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Perversion de la démocratie

Publie le jeudi 17 août 2006 par Open-Publishing
12 commentaires

MARDI soir, le ministre de l’Intérieur a déclaré qu’il a reçu "un peu moins de 30.000" dossiers d’immigrés demandant l’autorisation de rester en France, où leurs enfants vont à l’école. Là-dessus, seulement "environ 6.000" personnes obtiendront ce droit et les autres seront interdites de séjour sur le sol national, a-t-il ajouté. On ne peut qu’être saisi d’inquiétude en apprenant de telles nouvelles. On pense en effet aux milliers de drames personnels et familiaux que va entraîner cette décision. On imagine le stress des personnes obligées de se réfugier dans la clandestinité pour échapper aux arrestations. On songe à la douleur des familles expulsées de France ou déchirées par ces expulsions.

Au-delà de ces drames humains, dont - semble-t-il - Nicolas Sarkozy n’a que faire, ces informations posent un problème de fond : sur quelle base le ministre peut-il annoncer qu’il y aura 6.000 régularisations sur 30.000 demandes, avant même d’avoir étudié les dossiers ? Cela est d’autant plus troublant qu’il y a trois semaines, c’est rigoureusement le même chiffre de “régularisés” qu’il avait annoncé, alors que lui-même ne prévoyait que 20.000 demandes d’asile, en tout et pour tout. Un choix totalement arbitraire et imposé dès le départ. Cela discrédite entièrement les procédures officielles prévoyant soi-disant "un examen cas par cas".

Ce scandale illustre une nouvelle fois les méthodes indignes de ce gouvernement, qui organise une fausse concertation pour mieux entériner un choix qu’il a déjà fait. Cette fausse concertation, cette manipulation des esprits est une perversion de la démocratie.

L. B.

Perversion de la démocratie
Article paru dans Témoignages le jeudi 17 août 2006

Messages

  • Salut à toi et heureux de te revoir ici, même si le sujet n’est guère porteur de joie.
    J’ai l’impression qu’un sentiment de lassitude, querelles stériles entre gauche, pas gauche, trop gauche, candidat, pas candidat, ... a quelque peu éloigné certains intervenants pendant quelques temps, mais ils reviennent quand même et ... tant mieux.
    JP

    • Bonjour J.P.
      content de te retrouver aussi , c’est vrai que ce n’est pas trop facile en ce moment , et cela va durer quelques semaines encore , et puis quelques jours de vacances ne font pas de mal .
      A bientot ami ,
      claude de toulouse .

    • Toutes ces guerres civiles et internationales interminables passées et en cours, cette tuerie, ces déportations, ces exterminations ne servent toujours pas de leçon.

      De l’Europe en Afrique, de l’Asie aux Amériques la liste est longue et peu glorieuse et les populations en exode fuyant souvent ne sachant où, mais fuyant, c’est certain l’enfer des hommes.

      Ayant fuit ces enfers vers d’autres pays " APPARTENANT " à d’autres hommes, croyant trouver l’asile, un coin " d’eden " ou simplement la vie, sont confrontés maintenant à l’enfer du dédain, de l’humiliation, du rejet.

      Sarkozy bien entendu et tous ses caporaux jouent avec des humains comme s’ils étaient " des riens ". Nous pourrions nous nommer : " Génération de la honte "…mais nous ne laisserons pas faire…n’est-ce pas ?

      Oui, tout se succède ou/et s’imbrique, les guerres, la famine, les conflits sociaux…tout tombe en même temps et pourtant ; À ma dernière manifestation contre la guerre américano-israélo-palestinienne et américano-israélo-libanaise je marchais à côté d’un ancien ; il brandissait un panneau avec l’image des drapeaux palestinien et libanais.

      L’ampleur de la manifestation ne reflétant pas la réponse qu’il fallait au massacre du Moyen Orient, je lui dis : " Camarade, on est pas des masses, non ? ", il me répond du tac au tac " J’ai 78 piges mon petit et je suis là… " et tout en finissant sa phrase il allonge son pas et rehausse son panneau.

      Je n’ai pu m’empêcher, je le rejoins immédiatement , je lui met ma main sur son épaule, je m’approche de son oreille et lui dis : " Merci jeune ! ", il a continué tout droit. S’il s’était retourné il aurait aperçu mes yeux humides et une larme prête à perler.

      Je pense à lui mes amiEs et je vous dis : " Mes petits je suis là ! " "On laissera pas faire...n’est-ce pas ?"

      Esteban

  • MERCI CLAUDE...

    Merci de cet article qui met le doigt là où çà fait mal... une fois encore.
    Nous sommes effectivement devant une perversion de la démocratie. Mais notre démocratie a été beaucoup pervertie !
    N’est-ce pas ce qu’on constate lorsqu’on examine le fonctionnement des institutions, toutes les institutions, et particulièrement la "première" d’entre elles : la présidence de la République ?
    En tout cas, tu exibes là une raison de plus pour ne pas que nous acceptions d’ouvrir un boulevard à ce candidat lors des prochaines élections : qui peut le plus peut le moins... et le moins qu’on puisse faire, c’est barrer la route à cet aventurier.

