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« Penser le développement avec des critères environnementaux et sociaux »

Publie le dimanche 3 décembre 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

Par Alain Hayot, membre de l’exécutif national du PCF en charge de l’écologie et du développement durable

Que pensez-vous du pacte écologique ?

Alain Hayot. Proposer à l’ensemble des forces vives de ce pays de signer un pacte écologique est une bonne chose. D’ailleurs, Marie-George Buffet l’a signé. Néanmoins, si nous partageons le constat et un certain nombre de bonnes idées qui s’y trouvent, il y a des éléments de débats essentiels à avoir. Notamment sur l’affirmation selon laquelle la question - écologique ne pose pas un débat de société clivé gauche-droite. C’est une erreur fondamentale. Je ne crois pas, d’ailleurs, au pragmatisme en ce domaine. Fondamentalement, il y a une donnée avérée et incontournable sur laquelle tout le monde s’est mis d’accord, c’est que l’activité humaine provoque les événements que l’on sait sur le réchauffement climatique. Or cette activité humaine, de fait, est issue d’un productivisme industriel et agricole, d’une manière de concevoir le commerce international, les transports, l’aménagement du territoire, l’urbanisme... Bref, c’est une conception de la croissance, de la production et de la consommation dominée par des logiques libérales liées au profit, à la rentabilité maximale, à la concurrence libre et non faussée. Se positionner sur un pacte écologique, oui. Mais en disant clairement que la crise - écologique est le corollaire d’une crise sociale. Qui sont, - ensemble, provoquées par la même crise - systémique.

Quel mode de développement promouvoir ? Croissance, décroissance ?

Alain Hayot. On tente d’introduire ce débat sur la base d’une opposition entre les partisans d’une croissance productiviste, dont nous ne sommes pas, et ceux d’une décroissance absolue qui entérinerait les inégalités au niveau actuel. Il faut sortir de ce débat manichéen et penser un nouveau type de développement qui peut supposer de la croissance. Par exemple, la croissance des services. En l’occurrence, l’eau, la santé, l’énergie et l’éducation doivent être des services publics. Il faut aussi penser les croissances immatérielles, qui ne sont pas productrices de gaz à effet de serre. En parallèle, il faut envisager des décroissances, comme celle des armements. En fait, de tout ce qui est de l’ordre du gâchis généré par la production capitaliste. Au final, il faut penser un type de développement qui intègre des critères environnementaux et sociaux.

Comment s’y prend-on ?

Alain Hayot. Cela se décline autour de trois axes. D’abord le développement de services publics décentralisés, avec des procédures de lien avec les collectivités territoriales, dans tous les domaines concernés par la crise écologique : l’énergie, l’eau, les déchets, l’assainissement, la défense de la biodiversité... Peu importe qu’il y ait un vice-premier ministre, pourvu que le ministère de l’Environnement ait les moyens de se développer et qu’il maîtrise un certain nombre de services publics, comme bras armé de sa politique. Ensuite, il faut une fiscalité incitative fondée selon deux critères : l’égalité sociale et la défense de l’environnement. Enfin, il faut un pôle financier public qui permette d’intervenir dans l’industrie, l’agriculture, la consommation...

Comment convaincre un salarié dont l’entreprise est délocalisée que l’écologie est une priorité ?

Alain Hayot. En l’associant aux décisions sur l’avenir de son entreprise et de la société elle-même. Je suis convaincu que ce projet n’a de valeur que s’il est prolongé d’une démarche de démocratie participative et citoyenne. Aujourd’hui, dans le « couloir de la chimie », dans le Rhône, les travailleurs s’interrogent : on leur dit que les délocalisations seront le fait d’un refus de la chimie dans cette région pour des raisons environnementales. Mais on va aller polluer à l’autre bout du monde. Est-ce que les salariés de ces boîtes n’ont pas les capacités d’envisager le futur d’une industrie chimique dont on a de toute façon besoin ? J’ajoute qu’une politique environnementale peut créer des milliers d’emplois.

Entretien réalisé par V. D.

