Accueil > "On ne peut pas voir la triche sur les machines à voter"

"On ne peut pas voir la triche sur les machines à voter"

Publie le samedi 10 mars 2007 par Open-Publishing
10 commentaires

"On ne peut pas voir la triche sur les machines à voter"

entretien recueilli par Nicolas Etheve paru dans La Marseillaise du 5/03/07

Suffrage universel. Alors que plus d’un million d’électeurs risquent d’être face à une machine électronique lors du prochain scrutin, l’informaticienne Chantal Enguehard sonne l’alerte.

C’est en faisant son travail d’universitaire que Chantal Enguehard est tombée sur l’affaire des machines électroniques à voter. Après avoir "lu toute la littérature sur le sujet", le maître de conférence en informatique à l’université de Nantes a publié un rapport inquiétant quant aux respect des exigences élémentaires du suffrage universel. Alors que plus d’un million de Français risquent d’utiliser cette machine lors des Présidentielles, cette étude n’a pas échappé aux Amis du Monde Diplomatique qui on invité Chantal Enguehard lundi soir à Montpellier pour une conférence-débat.

Comment fonctionne la machine à votez ?

Vous arrivez dans un isoloir, il y a une machine devant vous qui vous présente sur un écran les noms des candidats. Vous votez pour celui de votre choix en appuyant sur un bouton, vous confirmez, vous sortez, vous signez et vous partez, c’est fini !

Quand ces machines ont-elles été introduites en France ?

Le règlement technique des machines à voter a été publié par le ministre de l’Intérieur en novembre 2003. Il fixe 114 exigences qu’elles doivent respecter. L’une d’elles précise que le bulletin de vote doit être dématérialisé. C’est le gros problème. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et tous les grands universitaires du monde disent qu’il y a un danger en cas de dématérialisation du bulletin, parce qu’il est facile de frauder ces machines. Par exemple, vous n’avez aucune preuve que votre vote soit bien enregistré dans la machine ! Vous pouvez très bien voter pour la candidat A ; la machine inscrit que vous votez pour le candidat A et elle compte le vote pour le candidat B. Qui pourra s’en rendre compte ? Quand vous achetez quelque chose sur Internet, vous vous attendez à recevoir le bien que vous achetez et vous vérifiez sur votre compte en banque que la somme a été débitée : vous avez des preuves vérifiables dans le monde réel. Avec les machines à voter, de quoi allez vous vous plaindre si le résultat ne vous plaît pas ? On va vous traiter de mauvais joueur, parce que même si la machine inverse les voix de deux candidats, on ne pourra jamais s’en rendre compte.

Des dysfonctionnements ont déjà été observés …..

Le dernier en date, c’est en Floride en novembre 2006. L’élection s’y est jouée à 400 voix d’écart, mais plusieurs milliers de voix semblaient avoir disparu. Suite à cette anomalie, une enquête a été diligentée par le gouverneur. Les conclusions du laboratoire de l’université de Floride sont graves : ces machines ne sont pas sûres, on peut facilement trouver leurs codes secrets et ils ne peuvent pas être changés. De plus, on peut, en quelques minutes, installer un programme fraudé qui vole des voix au profit d’un candidat et se propage de machine en machine ! Cette enquête a été menée sur les machines à voter i Votronic d’ES§S dont va s’équiper la commune d’Issy-les- Moulineaux. La France s’équipe de ce mauvais matériel au moment où les Etats-Unis le mettent à la casse !

Les machines ont un double danger : la triche et l’erreur. Lequel est le plus nuisible ?

Les dysfonctionnements sont moins graves, parce qu’en général, ils se voient. Concernant la triche, plus on est proche d’une machine, plus on peut la frauder. N’en déplaise aux élus, ceux qui trichent, ce sont les élus, pas les électeurs. Pour nous rassurer, les mairies nous disent que les machines sont sous clé. Mais qui a la clé ? Pour les urnes, deux personnes différentes ont une clé pour que personne ne puisse intervenir seul. Est-ce que deux personnes différentes ont les clés du lieu où sont stockées les machines. En plus, la fraude peut intervenir bien en amont. Les vendeurs de ces machine, je ne sais pas qui ils sont, ils ne sont pas assermentés, leur intégrité reste à vérifier. Nous n’avons aucune raison de leur faire confiance.