    Merci aussi de ton retour... Sans tes interventions, parfois le forum nous semble bien fade, ces temps-ci.

    NOSE DE CHAMPAGNE

    • Salut à toi , mon camarade ,
      Tu vois Nose , parmi toutes les raisons que l’on a de barrer la route de ce petit monsieur oh combien dangereux , il y en a une qui compte presque plus que tout pour moi , il a oublié d’ou il vient , fils d’immigré , il s’acharne sur ses semblables , peut etre pour se persuader qu’il n’en est pas .
      Dans un tout autre domaine , j’ai réussi à trouver un disque de veritable Maloya , quelques temps pour que je te fasse une copie et tu verras que cela n’a rien à voir avec le premier CD que je t’avais envoyé .
      Certains morceaux sont un peu dur à comprendre au niveau des paroles , c’est des chants d’esclaves en créole , mais je crois que cela te plaira .
      J’espere que tu vas bien en ce moment .
      je t’embrasse ,
      claude de T.

    • Unissez-vous jeunes de notre pays et votez en masse lors des élections pour éjecter les indésirables et les renvoyer à leur origine.

    • NOSE TU ES MALIN...

      Excuse-moi Claude mais NOSE est un gros malin...

      Sur un article de Raymond, il invite tout le monde à lire l’humanité qui traite en ce moment sur l’année 1936.

      Le voila t-il pas qu’il se met à ignorer une question posée dans le jeu de l’été ?

      Moi qui lis l’humanité quotidiennement, je ne joue pas à ce jeu, et comme un couillon j’ai fonçé tête baissée à la recherche de la réponse.

      Heureusement que je conserve un certain temps la presse ; Je retrouve l’édition du mardi 1er août avec sa soi-disant question sur le nom d’un bateau allemand transportant XXX pour les franquistes.

      Entre renards vous pouvez vous serrer la main car la question était :

      Que transportait exactement le navire Masaramo ?(navire allemand qui est parti de Hambourg vers Lisbonne pour alimenter les troupes franquistes.

      La réponse ?...Faites comme moi ! arf !

      Pour la fin du mois d’août l’huma nous sort un spécial guerre d’espagne avec dvd.

      NOSE TU ES MALIN... Aarrgg...merci !  ;D

      Fraternellement,

      Esteban

    • Salut mon frere ,
      tu exageres avec tes apartés ( rires ) les histoires de renards , cela se regle au milieu des poulettes , je viens de r’ouvrir le Fou , je t’y attends , Nose y est déjà , ceci etant l’ami Nose est un malin , mais un gentil malin !
      ton ami
      claude l’ovoide aux yeux violets .

  • Ce n’est pas une « perversion de la démocratie », mais son aboutissement le plus logique depuis que le capital s’en est emparé et l’a faite Etat, citoyenneté, société civile, égalité... C’est bien connu depuis un certain jeune homme nommé Marx.

    Maintenant, ceux qui veulent purifier politiquement le concept et éviter de s’en prendre au capital qui la met en scène, je dis "bon courage", et rendez-vous au tas de sable !

    • Chaque jour démontre que nous ne sommes pas encore dans l’aboutissement de cette perversion.

      Il "urge" en effet de s’en prendre au capital, sommes-nous dans le processus ? Marx n’avait pas le processus clés en mains, il nous avait averti. Ne nous donne pas rendez-vous au tas de sable mais au contraire aide-nous dans la construction du bon processus pour le bon édifice.

      Amicalement,

      Esteban

    • C’est très gentil d’invoquer (ou, au choix, d’évoquer Marx) pour expliquer que nous ne sommes pas dans une "démocratie pervertie" mais dans l’Etat du Capital et que si l’on ne combat pas le Capital, c’est qu’on n’a rien compris de rien.

      Merci de la leçon.

      Tous les jours, non pas dans mon tas de sable, mais au boulot, je passe mon temps (entre autres) à discuter des salaires, des horaires, des droits, de la "démocratie" qui fout le camp dans la boîte, etc...

      C’est du syndicalisme, limité comme tout syndicalisme, et cela n’empêche pas de combattre le Capital.
      Bien au contraire. Comment prétendre lutter contre le Capital sans assurer la bagarre pour le quotidien ?

      La démocratie, c’est pareil.

      Et puis, il ne faut pas s’amuser à simplifier tout à outrance en citant un jeune homme, Marx, qui était tout sauf un obtu dogmatique : il ya des libertés démocratiques dans certains pays dominés par le Capital. Et il faut les défendre.

      Sinon, on pourrait résumer : puisqu’il y a le règne capital partout, c’est la dictature partout ?
      Pas nuancé et pas convaincant !

      Bastien

    • C’est très gentil d’invoquer (ou, au choix, d’évoquer Marx) pour expliquer que nous ne sommes pas dans une "démocratie pervertie" mais dans l’Etat du Capital et que si l’on ne combat pas le Capital, c’est qu’on n’a rien compris de rien.
      Merci de la leçon.

