Accueil > Orange pressée, Traviata perturbée

Orange pressée, Traviata perturbée

Publie le dimanche 3 août 2003 par Open-Publishing

Voice donc ce qui s’est passé hier à Orange (on est rentré que vers 3
heures du mat’)

Nous étions environ une cinquantaine à nous être déplacés, la moitié
venant du collectif de Montpellier, l’autre moitié de Marseille, et
quelques pékins comme moi de Manosque. Donc déception sur la
mobilisation puisque les intermittents du Vaucluse et les contacts que
nous avons de la coordination enseignants du Vaucluse n’étaient pas au
rendez-vous. Grrrrrr : c’est un pb intéressant et j’y reviendrai plus bas.

L’action proposée était évidemment de faire un maximum de bruit pour
marquer notre présence. Vu la faiblesse numérique du groupe et le
terrain hostile, nous avons voté pour décider, en concertation avec les
intermittents à l’intérieur des chorégies, de faire du bruit pendant
l’entracte. A l’intérieur du théâtre, quelques mecs ont réussi à semer
la pagaille au milieu de la représentation en plaçant des alarmes
planquées en haut des gradins qui sonnèrent, ce qui obligea déjà la
représentation à s’arrêter pendant un quart d’heure dans la première
partie de la Traviata.

A l’entracte, on a fait un bruit ENORME avec sirènes, pétards,
trompettes, corne de brume etc... pendant 20 bonnes minutes, et nous
avons terminé en gueulant très fort "chorégie en grève" ce qui a
déclenché une grosse colère du... public des chorégies : le public en a
eu pour son argent puisque nous avons bien assuré le spectacle de
l’extérieur pendant l’entracte ;-). Il y avait autour de notre petit
groupe une nana qui travaille avec Pierre Carles + un autre vidéaste qui
suit tous les mouvements sociaux : ils ont filmé à travers les grilles ce
qui se passait à l’intérieur pendant qu’on gueulait . Dans le public,
des gros mecs rougeauds et en costard s’énervaient et voulaient sortir
du théâtre pour venir nous casser la gueule. Les flics les empêchaient
de sortir (ahaha) ce qui a décuplé leur colère. Le régisseur des
chorégies, dont j’ai oublié le nom et qui est un mec sympa cherchant à
convaincre les intermittents qui bossent sur les chorégies de se foutre
en grève, est venu nous voir pour discuter avec nous et nous donner des
nouvelles. Il va y avoir une nouvelle AG demain ou après-demain pour
essayer d’aller vers la grève en réunissant artistes et techniciens pour
le mardi 5, mais les intermittents ne sont pas très chauds. A la fin de
la représentation, un type ("le régisseur en question ?") est monté sur
scène pour prendre la parole, alors que les artistes étaient encore sur
la scène pour accueillir les ovations. Avant même qu’il ne commence à
parler, énorme huée du public qui est sorti progressivement. Pas
d’embrouille, car à la fin, nous étions sagement attablés à tosser une
bière, histoire d’éviter les lynchages intempestifs de la part des fafs.

Vu le contexte FN de la ville, il est particulièrement grave que la
résistance aux chorégies soit si faible. Gros contraste avec la
mobilisation pour Avignon, en partie liée au fait que l’événement
culturel implique beaucoup moins d’intermittents que le festival de
Montpellier ou celui d’Avignon, en partie parce que justement c’est FN
ici et que peu de gens veulent se frotter dans la lutte antifa. Pourquoi
c’est grave : parce que ça permet au maire de plastronner et de dire que
si les autres maires avaient fait comme lui, il y aurait eu moins de
festivals annulés... Alors please, la prochaine fois, déplacez-vous et
faites passer le mot au maximum d’intermittents pour le 5. Quant à moi,
le 5 je serai déjà sur le Larzac.