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Le 2 et 3 juillet 2007, se tient à Paris un Colloque La réinvention du politique à Cuba. Mémoire collective, société civile et dissidence, organisé par le Centre d’ Etudes et de Recherches Internationales (CERI) avec le soutien du Ministère des Affaires Etrangères.
Ce n’est pas la première manifestation de ce type organisée en Europe. A Berlin, le 24 au 26 avril 2007 était organisée une Conférence au siège central de la Fondation Konrad Adenauer avec pour thème : « Démocratie à Cuba : à la recherche d’initiatives communes" sous les auspices de la Fondation démocrate chrétienne Konrad Adenauer, elle-même associée au projet « Pro Cuba Libre ».
Le projet cette fois est porté par l’association Encuentro de la Cultura cubana qui a son siège à Madrid et qui délègue à Paris ses plus fervents porte-parole anti-cubains, Annabelle Rodriguez, présidente de la revue, Rafael Rojas, écrivain cubano-mexicain, codirecteur de la revue, et ses deux amis, Ivan de la Nuez et Antonio José Ponte. Rojas, Ponte et Vincent Bloch, un autre intervenant sont co-auteurs du numéro 85-86 de la revue Communisme : Cuba, un univers totalitaire en 2006 tandis que Vincent Bloch, Elisabeth Burgos, anti-cubaine notoire, et Philippe Létrilliart, deux autres intervenants ont participé à la revue problèmes d’Amérique latine : Cuba, un castrisme sans Fidel en 2006. Citons aussi la participation du journaliste du Monde, Paulo Paranagua, connu pour manipuler systématiquement les informations sur Cuba et le Venezuela, et Jacques Rupnik, conseiller de Vaclav Havel, promoteur de la conférence de Berlin. Sans oublier Raúl Rivero…et quelques autres « spécialistes » de l’Amérique latine.
Cette fois, le 2 et 3 juillet, il s’agira de réinventer, rien moins que le politique …à Cuba. Réinventer, bien sûr, car le projet que les 11 millions de cubains ont choisi et mis en place, et qu’ils défendent au quotidien ne convient pas à cette intelligentsia-là.
La société civile associée à la dissidence est une pure manipulation intellectuelle. C’est la négation de la société civile cubaine, celle représentée par plus de 2000 associations (voir les travaux de Rafael Hernandez, politologue et sociologue cubain dans la revue Temas), bien présente dans la vie sociale de Cuba. La société civile inventée par les quelques dizaines d’opposants internationalo-cubains qui ont trouvé dans l’american way of live leur modèle politico-social est une fiction qu’ils tentent d’imposer grâce aux millions de dollars généreusement distribués par les Etats-Unis.
Car, il est clair que les 80 millions de dollars mis au service du Plan Bush depuis 2004 pour financer l’opposition interne, pénétrer les milieux universitaires et les ONG, et autres actions destinées à déstabiliser le gouvernement cubain sont bien utilisés. Et ce n’est ni l’association Encuentro de la cultura cubana, ni Reporters Sans Frontières, qui toutes deux sont financées par la NED qui nous contrediront.
La NED (Fondation Nationale pour la Démocratie) reçoit ses fonds du congrès nordaméricain et du Département d’état et les distribue aux ONG et autres à Cuba, aux Etats-Unis et ailleurs, sans contrôle sur leur utilisation, afin de mettre en place des programmes pour défendre « la démocratie » à Cuba, au sens où l’entend le gouvernement des Etats-Unis. (voir le site de l’USAID http://www.usaid.gov/policy/budget/cbj2006/lac/cu.html sur les budgets réservés au développement d’une "société civile" à Cuba). D’après Caleb McCarry, le coordinateur de la transition à Cuba, l’aide aux ONG en Europe, est un élément fondamental de la politique envers Cuba.
Quelle crédibilité et quelle légitimité peut-on apporter à ce « show entre amis » ? Parions que la presse française rendra compte de ce non-événement alors qu’elle passe sous silence les manifestations de millions de cubains qui défilent à la Havane pour défendre leur révolution contre les agressions.
Rappelons pour mémoire que les cubains ont résisté à bientôt 50 ans de blocus nord américain, à la crise économique provoquée par la chute des pays socialistes, aux attentats contre révolutionnaires qui ont fait plus de 3000 morts, à l’arrogance de l’Union Européenne qui prétend s’ingérer dans sa politique intérieure.
Si bien que soyons rassurés, le politique qui s’invente, se transforme, et est bien vivant à Cuba n’est pas prêt d’être réinventé, ni dans les amphithéâtres d’un centre d’études français, ni à Bruxelles, ni à Washington.
Au moment où l’Union Européenne vient de manquer l’occasion de mettre définitivement fin à la Position Commune et diffère encore le rétablissement de relations avec le gouvernement de Cuba, basées sur l’égalité et la souveraineté des états, le Ministère des Affaires Etrangères devrait être plus réservé dans son soutien à des initiatives émanant de personnalités dont le seul but, derrière un écran d’intellectualité, est de s’approprier de la paroles des cubains et subvertir l’ordre dans ce pays libre et souverain.
Paris, le 27 juin 2007
Gloria González Justo
association France Cuba
france-cuba@ambacuba.fr