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POUR UN NOUVEAU MODÈLE D’INDEMNISATION DES INTERMITTENTS

Publie le samedi 9 août 2003 par Open-Publishing

PROPOSITIONS POUR UN NOUVEAU MODÈLE D’INDEMNISATION DES SALARIÉS
INTERMITTENTS

L’exercice des métiers des artistes et des techniciens des
spectacles et de l’audiovisuel est précaire - " précaire : dont l’avenir, la
durée ne sont pas assurés ", petit Robert. Réorganisée au sein des annexes 8
et 10 de l’Unedic, l’intermittence tente de pallier cette précarité en
introduisant une continuité de revenu dans la discontinuité de l’exercice de
nos métiers. Elle offre un salaire compensatoire pour tout le travail de
l’ombre, partie engloutie de l’iceberg, qui s’effectue en dehors des
périodes d’emploi. Elle permet, ou devrait permettre la réappropriation d’un
temps de vie pour développer des activités choisies, de la coopération, du
commun sans souci de rentabilité. La mise en place de ce système original a
permis jusqu’ici l’émergence et le relatif maintien d’une culture multiple
et indépendante dans notre pays. Le protocole d’accord - nous pas d’accord -
du 26 juin dernier, en cours d’agrément par le gouvernement, vide de toute
sa substance la nature même et les buts premiers de ces annexes mises en
place en 1964 et 1969, sans rien résoudre de leurs dysfonctionnements. Il
prétend au nom d’une logique comptable écarter de ses rangs, dans un premier
temps, près d’un tiers de ses ayant droit, souvent les plus fragiles,
ceux-là même pour qui ce statut avait été inventé. Simultanément, il rend
plus difficile son accès aux entrants sur ce marché de l’emploi, qui ne
bénéficieront plus du temps nécessaire pour se former, s’associer, élaborer
des projets. Ils enterrent les intermittents au nom du " sauvetage " de leur
régime d’assurance-chômage. Autant dire qu’ils raniment un mort qu’ils ont
eux-mêmes tué.

Nous affirmons que nous ne sommes pas seulement une force de blocage mais
aussi une force de propositions. Nous ne nous battons pas pour le maintien
des annexes 8 et 10 en l’état. Nous pensons que des améliorations doivent
être apportées et nous travaillons à ces améliorations. Mais l’entreprise
est plus large encore. Nous réaffirmons que les annexes 8 et 10 pourraient
offrir un modèle de répartition générateur de richesse culturelle et
sociale. N’est-il pas symptomatique qu’au moment même où l’emploi continu
devient l’exception et l’emploi discontinu la règle, ce régime qui aurait pu
constituer un modèle de référence pour d’autres corps de métiers et
catégories de précaires, soit systématiquement battu en brèche par le Medef,
les syndicats signataires, et le gouvernement, plus occupés à gérer la
dérégulation du travail et de la protection sociale qu’à offrir des
garanties face à la discontinuité de l’emploi.

On pointe sur nous le doigt accusateur d’un déficit conséquent. Si ce
déficit est une réalité, les chiffres annoncés sont sujet à caution et leur
interprétation itou. Pourquoi stigmatiser un déficit quand on sait que les
seules cotisations salariales et patronales sont inaptes à couvrir le coût
des indemnisations ?

Le seul paramètre comptable ne peut répondre de la réalité du secteur
culturel. On nous a accusé d’avoir un coût. Suite aux mouvements de grève en
Avignon et dans d’autres festivals, nous pouvons maintenant nous
enorgueillir d’avoir un prix, puisque nous avons démontré que les richesses
engendrées par notre activité s’étendaient bien au-delà de la seule sphère
culturelle (richesses induites). Mais quand bien même nous ne rapporterions
pas l’argent que nous coûtons, faudrait-il nous intenter un procès en
productivité ? La culture, comme la santé ou l’éducation ont un coût. Une
partie de la richesse que nous produisons est sociale, donc inquantifiable
(production de langage, d’affects, de relationsŠ), et son bénéfice s’étend
bien au delà de notre sphère d’activité.

Nous exigeons le retrait immédiat et sans condition du protocole signé le 26
juin par 6 partenaires sociaux de l’UNEDIC. Au-delà, face à un gouvernement
qui défend l’exception culturelle en faisant régner la culture de
l’exception, au profit d’un nombre toujours plus restreint d’entre nous,
nous affirmons la nécessité :

de nouvelles sources de financement des allocations-chômage, prenant en
compte l’ensemble des richesses produites, marchandes ou non marchandes,
induites ou immatérielles qui doivent venir élargir l’insuffisante assiette
des cotisations.

de négociations et d’un mode de représentation associant Etat, syndicats
confédérés ou non, employeurs et usagers de l’UNEDIC, à travers les
structures qu’ils se sont données ou se donneront.

dans le cadre maintenu d’un système d’assurance-chômage interprofessionnel,
de la mise en place d’un système de calcul de l’indemnisation plus juste et
soucieux de solidarité au sein même de nos professions.

d’ouvrir les fruits de notre réflexion à d’autres catégories de salariés et
de précaires et au-delà des frontières nationales, notamment dans le cadre
européen.

Commission propositions et revendication CIP-IDF