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Pékin et Moscou en guerre contre le billet vert ?

Publie le jeudi 6 novembre 2008 par Open-Publishing
7 commentaires

Pour RIA Novosti

Le volet monétaire de la rencontre qui a eu lieu au début de la semaine entre le chef du gouvernement russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Wen Jiabao s’est avéré presque sensationnel. Le premier ministre chinois a déclaré que la Russie et la Chine pourraient lutter contre la crise financière mondiale en conjuguant leurs efforts. Vladimir Poutine a invité, pour sa part, à renoncer au dollar dans les transactions commerciales entre les deux pays.

Cette idée ne date pas d’hier. Un accord "cadre" à ce sujet était déjà intervenu entre la Russie et la Chine fin novembre 2007. La Chine et la Biélorussie avaient convenu à peu près en même temps d’un possible renoncement au billet vert dans les paiements réciproques. Au premier semestre de cette année, ce fut au tour du président iranien Mahmoud Ahmadinejad et de son homologue vénézuélien Hugo Chavez de partir en guerre contre le dollar, en invitant leurs partenaires au sein du cartel pétrolier à renoncer à la monnaie américaine dans le commerce du pétrole, affirmant que le billet vert était en bout de course et que l’heure était venue de songer à une monnaie plus stable et prévisible.

Mais n’oublions pas que les déclarations de Vladimir Poutine, à la différence des appels d’Ahmadinejad et de Chavez, ont retenti à un moment où le dollar progresse et "fait pression" sur l’euro. Qui plus est, les économistes estiment qu’il s’agit non pas d’un renforcement temporaire du dollar, mais d’un changement de tendance radical sur les marchés monétaires mondiaux. Les analystes affirment qu’en quelques mois le dollar va récupérer ce qu’il avait perdu en quelques années de baisse. Par conséquent, pour l’instant, on ne voit à l’horizon aucun facteur capable de mettre un coup d’arrêt à son appréciation constante.

Néanmoins, Vladimir Poutine invite à renoncer au dollar en tant qu’instrument de paiement lors de la conclusion de transactions commerciales avec la Chine. De quoi s’agit-il : d’une méfiance par rapport à l’avenir du dollar, ou bien d’une démarche politique ?

Les avis des experts divergent. Igor Nikolaïev, directeur du département d’analyse stratégique de FBK (PKF), se déclare sceptique : "A mon avis, les propos tenus par le chef du gouvernement russe relèvent plutôt de la politique que de l’économie. Une idée répandue aujourd’hui dit que les Etats-Unis sont la source de tous les maux, c’est pourquoi il faut renoncer au dollar".

Mais il ne faut pas oublier que le dollar devra être remplacé par une autre monnaie : il est peu probable que la Chine accepte le rouble en tant que moyen de paiement, et que la Russie fasse de même avec le yuan. "Il ne reste que l’euro... Mais son avenir est peu clair, surtout à la lumière des événements actuels sur le marché financier mondial. Une autre chose reste incertaine : la Chine acceptera-t-elle l’euro, alors qu’une partie considérable de ses réserves internationales sont libellées en dollars ?", souligne l’expert. Bref, pour l’instant, il y a plus de questions que de réponses, résume Igor Nikolaïev.

Pour être juste, il convient de souligner que tous les analystes ne partagent pas ce scepticisme. Andreï Marintchenko, directeur général de la compagnie Kalita-Finance, estime que le renoncement au dollar dans les paiements entre les compagnies chinoises et russes est bien réaliste. Bien plus, d’après lui, le rouble a aujourd’hui de bonnes chances de devenir une monnaie de réserve, ne serait-ce que parce que les Chinois sont définitivement déçus du dollar et ne se sont pas encore habitués à l’euro.

Qui a raison sur ce point : seul l’avenir nous le dira. On comprend également que le renoncement au dollar dans les paiements réciproques entre la Russie et la Chine est une mesure trop importante pour être prise uniquement sur la base de considérations politiques. Supposons que cela ait été fait. A quoi les Russes devraient-ils s’attendre dans ce cas, comment cette nouvelle réalité financière et politique pourrait-elle se répercuter sur leurs revenus et leurs épargnes ?

De la meilleure des manières, estime Andreï Marintchenko. De l’avis du spécialiste, si le rouble est accepté en qualité de monnaie de paiement, sa demande s’accroîtra considérablement de la part des compagnies chinoises, et même des particuliers chinois. Par conséquent, les positions de la monnaie nationale russe se renforceront, de même que son prestige dans le monde.

