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Perpignan : l’Agglo veut privatiser les aires des gens du voyage !

Publie le samedi 14 mai 2011 par Open-Publishing

« Le faux problème » des gens du voyage.

Les aires des gens du voyage ont longtemps été gérés quasiment exclusivement par des associations ou des collectivités publiques. Depuis la loi du 5 juillet 2000 (loi relative à l’accueil et à l’habitat des gens du voyage), des associations disparaissent et la privatisation est forte et constante. Tout particulièrement en ce qui concerne la gestion des aires d’accueil. C’est normal, c’est l’un des points sensibles qui rassemblent le plus grand nombre de difficultés pour les communes. En plus, on ne parle des aires d’accueil que lorsqu’il y a des soucis et les collectivités qui n’en ont pas, ne font rien pour être conforme à la règlementation. Avec la privatisation, beaucoup d’élus se disent qu’ils auront moins de problèmes, moins de dettes, moins de dégradations.

L’incident survenu récemment sur l’aire du Polygone Nord relance le débat sur la gestion qui doit être faite de ces aires. Pour l’Agglo, la réponse est simple. Il faut externaliser la gestion et la confier à des entreprises privées. Mathieu Bachellerie, vice-président de l’Agglo délégué aux gens du voyage justifie cette décision en pointant du doigt des incidents et un manque de personnels en nombre insuffisant pour assurer le bon fonctionnement.

Cela apparait comme un faux prétexte, car d’autres solutions existent ailleurs notamment à Elne, exemplaire en la matière. Aucun problème à signaler grâce à un fonctionnement en régie municipale où chaque personne qui stationne, paye son électricité et son eau comme tout un chacun. Un autre problème n’est jamais pointé par l’Agglo, ni par les services de la préfecture, c’est le nombre de places disponibles. Ceci est vivement dénoncé par Laurent Elghozi, le président de la Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les Gens du voyage (FNASAT) : « Depuis la loi Besson, l’objectif c’est 42 000 places prévues dans l’ensemble des schémas départementaux. Aujourd’hui, environ 24 000 places sont financées par l’Etat.

Elles existent sur le papier, mais cela ne veut pas dire qu’elles sont réalisées. Fin 2009, les caisses d’allocations familiales, qui accordent une aide de 130 euros par mois et par place, ont versé l’équivalent de 14 500 places. On est donc à moins d’un tiers de l’objectif que l’on s’est fixé. Concrètement, les élus ne respectent pas la loi et les préfets ne font pas appliquer la loi. Le ministère de l’Intérieur est le premier coupable ». L’Agglo qui ne cesse de s’endetter à cause de ses projets pharaoniques préfère se débarrasser du « problème gens du voyage » mais rien ne dit que cette externalisation ne coutera pas plus chère à cette population déjà en grande difficulté sociale. Dans les années 90, le coût d’un emplacement tournait autour de 100 000 F (15 000 €). Il est aujourd’hui proche de 45 000 € (300 000 F). Sans oublier que, dans ces dossiers, il y a une vraie dimension de service public dont les collectivités ne doivent pas se couper.

Les études sociologiques nous montre que les communes qui mettent les gens du voyage là « où ils gênent le moins », c’est-à-dire très loin, ont moins de familles, donc plus de populations marginalisées, donc plus de difficultés, donc plus de regards compliqués sur eux du reste de la population… Un cercle vicieux.

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