Est-ce qu’il y a eu des cas de triche avérés ou est-ce que le diagnostic est hésitant ?

Ce qui est formidable, c’est que ne peut pas voir la triche sur les machines à voter ! Si on change un programme plusieurs avant, il n’est fraudé que pour la période du vote. Donc, rien ne se voit quand le programme est testé. Nous sommes face au danger d’une crise politique majeure. Si les élections se font
avec un faible différentiel de voix, la fraude sera suspectée d’avoir fait basculer les élections ! Faisons des élections propres avec des bulletins de vote que chacun pourra recompter le soir des élections.

Pour en savoir plus et signer une pétition contre les machines à voter, consultez le site suivant : ordinateurs-de-vote.org

Messages

  • y en a mème qui donnes déja le résultat notament a neuneuilly ceci dit faut virer ces bécannes pourries

    le p’tit coco prolo.

  • Ces machines sont hautement piratables, chères à l’achat et à l’usage,... pour des avantages attendus insignifiants (le principal - le seul ? - avantage prouvé étant la rapidité de dépouillement, mais qu’est-ce qu’on en a à foutre ?). Donc, au minimum, les majorités municipales qui décident de s’équiper de ces machines sont coupables de dilapidation d’argent public par naïveté et incompétence. Mais quand on voit la précipitation, l’acharnement et l’aveuglement avec lesquelles de nombreuses grandes villes de droite ont décidé de s’équiper en machines de vote on peut penser qu’il s’agit d’autre chose (à qui cela profite ?).
    En attendant, il faut tout faire pour informer nos concitoyens, mobiliser nos élus, faire le maximum de bruit pour faire connaître ce danger et EXIGER UN MORATOIRE sur l’utilisation de ces machines.

  • En attendant de faire inscrire dans la constitution l’interdiction des machines à voter, il faut :

    Organiser des sondages sortis des urnes dans toutes les villes où il y a des machines à voter. Ça permet de contrôler la triche, car les sondages sortis des urnes sont très précis : en effet, on ne demande pas aux gens pour qui il voteront dans quinze jours, mais pour qui ils viennent de voter !

    Ce sont les sondages sortis des urnes qui avaient permis de déceler la triche de Bush en 2004 :

    http://bellaciao.org/en/article.php...

  • Dans une commune Bruxelloise une machine a donner 20.000 voix au candidat d’une petite formation pour lequel personne n’avait voté et c’est suite à cela que l’on s’est rendu compte. Le vote en Belgique etant obligatoire, nous ne voyons pas comment on pourrait sortir de cette situation.Ils ont coulé le vote informatique dans une loi.
    Nous allons bientôt voter pour un nouveau gouvernement, et aucune solution à l’horizon, si tu votes pas, 75 euro d’amandes. Vive la démocratie Belge.

    lulia

    • Il me semble qu’au Vénézéla il y a aussi le vote éléctronique mais la machine imprime un bulletin avec le nom de la personne pour laquelle l’on vote et ce bulletin et ensuite mis dans une urne ce qui permet en cas de contestation de virifier. Cela doit pouvoir ce realiser aussi en France ?
      MIG.

    • A la limite, pourquoi pas double vote, un dans l urne traditionnelle

      s ils n eveulent pas , INSTALLONS NOS URNES TRADITIONNELLES DEVANT LES MAIRIES

      cela fera une grande fete et au moins on sera sur de ne pas se faire voler la democratie !!

      Bref, il n y a pas de fric pour les salaires, pour la sante et l education, mais pour les conneries inutiles ls robinets sont grands ouverts

      je suis CONTRE ces machines à la con

      on n ’ est pas des robots

    • Oui mais si on se rend compte de rien ? on vérifie rien et les machines auront permis quand même la fraude.

