PARADOXES

Il existe des mots génériques qui se prêtent à de multiples déclinaisons, comme « paix », « laïcité », « liberté »… Cette diversité, jointe à un goût pour l’inflation verbale, explique sans doute l’adjonction fréquente de qualificatifs. Depuis quelque temps, « positive » et « négative » ont un grand succès. On trouve ainsi : « laïcité positive » ou « croissance négative ». Mais, comble du paradoxe, « laïcité positive » est une expression réductrice, tandis que « croissance négative » est une appellation méliorative de la récession.

Cette singularité est plurielle. Par exemple, alors qu’on pourrait s’attendre à ce que les grands patrons qui ont montré l’étendue de leur incompétence dans leur gestion soient invités à sauter sans parachute, ils reçoivent un parachute, doré de surcroît, pour atterrir en douceur. Dès lors, les banquiers qui ont failli seront-ils soumis à des « sanctions affichées » ou à des « récompenses déguisées » ? Le capitalisme qui prône la libre circulation des capitaux a, dit-on, ses règles.

S’il est en effet aujourd’hui fort indisposé, sa refondation annoncée prendra-t-elle la forme d’un changement en profondeur ou d’une volée de coups de pied dans nos fondements déjà endoloris ? L’absence de pudeur des « forces de l’argent » nous incite à protéger au mieux notre intimité.