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Opération anti-kurde en Ile-de-France
par Maxime Azadi
Publie le mardi 31 janvier 2012 par Maxime Azadi - Open-PublishingLa police anti-terroriste française a mené mardi 31 janvier une opération anti-kurde en Ile-de-France, interpellant cinq personnes. Une opération qui montre que la France continue d’être « pleinement solidaire » de la répression en Turquie, malgré la crise sur le génocide arménien.
Cinq kurdes ont été interpellés dans l’Essonne et le Val-de-Marne par la sous-direction anti-terroriste (SDAT) lors des perquisitions effectuées à leurs domiciles dans le cadre d’une information judiciaire menée par le juge Thierry Fragnoli sous prétexte de lutter contre le PKK, Parti des travailleurs du Kurdistan.
Les noms des deux d’entre eux sont Yavuz Aras et Inal Celik, a-t-on appris de sources kurdes. Il s’agit des premières interpellations de kurdes depuis début de l’année 2012, en pleine crise avec la Turquie en raison de la loi pénalisant le génocide arménien.
Le 19 janvier, quatre jours avant l’adoption de cette loi par les sénateurs, l’organisation européenne de télécommunications par satellite Eutelsat, une société anonyme de droit français dont le siège social est situé à Paris, a décidé de suspendre la diffusion de la chaîne kurde Roj TV.
Le 5 janvier, cinq jeunes kurdes ont été condamnés à 5 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris.
La complicité ne connaît pas la crise
Les opérations visant la communauté kurde en France prouvent que la complicité entre Paris et Ankara contre les kurdes ne connait pas la crise. Il ne s’agit pas d’une complicité secrète, car le gouvernement français n’hésite pas à encourager publiquement la répression anti-kurde en Turquie.
Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé avait déclaré « pleinement solidaires » de l’action de la Turquie dans la « sale guerre » contre les kurdes, sous forme de lutter contre le « terrorisme », lors de sa visite à Ankara, le 18 novembre.
Un accord anti-kurde avait été signé le 7 octobre entre la France et la Turquie contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), lors de la visite du ministre français de l’Intérieur Claude Guéant à Ankara. Le ministre français avait affirmé affirmait sa « détermination totale » et « indéfectible » aux côtés de la Turquie contre le PKK.
Ce régime que le gouvernement français s’est attaché avec « détermination totale » a incarcéré 105 journalistes, en majorité des kurdes, mais aussi près de 40 avocats, autant de syndicalistes, des centaines d’élus dont 18 maires et huit députés, 500 étudiants, des milliers d’enfants et de femmes politiques. Avec ce soutien international, le régime turc arrête chaque semaine des dizaines d’autres personnes.
De son coté, le gouvernement français fait de son mieux pour satisfaire le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Le tribunal correctionnel de Paris avait prononcé le 2 novembre 2011 la dissolution du centre culturel kurde.
Selon un décompte du Réseau d’informations libres de la Mésopotamie (ActuKurde), au moins 51 kurdes ont été arrêtés en France au cours de l’année 2011 pour des motifs politiques, atteignant exactement le même niveau d’arrestations de l’année 2010. (http://www.actukurde.fr/)