      Je pense effectivement qu’il y a une régression de la pensée critique et de la capacité d’analyse de ce monde. La démocratie s’historise dans l’histoire et se construit après la révolution française comme paradigme de l’Etat dans le mode de production capitaliste naissant en tant que tel.

      Aujourd’hui ce mode de production domine plus que jamais toute la société mondiale. Son idéal politique, la démocratie, est en crise, sur la base de ses difficultés de reproduction. Il est contraint d’en venir mondialement à des formes plus dures d’oppression et de domination, qui n’ont d’ailleurs pas cessé d’être majoritaires dans l’histoire du capitalisme, y compris dans les formes russes et chinoises, staliniennes et maoistes d’industrialisation sur la base de l’exploitation du travail.

      Tous les jours, non pas dans mon tas de sable, mais au boulot, je passe mon temps (entre autres) à discuter des salaires, des horaires, des droits, de la "démocratie" qui fout le camp dans la boîte, etc...

      C’est du syndicalisme, limité comme tout syndicalisme, et cela n’empêche pas de combattre le Capital.
      Bien au contraire. Comment prétendre lutter contre le Capital sans assurer la bagarre pour le quotidien ?

      Je vous l’accorde, mais ce n’est que dans certaines limites que le syndicalisme n’empêche pas de combattre le capital. Dans certaines conditions, il ne fait plus que l’entériner. Depuis la défaite du mouvement ouvrier, la fonction du syndicalisme n’a pas la force de mordre pour des acquis sociaux, elle accompagne le bradage obligé du welfare, sous la contrainte du profit.

      Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas vendre chèrement sa peau, si chose dire.

      La démocratie, c’est pareil.
      Et puis, il ne faut pas s’amuser à simplifier tout à outrance en citant un jeune homme, Marx, qui était tout sauf un obtu dogmatique : il ya des libertés démocratiques dans certains pays dominés par le Capital. Et il faut les défendre.

      Hé bien non, justement, ce n’est pas "pareil". Si la démocratie s’est construite dans son concept politique moderne comme victoire de classe, c’est celle de la bourgeoisie sur le féodalisme et son Etat monarchique.

      Je ne m’"amuse" pas le moins du monde et si j’affirme ces choses de façon "simple" et tranchée, c’est qu’elles sont essentielles, et que le démontrer est vain dans ce genre de forum. Cela ne relève pas du dogmatisme. Le dogme je le vois au contraire dans l’idéologie - démolie par Marx justement - qui s’aveugle en donnant le primat à la politique, incapable de saisir la nature de l’Etat dans ce mode de production, de le saisir dans son unité dialectique en mouvement avec lui, au point de penser faire fonctionner l’Etat contre le capital, par un réinvestissement du welfare. Ce n’est que pure illusion, qui ne repose sur rien dans les possibilités offertes au sein de ce système-monde.

      Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas défendre des droits, se battre, mais comprendre les limites de ce combat et surtout de ses objectifs, de leur chance de succès.

      Sinon, on pourrait résumer : puisqu’il y a le règne capital partout, c’est la dictature partout ?
      Pas nuancé et pas convaincant !

      Vous ne résumez que la caricature que vous vous faites de mes propos. Certes je n’ai pas fait dans la "nuance", mais je ne cherche pas non plus à vous "convaincre" dans un contexte où affirmer de telles positions va à contre-courant des espoirs et projets politiques qui s’expriment ici.

      La démocratie fut un idéal pour le capital dans sa montée en puissance, son passage en domination réelle. C’est bien parce qu’il y a difficulté pour le capital comme mode de production, qu’il y a crise de sa forme politique idéale, au point que cette contradiction est plus vissible que celle qui la produit : exploiter plus est nécessaire mais s’oppose à la survie du prolétariat mondial. Alors on ne voit que les formes politiques et on rêve de les faire tourner à l’envers : sur la base de l’idéal politique du capitalisme, on croit pouvoir desserrer son étau. N’en déplaise, c’est fini. Il sera toujours temps de le prendre en compte, nous n’aurons pas d’autre choix que de détruire ce système, et pas par des moyens politiques, ni même démocratiques.

      Donc Marx, oui, le jeune et celui de la maturité : tout sauf dogmatique c’est vrai, mais qui avait saisi une dialectique plus fine que votre rhétorique, la politique n’est que la forme d’un contenu qui la détermine.

      Si la question n’était que celle d’une joute intellectuelle, je vous conseillerais de garder mon hypothèse dans un coin de la tête, sans perturber ce que vous croyez juste de faire. Avec le temps, vous aurez toutes occasions de mesurer ce qui est le plus pertinent, le plus déterminant : le rouleau compresseur de l’économie politique, ou la politique de l’économie démocratique ?

      Il faudra bien un jour passer aux choses sérieuses, et sortir des clauses de style sur le capital conduisant à la catastrophe, mais ne songer qu’à l’adapter : démocratiquement.