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PUBLICITÉ POUR LE CRÉDIT AGRICOLE GREC DANS LE MONDE DIPLO DU MOIS DE MAI

Publie le mercredi 13 mai 2009 par Open-Publishing

Avez-vous lu la page de publicité rédactionnelle pour le crédit agricole grec dans le Monde diplo du mois de mai ? Dès le titre "L’optimisme des banques grecques" et jusqu’au dernier paragraphe on y fait état d’un optimisme tout à fait extraordinaire face à une crise financière dont "nul n’a encore vu le fond".

D’autres articles moins publicitaires et moins récents semblent mettre en cause le crédit agricole français et une banque grecque Emporiki... mais les journalistes du Monde diplo travaillent et nous informeront bientôt comme leurs amis du Monde qui publient la tribune d’un professeur qui qualifie de "farce" les violences politiques qui continuent d’agiter la grèce...

Enfin, pour finir la lecture d’un article du Figaro qui date un peu sur l’évasion d’un robin des bois grecs en passe de devenir un héros populaire dans tous le pays au grand dam des hommes politiques et des banquiers dont les vols eux restent impopulaires (malgré les efforts louables - combien - de notre journal diplomatique) !


communique crédit agricole

Emporiki Bank - Précisions apportées par Crédit Agricole S.A

Il a été fait état dans la presse d’informations ou de déclarations selon lesquelles les accords signés en 2000 par Crédit Agricole S.A. en vue de l’acquisition d’une participation de 6,7 % dans le capital d’Emporiki Bank comporteraient une clause incompatible avec la loi grecque, et feraient l’objet d’une revue par le Procureur Général d’Athènes.

Crédit Agricole S.A. confirme que ces accords ont été conclus dans des conditions normales et conformes au droit. Il s’étonne de déclarations qui le mettent en cause et qui ne reflètent ni l’état des négociations tenues à l’époque avec Emporiki Bank et la République Hellénique ni l’esprit et les conditions dans lesquels s’est développé depuis lors le partenariat entre ces institutions. Il regrette que ce débat ait lieu au moment où se déroule une importante augmentation de capital d’Emporiki.

Crédit Agricole S.A. a indiqué, lors de l’Assemblée générale des actionnaires d’Emporiki, qu’il prendrait sa décision de souscrire à l’augmentation de capital en fonction des conditions du marché.

Par ailleurs, Crédit Agricole S.A. rappelle qu’il étudiera le moment venu la possibilité d’une éventuelle augmentation de sa participation au capital d’Emporiki, dés lors que le problème du fonds de pension de la banque sera définitivement réglé et que les conditions de prix correspondront à la situation de l’entreprise. Cette position a été exprimée de manière constante dans les contacts réguliers que Crédit Agricole S.A. a, depuis 2000, avec les dirigeants successifs de la banque et la République Hellénique.


article du Monde (avril 2009)

Farce grecque : bilan d’une fausse révolte

Les émeutes qui ont eu lieu à Athènes et dans d’autres grandes villes de Grèce il y a quelques semaines ont amené le pays au bord d’une crise de nerfs, et sont au centre de l’attention de l’opinion publique internationale. Pleins d’empathie pour le populisme et le sentimentalisme, les médias nationaux ont contribué à la création de cet imaginaire de révolte sociale, expression, pour certains, d’une permanente tragédie grecque.

Une vague d’analyses stéréotypées à propos de la révolte des jeunes a balayé les médias, et certains journalistes sont allés jusqu’à prophétiser une explosion sociale, voire une quasi-guerre civile.

Heureusement, nous en sommes très loin. Tout d’abord, ce mouvement n’a pas eu une base sociale spécifique, mais dispersée : des étudiants et des lycéens des quartiers bourgeois, des enfants d’immigrés et des groupes sociaux exclus. Des jeunes ont manifesté avec des "soixante-huitards", des apolitiques à côté d’anarchistes, des maoïstes avec des supporters d’équipes de foot. Et, comme d’habitude, le noyau initial était formé de groupes de jeunes anarchistes qui prennent plaisir à caillasser des magasins et à brûler des voitures dans "leur territoire" universitaire afin d’affirmer leur identité idéologique.

