’un parti politique, c’est un véritable forum de débat qui dépasse une seule organisation politique", a estimé José Bové, rappelant qu’il fait partie des amis du quotidien communiste depuis plusieurs années.
Le porte-parole de la Confédération paysanne a ensuite participé brièvement au "Forum pour un autre monde" en compagnie notamment de l’ancien ministre communiste Jack Ralite et de Christophe Aguiton d’Attac, devant plusieurs centaines de militants massés sous un petit chapiteau. Après avoir déchaîné les applaudissements par son discours anti-OMC, il s’est éclipsé rapidement.
De son côté, Marie-George Buffet s’est défendue de faire le grand écart. La présence de José Bové, "c’est la réalité de la gauche", a répliqué la secrétaire nationale du PCF, en souhaitant "dépasser" ce débat.
"On a besoin d’un projet politique qui ne déçoive pas une nouvelle fois les couches populaires. Pour cela, il faut qu’on travaille à gauche avec le mouvement social, avec les citoyens dans la confrontation des forces de gauche. La fête est à l’image de cela", a souligné l’ancienne ministre la Jeunesse et des Sports.
"C’est cela qu’il faut qu’on fasse aujourd’hui. Ou alors, on n’a pas compris ce qui s’est passé le 21 avril 2002", a-t-elle lancé, avant d’accueillir le maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë.
Les débats devaient se poursuivre dans l’après-midi avec les venues annoncées de Bernard Thibault (CGT) ou encore d’Olivier Besancenot (LCR). LA COURNEUVE (AP)