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Pas de trêve pour les roms et les tsiganes

Publie le mercredi 4 novembre 2009 par Open-Publishing

03.11.2009
Une trêve, vraiment ?
Dans la note d’hier, on faisait allusion, en vitesse, à la trêve hivernale entrée en vigueur dimanche en France. Jusqu’au 16 mars, elle interdit d’expulser à la rue tout locataire en défaut de paiement de loyer. Ce week-end, plusieurs associations ont réclamé, dans un communiqué commun (voir là, ou ici : la pétition ad hoc), que cette trêve bénéficie aussi à une forme d’habitat dont on ne parle quasiment jamais : l’« habitat mobile ». A savoir les Roms, tsiganes et autres gens du voyage, dont les campements de fortune flanquent souvent les pourtours glauques des grandes villes de France – et singulièrement ceux de Paris.

Ce n’est pas un petit problème, puisqu’on recense dans l’Hexagone quelque 400.000 personnes résidant dans ce type d’habitat. Pour Médecins du Monde, la Fondation Abbé Pierre ou le Secours catholique, ces habitants doivent, eux aussi, pouvoir passer l’hiver avec la certitude de ne pas être expulsés des campements qu’ils occupent. D’autant que ces déménagements incessants compliquent le travail de suivi sanitaire de ces populations par les travailleurs sociaux. Or, l’on sait qu’en la matière, il y a encore du travail à faire. En 2009, dans la cinquième puissance économique mondiale qu’est la France, on trouve toujours, à quelques kilomètres des boulevards rutilants de la Ville lumière, des enfants qui ne sont pas vaccinés contre des maladies comme le tétanos. Ou des femmes enceintes qui, dans neuf cas sur dix, ne sont pas suivies médicalement pendant leur grossesse.

La semaine dernière, quelques jours donc avant l’entrée en vigueur de la trêve hivernale, 300 Roms ont été expulsés par les CRS du campement qu’ils occupaient à Villetaneuse, en Seine-Saint-Denis (banlieue nord de Paris). Du reste, même lorsque les gens du voyage ne sont pas forcés manu militari de dégager, leurs conditions de vie restent peu enviables et soumises à tous les aléas. Ainsi, jeudi dernier encore, en Seine Saint-Denis toujours, un violent incendie a ravagé un camp de quelque 200 Roms situé à deux pas du Carrefour Pleyel, l’important noeud routier à proximité de Saint-Ouen. Le brasier était si intense et les flammes si impressionnantes que la circulation sur l’autoroute A 86 en a été perturbée. Heureusement, aucun blessé grave n’a été déploré. Mais une cinquantaine de baraques ayant été détruites, les Roms n’ont eu d’autre choix que de plier bagages.

Pour ces gens-là, en tout cas, pas de doute : aucune trêve dans la précarité. Hiver comme été.