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PETITION POUR L’INTERDICTION TOTALE DE L’UTILISATION DES ARMES NON-LÉTALES (FLASHBALL, LB40, TAZER)
Publie le vendredi 17 juillet 2009 par Open-Publishing6 commentaires
De Stéphane Gatti
Pétition à Monsieur le Président de la République française
pour l’interdiction totale de l’utilisation des armes non-létales (flashball, LBD40, tazer) par les forces de l’ordre.

Je veux remercier tous ceux qui ont marqué leur solidarité, relayé l’information et permis qu’on parle de ces actes d’une violence inadmissible. Deux messages m’ont conforté dans la conviction qu’il fallait interdire les armes non-létales.
Le premier message vient du père d’un lycéen nantais qui a perdu son oeil droit dans des circonstances analogues. Il a résumé le rapport du CNDS (commission nationale de déontologie de la sécurité). On y trouve le même scénario qu’à Montreuil :
- le policier tire à bout portant sur une personne désarmée qui ne le menace pas
- les autorités publient des déclarations mensongères
"La CNDS qualifie la blessure du jeune lycéen d’une "extrême gravité (...) dont les séquelles prévisibles sont particulièrement invalidantes puisque M. P.D-L ne récupérera jamais sa vision de l’oeil droit ". "La CNDS " déplore " à ce propos une contre-vérité de monsieur le Directeur central de la Sécurité publique (à Paris), qui a nié par écrit la gravité de la blessure. La CNDS qualifie cette inexactitude officielle, publiée pourtant après la connaissance de deux certificats médicaux " notoirement " connus, d’ " imprudente précipitation " et de " manque de suivi patent " (à moins qu’il ne s’agisse plutôt d’une erreur volontaire ?). La CNDS a auditionné un fonctionnaire de police cagoulé et armé d’un lanceur de défense 40x46 (LBD, flashball de nouvelle génération), auteur présumé du tir, qui a réaffirmé avoir visé un manifestant lanceur de "pierres" en direction des forces de l’ordre sur demande de sa hiérarchie mais il ne l’aurait " pas reconnu " dans la personne du jeune lycéen blessé à l’oeil, à qui il a été confronté. Par ailleurs la famille estime après examen que le site du rectorat ne comportait pas de pierres ou de pavés à jeter, mais seulement du sable ou des graviers". " Ces constatations conduisent la Commission à s’interroger sur ta compatibilité de l’usage d’une telle arme dans le cadre d’une manifestation qui implique une proximité des manifestants et de la police et leur grande mobilité."
C’est toujours un choc de voir les actes brutaux trouver leur place dans le langage de la gestion administrative : évaluation de la riposte, défaut de proportionnalité, légitime défense dans l’usage de la force, absence de nécessité de la riposte, poursuites disciplinaires et peut-être même, blâme pour le policier. Que peut dire celui qui depuis trente quatre ans a eu la chance de se voir vieillir dans le regard bleu de son fils au boucher qui va entourer son acte barbare du langage fleuri de l’administration républicaine ?
Dans ces moments là, la question de la police républicaine sort du chapeau. Dans notre généalogie familiale nous avons plusieurs fois croisé cette police : la police du patron qui fracassa la jambe du premier avant guerre, les GMR (Groupe mobile de réserve) qui arrêtèrent le second dans le maquis pour le livrer aux allemands, les CRS en 68 qui raflèrent le troisième dans les champs de blé de Flins, aujourd’hui les policiers (habillés en robocop) qui ont tiré au visage du dernier sur la place du marché de Montreuil. Qel que soit leur nom, ces polices ne sont que les versions différentes d’une milice du pouvoir. Ces policiers ont agi directement sur ordre préfectoral. La question reste : doit-on doter une telle milice d’un matériel conçu pour terroriser ceux qui auraient des vélléïtés de protestations ?
Le deuxième message commente l’agression du marché par les forces de l’ordre. Montreuil est une petite ville. Des enquêtes auprès des habitants ont été menées par la coordination des intermittents du spectacle. Celui qui était en charge du décryptage a envoyé un mail où il conclut : C’est accablant, je suis en train de retranscrire mais il y en a pour une heure et demie d’enregistrement, En rapprochant les témoignages on en arrive à la conclusion que Joachim était en train de s’éloigner (témoignage concordant de 2 personnes dont une voisine), d’autre part tout le monde dit que Joachim est tombé avec la tête vers la rue de Paris, les pieds vers le bd de Chanzy, à l’opposé des flics, donc il était de dos par rapport au flic. Un flic en civil très calme le visait déjà (flic en position de tir tenue pendant 4 secondes selon deux témoins, un des témoins est un voisin), ce qui veut dire que le flic a attendu que Joachim tourne sa tête vers lui pour tirer à ce moment là.