Messages

  • A condition de ne pas confier au monde néo-libéral cad au profit et à la rentabilité la protection environnementale, l’énergie, bref toutes les ressources.La commission européenne vient de se saisir des conclusions du rapport Stern sur le changement climatique et voit déja tous les bienfaits économiques que l’europe pourrait tirer d’un marché très porteur....à vomir. France

  • Je pense qu’un socialiste aurai pu écrire cela .Hayot ne cite même pas sécurité emploi formation qui doit être le ciment d’une économie tournée vers l’homme ,ou le maillage entreprise territoires "besoin de produire sur place "est a reconquérir, sans que car le capital flingue tout homme et natuel.Pas un mot sur le co-développement .Les économies du sud mis a genoux par cette économie mondialise ou les +fort impose au +faible les bas coût etc etc .très court ce point de vue. Il est grand temps que le PC est une vraie vision sur ce sujet et pas un truc d’amateur . Je ne savais pas qui était en charge de ce secteur
    militant PCF et je vote MGB

    • MGB aurait pu se dispenser de signé le texte de Mr Hulot "personnel embarqué de l’environnement" qui n’est même pas capable de signer une pétition contre un incinérateur en Corse ! Dont l’essentiel de la penseé est libérale et financée par véolia et cautionnée par la Présidence de la république à qui elle sert de caution environnementalle.
      En préalable le chargé de la question au PCF pourrait nous rappeler l’abscence totale de budget du MEDD et ce pas depuis hier. Il pourrait rappeler l’errance des gouvernements de "Gauche" successifs depuis 1981. Non rien a pratiquement changé il n’y a toujours pas d’administration centrale, pas de personnel et pas de moyens le budget est cette année de 869M€ 0.4% du budget de l’Etat celui de la défense est de 42 milliards, tout est dit. Mais plus grave(si possible) la droite et la gauche font des déclarations hallucinantes en matière de politique de l’environnement et prennent régulièrement le problème à l’envers. Les grands corps de l’Etat ne sont pas étranger à cette irresponsabilité dans la réflexion et les partis y trouvent leur compte. La doctrine est : aménageons nous créerons de l’emploi etc.. Et bien non ! Il faut partir de la ressource : de quoi on dispose ? comment on continue et qu’est ce qu’on crée qui n’engage pas le diagnostique vital de la planète ? Il ne s’agit pas de faire la énième loi sur l’eau non appliquée faute de personnel et faute d’éducation, faute de positions claire sur les trois soeurs, la cession ou la régie... Faute de moyens on a mis dans ma commune 10 ans à commencer à appliquer la loi déchets sans aucune réponse crédible sur la gestion départementale des déchets ce qui est pourtant la loi... etc.
      Quand on nous dit :" il faut un super ministère on se moque de qui ?" Il n’y a pas d’argent pour ça. Quant à aller chercher l’argent et les personnels chez les aménageurs et leurs ingégnieurs c’est un doux rêve sur le quel la gauche de Mme Bouchardeau c’est cassée les dents. Les grands corps de l’Etat font bloquent avec les lobbys financiers, associatifs (certains) et syndicaux( certains) dont la CGT de l’équipement, d’Edf etc. La parole des environnementalistes n’a jamais pesée bien loud.
      Que pensez vous de la mise en commun des moyens et des missions de direction régionale de l’industrie et des directions régionales de l’environnement ? A quand un ministère de l’environnement, avec des personnels gérer des plus petites aux plus hautes catégories administratives (Cà A+) formant un véritable CORPS des personnels de l’Environnement, détenteur non seulement des devoirs de conseils et d’études des réglementations mais aussi et conjointement des pouvoirs de police ? A quand un grand ministère avec de réelles directions, qui engloberait effectivement la partie transports, la partie aménagement du territoire, une partie de l’agriculture. Tout cela est encore à discuter mais je m’étonne qu’en 25 ans on est jamais voulu tenir compte de l’avis du Syndicat majoritaire du Ministère et des ses établissement publics sous tutelle LE Syndicat National de l’Environnement. Gilles ( PONTIVY.) colanti56300@yahoo.fr