      Il faut refuser toute forme de machine à voter, les saboter serait peut-être pas mal. certains fauchent les champs de maîs transgéniques, pourquoi pas faucher les machines à voter ?

  • Une pétition nationale pour le maintien du vote papier est désormais disponible à l’adresse : http://recul-democratique.org/petition/

  • A Issy-les-Moulineaux, "les Conseillers de quartiers organisent des permanences de marché et de quartier en vue de familiariser les électeurs isséens avec le fonctionnement des machines à voter qui seront utilisées à l’occasion des élections présidentielles et législatives."

    Utiliser les conseillères et les conseillers de quartier pour valider l’utilisation de nouvelles technologies est une initiative intéressante. Cela permettra à toutes et à tous de comprendre comment fonctionnent réellement ces ordinateurs et pourquoi ils constituent une régression inadmissible dans notre dispositif de vote par rapport au système actuel. J’espère en tout cas que vous défendrez la transparence du système de vote français, quel que soit le dispositif mis en place.

    La démocratie est le pouvoir du peuple. Ce dernier, par l’élection, confie l’exercice du pouvoir à des représentants. Le jour de l’élection, le peuple reprend le pouvoir pour redonner mandat à ses représentants. Notre système manuel de vote repose sur deux piliers : la garantie de l’anonymat du vote (personne ne doit savoir pour qui nous votons) et la transparence du dépouillement réalisé par les électeurs qui redonnent le pouvoir pour un mandat. L’isoloir, institué en 1913, avec l’urne transparente qui apparaît en 1988 afin de permettre à tous de voir les votes sans en connaître la teneur, garanti le premier pilier. Le dépouillement public est le deuxième axe de la validation du scrutin : les enveloppes sont comptées, leur nombre doit correspondre au nombre d’émargements. Elles sont ensuite regroupées par 100, chaque paquet étant dépouillé selon un rituel connu, sous le regard des électeurs présents, par des groupes de 4 citoyens volontaires. Chaque cent donne lieu à un bordereau récapitulatif, signé par les scrutateurs. Les procès verbaux récapitulent ces bordereaux une fois l’ensemble du dépouillement réalisé. Alors est connu le résultat du bureau de vote et les bulletins peuvent être détruits en présence des électeurs.

    Les ordinateurs de vote ivotronic que le maire a décidé d’acheter ne garantissent aucunement la sincérité des votes.
    Elles présentent indéniablement un progrès dans l’ergonomie et l’accessibilité au scrutin pour les personnes atteintes d’un handicap. Elles facilitent le travail des services municipaux. Les 114 critères d’agrément du ministère de l’intérieur portent essentiellement sur l’ergonomie des machines et leur accessibilité. Il n’y a aucun critère d’évaluation du logiciel de fonctionnement de l’ordinateur.

    Se pose alors la question de la sincérité du résultat. En effet, tout peut paraître "normal" à l’électeur, mais rien ne lui garanti que c’est bien le vote qu’il a effectué qui a été comptabilisé dans la mémoire de l’ordinateur. La machine donnera un résultat qui paraîtra normal, mais on ne sait pas comment il aura été établit. Il ne sera pas possible de faire la preuve d’un mauvais comptage, intentionnel ou accidentel.

    Nous sommes obligés de faire une confiance aveugle au logiciel interne. On sait pourtant que l’informatique en général n’est pas fiable. Les rapports et les preuves d’erreurs ou de dysfonctionnement de ces machines à voter sont nombreux. On sait aussi que personne n’a jamais pu examiner ces logiciels qui ne sont pas protégés contrairement à ce qu’affirme le fabricant. On sait que n’importe quel informaticien peut, en amont, pirater le logiciel pour y mettre des instructions aléatoires qui ne seront pas détectables aux citoyens qui tiendront les bureaux de vote.