Si le policier n’a pas hésité à tirer provoquant cette défiguration, en revanche la réalité de la mutilation est sans cesse mise en doute Doute jeté sur la réalité de la blessure alors que dès le premier soir, le 8 juillet l’interne de l’hôtel Dieu avait clairement indiqué qu’il s’agissait de la perte définitive d’un oeil. Doute repris sous différentes formes dans certains journaux. Doute relayé par vos propres amis qui vous demandent s’il n’y a vraiment pas une petite chance ( probablement par gentillesse) de sauver l’oeil. Ce doute devient vite insupportable parce que le diagnostic médical ne supportait aucun doute, parce que la violence du choc ne laissait aucune chance.
Il ne faut laisser aucune chance aux armes non-létales ?
Avec les signataires, je voudrais juste vous demander d’exiger l’interdiction totale d’utilisation des armes non-létales (flashball, ldb40, tazer) par les forces de l’ordre.
Stéphane Gatti
Signez la pétition :
– http://lapetition.be/en-ligne/petit...
Messages
1. PETITION POUR L’INTERDICTION TOTALE DE L’UTILISATION DES ARMES NON-LÉTALES (FLASHBALL, LB40, TAZER), 17 juillet 2009, 19:03
Juste une rectification, ces armes ne sont pas non-létales, la preuve est faite.
1. PETITION POUR L’INTERDICTION TOTALE DE L’UTILISATION DES ARMES NON-LÉTALES (FLASHBALL, LB40, TAZER), 18 juillet 2009, 13:25, par Jean Vidgerbé
Bonjour,
c’est même un rectification d’une importance capitale. Même les fabricants parlent - en toute mauvaise foi - d’armes à létalité "réduite" ou "atténuée" (ça tue juste un peu, quoi !). Voir ici par exemple.
Que les représentants de l’État (ne devraient-ils pas être les nôtres ??) parlent d’armes non létales montre seulement qu’ils font preuve d’encore plus de mauvaise foi que les lobbies de marchands d’armes qui les poussent (paient ?). Ils savent que ces armes sont mortellement dangereuses et ils en généralisent la diffusion.
Or, la banalisation de l’usage de tels engins par une police de plus en plus stupide et violente prouve simplement une chose : cet État ultra-réactionnaire considère simplement que son pire ennemi est la population elle-même.
2. PETITION POUR L’INTERDICTION TOTALE DE L’UTILISATION DES ARMES NON-LÉTALES (FLASHBALL, LB40, TAZER), 22 juillet 2009, 16:13, par Orphée
Au lien dessous est publiée la pétition des organisations (partis, syndicats, et autres organisations) signée CLEJ
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article89270
Il faut ajouter aujourd’hui la publication de cette pétition collective dans le site de la Ligue des Droits de l’Homme France (et qui donne également le lien de la pétition de Stéphane Gatti @ lapetition.be publiée dans le cadre de cet article) :
http://www.ldh-france.org/Face-aux-derives-policieres
(elle est également publiée dans le blog du Syndicat de la Magistrature aujourd’hui)
3. PETITION POUR L’INTERDICTION TOTALE DE L’UTILISATION DES ARMES NON-LÉTALES (FLASHBALL, LB40, TAZER), 22 juillet 2009, 16:58
Personnellement j’ai signé cette pétition.
Mais je voudrais juste dire une chose : il ne faut pas que ce soit une pétition de plus.
il faut qu’il y ait un collectif. Un suivi. Des prises de paroles ponctuelles, des manifestations, bref, un combat par ailleurs.
La Louve
4. PETITION POUR L’INTERDICTION TOTALE DE L’UTILISATION DES ARMES NON-LÉTALES (FLASHBALL, LB40, TAZER), 24 juillet 2009, 21:18, par Blogueur Influent point com
Ouais, y’en a marre des armes non-létales, on veut des armes létales !
1. L’arme qui aveugle, 13 août 2009, 11:29
Si la coordination des intermittents et précaires n’est pas signataire de cette pétition, c’est sans doute parce que la cip signe pas ou peu de pétitions. C’est certainement répréhensible, mais c’est comme ça.
En revanche, la cip s’impliquera dans la préparation des prochaines échéances qui font suite à cette attaque policière. Il est entre autres question d’organiser une soirée de soutien à la rentrée (peut-être le 27 septembre) pour payer les frais de procédure, de publier des textes, etc.
Un pont à souligner, il faut peut-être prendre au sérieux le réalisme du terme "létalité réduite", avec ce type d’armes la police reçoit un blanc seing pour tirer (à la tête, en l’occurrence), en limitant très fortement les risques que la mort survienne, quitte à mutiler, en laissant vivre.
La mise en oeuvre de telles armes semble relever de la logique néolibérale : un gouvernement fondé non pas "simplement" sur (le surplomb de) la souveraineté (attribut central : la légitimité de faire mourir) mais plus profondément ancré dans des relations de pouvoir où il s’agit de guider des conduites, et de laisser vivre et (mieux) faire vivre.