L’opinion générale a désigné la colère comme ressort principal de ces événements. En réalité, les sentiments étaient très divers : d’un côté, la haine et la rage des manifestants du mouvement altermondialiste et anarchiste ; d’un autre, la jalousie des émigrés contre la société de consommation ; d’un troisième, le plus important, le défoulement et le babillage des gamins qui faisaient l’école buissonnière pour participer à un théâtre de rue avec publicité garantie.

La plupart des manifestants ont eu le sentiment agréable de participer à une petite aventure qui fortifiait leur narcissisme, grâce aux transmissions télévisées. La phrase qui se voulait rassurante mais totalement ratée du ministre de l’intérieur, qui a déclaré que "la police sera sur la défensive", a fonctionné comme le feu vert à une participation générale aux émeutes, sans risque ni coût, en toute impunité. Bref, une sorte de plaisanterie sociale.

Ce mouvement n’a même pas vu émerger de nouvelles valeurs idéologiques susceptibles de préfigurer l’évolution des réalités sociales, comme l’avait fait Mai 68. Les manifestants ont trouvé leur point de convergence dans l’opposition à la police, banalité qui se répète depuis trente-cinq ans, mais ils n’ont eu aucune imagination dans leurs revendications, expression de la tradition étatique la plus classique de la gauche grecque ; et pour cause : ce sont les groupes gauchistes et les deux partis communistes qui ont réussi très vite à canaliser le discours public des manifestants.

Les émeutes ont confirmé la crise d’un gouvernement qui affronte de sérieux problèmes de légitimité : il s’est non seulement montré incapable de mettre en oeuvre des réformes indispensables, mais en outre, il est mêlé à plusieurs scandales économiques qui ont réduit sa capacité d’action.

En même temps, les événements ont montré combien la culture politique dominante, installée après la chute de la dictature des colonels en 1974, a contribué à l’impasse actuelle. La Grèce est probablement le dernier pays européen où des valeurs de type "démocratie populaire" imprègnent le discours public, surtout celui des intellectuels et des médias.

Rappelons qu’en 1989, année de la chute du mur de Berlin, la droite, pour des raisons électorales, ne s’était pas gênée pour former un gouvernement de coalition avec le Parti communiste, un des derniers partis staliniens en Europe.

Toute revendication égalitariste rencontre son écho dans cette culture politique, avec pour conséquence indirecte le fait que la violence ne soit pas dénoncée. Cette culture de la violence dite "politique" permet à une mouvance idéologique d’imposer son règne dans plusieurs secteurs de la société.

Ainsi, la loi qui interdit la présence de la police dans les universités au nom de la liberté de penser - et qui existe uniquement en Grèce - permet-elle à l’extrême gauche de s’y imposer par l’intimidation permanente. Des professeurs sont roués de coups ou menacés, un colloque scientifique traitant du communisme est boycotté si ainsi en a décidé le Parti communiste, etc.

Rien n’est resté du mouvement de décembre et du tsunami médiatique qu’il a généré. Rien sauf cette tentation de la violence et de l’anomie. Il est clair que si le discours des médias, des intellectuels et des partis politiques continue à présenter l’occupation des écoles par les lycéens comme "un avenir plein de promesse", la conséquence en sera une réceptivité accrue aux incantations du totalitarisme et du populisme.

L’expérience historique a montré que les révolutions "jeunistes" répandent plus le désastre que le bonheur ; le Cambodge des Khmers rouges et la révolution culturelle maoïste en sont les exemples des plus tragiques.

Heureusement, la "révolte" de décembre 2008 est plus proche de la farce que de la tragédie. Une farce que les enfants se plaisent à monter pour s’amuser.

Nicos Marantzidis est enseignant de sciences politiques à l’université de Macédoine (Thessalonique).


article du Figaro (février 2009)

Le Robin des bois grec nargue la police

Avec son frère, Vassilis Paleocostas braquait les banques et distribuait l’argent aux plus démunis. Pour la deuxième fois, il s’est fait la belle. Les Grecs rigolent.