    Contrairement à ce que dit M. Santini, le logiciel de ces machines n’est pas publics. Le bureau Véritas a eu seulement accès aux présentation du constructeur américain qui a interdit au gouvernement français des expertises indépendantes. ES&S, le constructeur américain est d’ailleurs poursuivi au pénal par certains États américains pour obstruction au contrôle.

    Ce "trou noir" dans le dispositif électronique introduit le doute. La démocratie ne peut pas fonctionner sur le doute du résultat. La légitimité des personnes élues qui repose sur l’intégrité du scrutin devient contestable.

    Puisque les supporter de ces ordinateurs de vote ne peuvent pas dissiper ce doute tant que les logiciels ne seront pas contrôlés par des organismes indépendant comme le demandent la CNIL et l’OSCE, ils accusent maintenant ceux qui alertent l’opinion d’être "allergique au progrès" (A. Santini lors d’une table ronde organisée par la Fondation pour l’innovation politique le 1er mars).

    La modernité sans questions n’est pas nécessairement une avancée. Le progrès est bien d’améliorer ce qui existe sans perdre les qualités de ce que l’on fait évoluer.

    Les machines à voter actuelles sont peut-être un progrès pour les systèmes démocratiques comme les Etats-Unis qui n’ont pas encore atteint notre niveau de transparence. Leur système démocratique est toujours en évolution et les incidents de ces machines poussent le Congrès américain, Républicain et Démocrates unis, à imposer par la loi une nouvelle génération de machines qui permettront une meilleure transparence et un recomptage des voix en cas de doute sur le résultat.

    Nous avons acheté à Issy-les-Moulineaux les machines que le nouveau gouverneur républicain de Floride, succédant à Jeb Bush le frère du Président, a décidé de mettre à la casse les ivotronic pour les remplacer par des ordinateurs qui permettent l’édition d’un ticket validé par l’électeur.

    Aujourd’hui, ce n’est donc pas un réel progrès que de s’équiper de machines obsolètes dans leur pays d’origine sous prétexte d’améliorer notre système électif. Il faut améliorer la fluidité de notre dispositif, permettre le vote de tous, rendre le résultat accessible plus rapidement pour les média. Pour cela le progrès technique doit accompagner ces améliorations, sans nous faire perdre la transparence et le contrôle citoyen que beaucoup d’autres pays nous envient.

    J’espère que ces éléments et les preuves que vous pourrez trouver dans les liens ci-dessous vous montreront que nous ne sommes pas dans une opposition de principe mais dans la recherche d’une action conjointe pour améliorer notre démocratie. Les dangers des ivotronic sont réels, le doute sur la comptabilité des votes et le mode de construction des résultat ne sont pas tolérables. Ces machines ne sont pas acceptables en l’état.

    Laurent Pieuchot
    Conseiller municipal d’Issy-les-Moulineaux

    Des liens pour en savoir plus :
    Sur les machines ivotronic dont Issy est équipée :
    http://oumph.free.fr/textes/vote_electronique_ess_ivotronic.html

    Rapport d’experts en Floride sur les défauts du système (OS) de la machine ivotronic ayant abouti à sa mise au rebut par le gouverneur de l’État (voir en particulier la page 57). C’est en anglais.
    http://election.dos.state.fl.us/pdf/FinalAudRepSAIT.pdf

    Sur les questions que pose le vote électronique aujourd’hui en France et dans le monde :
    http://www.sciences.univ-nantes.fr/info/perso/permanents/enguehard/

    un article de Chantal Enguehard dans la revue Légalis de décembre 2006
    http://www.sciences.univ-nantes.fr/info/perso/permanents/enguehard/perso/RI_halshs-00085041.pdf

    une vidéo de i>TELE sur les machines "fiables" utilisées à Antony :
    http://www.youtube.com/watch?v=kTeeDmQRm9Y

    mon blog pour les infos données au Conseil municipal :
    http://www.pieuchot.com/2007/01/ivotronic_issyl.html