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Perpignan capitale des nostalgiques de l’Algérie coloniale

Publie le vendredi 30 novembre 2007 par Open-Publishing
4 commentaires

Tout a commencé le 5 juillet 2003. Ce jour là, au cimetière Nord de Perpignan, une stèle est inaugurée par l’ADIMAD, association d’anciens OAS, en présence de Jean-Marc Pujol adjoint au sénateur-maire UMP de Perpignan, Jean-Paul Alduy. Quelques mois plus tard, les deux édiles assistent à un colloque du cercle algérianiste de Perpignan au cours duquel ils engagent le soutien de la Ville pour l’érection d’un « mémorial national des disparus en Algérie entre 1954 et 1963 ». Cet engagement est confirmé par J-M Pujol à la LDH départementale par lettre datée du 17 novembre 2005 : « Nous allons créer dans l’enceinte du Couvent Sainte-Claire, un « centre de la présence française en Algérie » et dans le jardin, un mur à la mémoire des disparus en Algérie. Ces deux projets sont exclusivement portés par le Cercle Algérianiste. ».

Mais quel est donc ce cercle algérianiste ?
Il s’agit d’une association de pieds-noirs à vocation soi- disant « culturelle », gestionnaire d’un musée qui ressemble étrangement à un sanctuaire à la gloire de l’Algérie coloniale. Ses collections qui « témoignent de la richesse humaine, économique et culturelle de cette ancienne province française. » (Source : cercle algérianiste) doivent servir de support au centre de documentation labellisé par la Mairie de Perpignan. Initialement, sa conception et sa gestion devaient être confiées au cercle algérianiste. Depuis peu, ces prétentions semblent avoir été remisées au placard. C’est qu’entre temps, plus de 20 organisations politiques, syndicales et associatives se sont constituées en collectif pour s’opposer au projet du « mur-musée »..

Le collectif du Non au « mur- musée »
C’est en mai 2006 que des militants anticolonialistes du département découvrent (tardivement ?) que depuis 2004, chaque 7 juin, les anciens OAS se rassemblent devant leur stèle du cimetière Nord de Perpignan. Pour le troisième « hommage », plusieurs organisations appellent à un contre-rassemblement et dans la foulée, décident de créer un collectif pour exiger que : - la stèle à la gloire de l’OAS, organisation d’extrême droite, raciste et criminelle, soit retirée du cimetière du Haut-Vernet - le projet du mur des disparus ne voie pas le jour - la création du « centre de la présence française en Algérie" soit abandonnée. Elles en appellent à l’opinion publique et polémiquent par médias interposés avec la Mairie et le cercle algérianiste.

Pour un lieu ouvert sur l’histoire franco-algérienne
En mars 2007, le collectif se prononce « pour un authentique centre de ressources et de documentation consacré à l’Algérie de 1830 à 1962, qui soit un lieu ouvert sur l’histoire franco-algérienne dans toute sa complexité. Un lieu où les mémoires ne soient pas présentées comme l’histoire officielle. » Dans le même temps, à l’instigation de Eric Savarese, maître de conférences à l’université de Perpignan, onze universitaires et chercheurs* spécialistes de l’histoire de l’Algérie engagent un travail sur le thème « Comment montrer l’Algérie au public ? », (rapport disponible à l’adresse http: //www.univ-perp.fr) dont les conclusions provoquent une véritable panique au sein de la Mairie.

Quant est-il aujourd’hui du « mur-musée » ?
Une bataille a été perdue avec l’inauguration le 25 novembre du mur des disparus. Une autre se poursuit : le centre de documentation de Perpignan qui doit s’ouvrir fin 2009 sera-t-il un lieu d’expositions et de recherches où s’écrira l’Histoire : celle des colons, des immigrants et des militaires, mais aussi celle des colonisés et qui sans privilégier ni ignorer aucune mémoire posera un regard apaisé sur ce passé et s’inscrira dans une démarche de réconciliation pour l’avenir.
Rien n’est joué, tout va dépendre de la mobilisation.
Roger Hillel, professeur honoraire des universités, militant-journaliste au Travailleur Catalan, l’hebdomadaire communiste des Pyrénées-Orientales.