Depuis trois jours, le bandit Vassilis Paleocostas anime toutes les conversations dans le pays et occupe la une des quotidiens grecs. En s’échappant de la même prison, dans les mêmes circonstances rocambolesques, qu’il y a trois ans, il entretient sa légende auprès d’une opinion qui le considère comme un héros.

Dimanche, en plein après-midi, un hélicoptère s’approche de la prison de Korydallos, la plus grande du pays. Alors que tous les habitants ou presque de cette banlieue du Pirée le photographient avec leurs mobiles, les responsables pénitentiaires ne se rendent compte de rien. Une échelle est déployée dans la cour intérieure et enlève Vassilis Paleocostas, 43 ans, et son compère albanais, nettement moins recommandable, Alket Risai, un tueur à gages de 34 ans. Un des deux gardes en faction part se cacher, l’autre se tire une balle dans le pied. L’évasion du plus célèbre prisonnier de Grèce interrompt tous les programmes de télé et radio, les témoins se relaient sur les antennes, la nouvelle gagne vite tout le pays. Les commentaires affluent par téléphone, SMS, blogs et surtout Facebook. En moins de trois heures, 20 000 nouveaux membres ont rejoint le groupe Paleocostas Airlines, qui témoigne sa sympathie au détenu et célèbre son retour à la liberté.

Les Paleocostas alimentent un mythe en Grèce. Le jeune Vassilis, issu d’une famille d’agriculteurs très modestes de Trikala, une campagne au fin fond de la Grèce continentale, rejette très jeune les conditions de vie de ses parents et de ses quatre frères et sœurs. Avec son grand frère, Nikos, son modèle, il crée le groupe de « Robin des pauvres ». Connus des services de police de la région pour avoir braqué plusieurs bijouteries, les frères Paleocostas font un serment à leurs camarades de village : plus tard, ils braqueront des banques pour leur redistribuer l’argent et leur donner la possibilité de réaliser leurs rêves. À 30 ans, ils s’attaquent à différentes banques de la province et commanditent plusieurs enlèvements. Avec l’argent dérobé, ils aident les familles les plus démunies de la région. À la mairie de Trikala, des fonctionnaires se souviennent : « Ils ont pris en charge les frais médicaux de plusieurs familles très pauvres, ils ont financé les dépenses de nombreux jeunes qui voulaient aller en ville faire des études. Ce ne sont pas des criminelset nous les accueillerons toujours les bras ouverts. »

Mieux que « Prison Break »

Cette popularité des frères Paleocostas inquiète la police et le gouvernement. Le ministre de la Justice a limogé le directeur de la prison et deux hauts fonctionnaires du ministère, il a suspendu le responsable de la politique pénitentiaire. La traque a commencé. Des forces de l’ordre se sont déployées dans tout le pays, les aéroports, gares et ports sont passés au peigne fin. Le gouvernement veut casser le mythe du « Robin des pauvres ». « Ils mettront tout en œuvre pour les arrêter, souligne la criminologue Natacha Petroulia. C’est une question d’honneur, une sorte de vendetta entre la police et les Paleocostas. Les forces de l’ordre se sentent ridiculisées. Mais, ajoute-t-elle, les frères Paleocostas n’ont jamais violé ni tué, se montrent respectueux de leurs compatriotes. Ils n’ont, ni l’un ni l’autre, le profil du criminel traditionnel. Depuis plusieurs mois, avec l’arrivée de la crise, certains groupes d’internautes demandaient leur retour. Maintenant que l’un s’est échappé, peut-être que l’autre (l’aîné, toujours emprisonné à Korydallos) suivra. »

La presse nationale ironise et parle d’un Prison Break à la grecque, d’une bien meilleure facture que la série américaine à succès. « Deux fois la même scène d’évasion de la même prison : Paleocostas est très intelligent. Et avec le soutien populaire, il sera difficile de le traquer », témoigne un inspecteur.

Athènes, Alexia Kefalas (correspondant)