Il convient d’ajouter à cela qu’il y aura en Russie moins de bouleversements liés aux chutes du marché des valeurs, et moins de craintes en matière de dévaluation ou de réévaluation, parce que le dollar qui a acquis ces dernières années une réputation de monnaie très instable jouera un rôle bien plus modeste.

Messages

  • Parmi les dirigeants qui souhaitaient abandonner le dollar pour les échanges internationaux, il y avait Saddam Hussein ! Le diable s’y était engagé quelques mois avant d’être renversé par les Ricains. Il souhaitait vendre son pétrole en euros.
    On ne joue pas avec les sous des Ricains ! C’est vilain !

    Eric, Evreux

  • parler de guerre contre le dollar me parait un peu excessif, si c’etait une guerre contre le dollar la chine par exemple vendrait toutes ces reserves en dollars, ce qui aurait un effet devastateur pour le dollar, mais ca n’est pas dans les interets de la Chine, ni des autres pays cité de faire chuté le dollar.

    • il s’agit plutot pour ces pays une volonté de s’emanciper du dollar, de ne plus dependre du dollar et donc d’etre moins dependant de l’economie americaine et par extension des Etats-Unis.

    • S’ils veulent s’émanciper vraiment ils sont assez forts, (Contrairement au Vénézuéla ou à d’autres pays), pour créer une "valeur" commune assise sur l’énergie et les échanges et valable uniquement dans leur zone. Leurs échanges commerciaux entre eux sont assez conséquents et indépendants pour ça.

      Et eux en perspective encore plus.

      Quand aux dollars de la Chine, les mettre sur le marché mettrait certainement les USA en mauvaise posture, mais les quelques 1200 mlliards de dollars qu’elle possède perdraient suffisamment de valeur pour gêner au minimum sa propre économie.

      De toute façon le dollar, tel qu’on l’a connu, c’est fini. Une nouvelle donne se met en place, et même si elle est "capitaliste" c’est un peu mieux qu’avant.

      A voir ce que les peuples vont en faire.

      G.L.

    • Ca me rappelle une vieille blague de cour d’école : " L’homme qui valait trois mollards"...
      En fait nous en sommes là.
      Ca fait belle lurette que le dollar ne vaut plus un kopec. C’est de l’enfumage, et la fumée c’est volatile. La preuve...
      L’important c’est le stock en or (exploité et volé dans le sang !).
      non divulgué par ceux qui le possède.
      C’est pourquoi dans les quartiers chics on assiste actuellement à une chasse au lingot et au Napoléon, sous le manteau. L’or est LA valeur refuge, ils l’on vite pigé eux.
      Problème, il est plus cher à l’achat qu’à la vente.
      Les plus riches commencent, seulement, à grignoter dans la cagnotte de leur potes un peu moins aisés, et, à mon avis, c’est pas terminé...
      Les rapaces deviennent vite des charognards et des couards, ils se bouffent entre-eux comme la vermine ! Qu’ils continuent, on passera les restes au karcher pour pas cher.

    • "La Russie et le Vénézuela envisagent la création d’une banque commune pour un montant de 4 billions de dollars".

      http://iraqwar.mirror-world.ru/arti...

      Dans une banque, et à l’intérieur de celle ci, les échange de valeur intrinsèque, même si ils font référence à une devise commune quelconque, (par commodité et pour concrétiser l’échange), sont toujours virtuels étant donné que la totalité de l’échange ne modifie pas la balance des avoirs communs.

      Je pense qu’il sont en train de trouver le vecteur qui leur permettra de se passer d’une monnaie de référence externe.

      G.L.

  • Une réforme monaitaire mondiale est inévitable. Une nouvelle monaie pour les échanges internationnaux. Les stocks de cette nouvelle monaie dans les banques seraient proportionnels aux stocks respectifs en $, qui eux seraient abandonnés. La production des billets pourrait être dans ce cas controllée par une organisation mondiale constituée de tous les pays membres. Pour l’instant, le controle de la production du $ est a des banques privées...
    Il faut a tout prix éviter une monaie qui émanerait d’un seul Etat. La nouvelle monaie serait ce que l’or était autrefois, une monaie stable acceptée partout.