*Raphaëlle BRANCHE, Maîtresse de conférences, Université de Paris I, Jean Robert HENRY, Directeur de recherche, CNRS, Jean – Charles JAUFFRET, Professeur, IEP d’Aix en Provence, Claude LIAUZU, Professeur émérite, Université de Paris VII, Gilbert MEYNIER, Professeur émérite, Université de Nancy II, Valérie MORIN, Docteure en histoire, Université de Paris VII, Guy PERVILLE, Professeur, Université de Toulouse Mirail, Eric SAVARESE, Maître de conférences, Université de Perpignan Via Domitia, Yann SCIOLDO – ZURCHER, Docteur en histoire, EHESS, Benjamin STORA, Professeur, I.N.A.L.C.O., Sylvie THENAULT, Chargée de recherche, CNRS

Messages

  • Bonjour,
    tout ce que je peux dire parce que mon père a disparu le 18 juin 1962 en Algérie, sur une route , dans le désordre de l’époque, de cette fin de guerre, c’est que depuis l’âge de 12 ans j’attends de pouvoir me recueillir devant une stèle, sans nostalgie, sans rancoeur, sans animosité (mon père pendant 12 années m’avait appris que l’amour vaut mieux que la haine trop lourde à porter) mais pour "faire le deuil", pour que son nom soit inscrit quelque part, pour qu’il n’y ai pas de "trou" dans le trangénérationnel, pour respecter sa mémoire.

    • Désole mon ami mais ce n’est pas ce que l’OAS a appris à mon père ce même juin 1962... Depuis j’attends toujours que la France reconnaisse avoir assassiné mon père... Que je puisse enfin vivre en paix et donner à mes enfants l’espoir de "paix" qu’ils méritent (...)
      Toute fois je n’ai pas haine contre toi, reconnaissez seulement !

    • Désolé camarade mais comme beaucoup de tes amis tu as tout faux car aveuglé par une idéologie aujourd’hui en perte de vitesse. En Algérie, avant que n’arrive le pétrole on s’aimait. On ne peut pas en dire autant en France ou l’Arabe est vu d’un très mauvais oeil. Les Algériens actuels nous regrettent et nous aussi, là est la véritable nostalgie, celle de l’amour entre les êtres, de l’amour de la terre où l’on est né où sont enterrés nos parents. On en a rien à cirer de la politique, du colonialisme, du fascisme, du communisme. A ce propos les arabes étaient aussi des colons au même titre que les français, seuls les berbères sont les authentiques indigènes de ce pays meurtri. On pourrait discourir pendant des heures mais sans qu’on puisse se convaincre. Ce que je veux te faire remarquer, c’est que toi tu peux te recueillir sur la tombe de ton père pour nous tu cries au scandale et là c’est scandaleux. J’étais à Perpignan, il n’y avait pas 200 opposants je les ai comptés, regarde donc les vidéos il y avait tout juste une soixantaine de personnes. Quant aux Pieds-Noirs ils approchaient les 10 000 puisqu’il y avait déjà 7000 inscrits, détenteurs d’un badge. Nous nous sommes recueillis devant le nom de mon beau-frère enlevé le 28 février 1957 à l’âge de 19 ans près de Tizi-Ouzou sur son lieu de travail en compagnie de son chef d’équipe âgé de 33 ans et père de 3 enfants. Les 2 employés musulmans avec lesquels ils travaillaient à la refection d’une ligne électrique pour alimenter un petit village kabyle ont été tués 2 jours après car ils avaient été interrogés par les gendarmes. Moi aussi je ne t’en veux pas car tu es victime, tout comme moi, de la politique des hommes. Celà existera toujours, c’est dans les gênes de l’être humain.

    • Face au grand silence de l’Histoire, où errent à jamais tant de victimes innocentes, toutes les idéologies doivent fermer leur gueule ... même celles qui à l’abri de l’alibi scientifique, de titres, de distinctions universitaires en tous genres, de parchemins, ou de bibliographies longues comme des jours sans paix se croient autorisées à la ramener pour donner de grossières leçons, insignifiantes et prétentieuses. Moi, c’est tout ce que je sais ... mais ça je le sais !