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Place à Lula II...

Publie le mercredi 1er novembre 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

de Bernard Duraud

Brésil . Le président sortant facilement réélu dimanche soir, avec près de 61 % des suffrages, annonce ses priorités : lutte contre la pauvreté, hausse de la croissance et réforme politique.

C’est un score sans appel que Luiz Inacio Lula da Silva a enregistré au second tour de la présidentielle, dimanche, au Brésil. Avec près de 61 % des voix, il laisse loin derrière son rival de droite du PSDB, Geraldo Alckmin, crédité de 39 % des suffrages, qui aura fait illusion seulement le temps du premier tour. Après l’annonce de la victoire de Lula des milliers de ses partisans se sont rassemblés dans les grandes villes brésiliennes, notamment à Sao Paulo, sur la Paulista, la principale avenue de la mégapole, arborant tee-shirts rouges, brandissant des drapeaux à l’effigie du Parti des travailleurs (PT) et entonnant leur air favori : « Olé, olé, olé, ola, Lula, Lula... »

À peine réélu et confirmé par le tribunal supérieur électoral, Lula s’est engagé à gouverner pour l’ensemble des Brésiliens tout en poursuivant la lutte contre la pauvreté : « Les pauvres auront la préférence dans notre gouvernement », a-t-il dit. Une sorte d’hommage à tous ceux qui par millions n’ont jamais cessé de le soutenir et de lui témoigner leur confiance.

Les bases sont jetées

Place désormais à Lula II. Lors de son premier discours aux électeurs, il a affirmé que les « bases étaient jetées pour que le Brésil connaisse un saut qualitatif extraordinaire ». Lula a assuré que le Brésil atteindrait « un niveau de développement qui le placerait parmi les pays développés ». Dans la continuité du précédent mandat il n’y aura pas de remise en question des « fondamentaux » de l’économie : politique budgétaire « dure » pour éponger les déficits publics, augmentation de la croissance, redistribution des richesses, lutte contre la corruption figurent parmi les priorités du prochain gouvernement. « La solution des problèmes du Brésil ne consiste plus à faire souffrir le peuple sous le poids de lourds ajustements (...) mais réside dans la croissance de l’économie et de la distribution des revenus », a précisé Lula, misant sur une croissance de 5 % (contre 2,5 % actuellement), rendue possible, selon lui, par le lancement de grands projets.

Pour mener à bien cette politique économique, le Brésil devrait desserrer quelque peu l’étau. Il ne sera plus question de stricte orthodoxie financière, qui avait marqué l’ère d’Antonio Palocci, ex-ministre des Finances, jusqu’en mars 2006. L’un des responsables de la campagne de Lula, Tarso Genro, ministre des Relations institutionnelles, a même déclaré que cette ère avait pris fin : « Les bas indices de croissance économique et la préoccupation névrotique de l’inflation, sans penser à la distribution du revenu et à la croissance, c’est terminé. » Fin septembre, Brasilia avait d’ailleurs commencé à baisser les taux d’intérêts, parmi les plus élevés du monde, accusés de freiner l’investissement. Pour Genro, il s’agit à l’avenir de « combiner des objectifs d’inflation avec des objectifs de croissance ».

Autre grand chantier que Lula entend ouvrir à l’entame de son second mandat : la réforme politique, la grande promesse oubliée des quatre années passées. Les scandales à répétition ont rendu urgente cette réforme, et le PT l’a inscrite en première ligne de son programme. « Nous allons tisser toutes les alliances nécessaires pour pouvoir travailler dans la tranquillité et voter les grands projets dont le Brésil a besoin, a promis Lula. Je veux, par-dessus tout, converser avec les partis politiques, l’opposition, les gouverneurs. »

Le premier mandat a vu la multiplication d’affaires de corruption, dont l’origine, le plus souvent, était la nécessité pour le gouvernement de se forger une majorité, et d’entrer ainsi dans un obscur jeu d’alliances contre nature. Mais ces affaires ont fini par éclabousser son propre parti, le PT. Les scandales politico-financiers et les enquêtes en cours d’instruction ne vont pas manquer de peser sur le gouvernement.

Pour rendre plus transparent le système politique et institutionnel, Lula n’est pas privé d’atouts. Le PT contrôle cinq des 27 États (dont celui du Para gagné dimanche) et une majorité des gouverneurs lui sont favorables. Au Congrès, où le PT a limité la casse, la situation est moins franche : Lula II peut disposer d’une majorité à la Chambre des députés mais en passant des alliances. Ce ne sera pas le cas au Sénat, dominé par les partis de droite et du centre. Enfin, il n’a pas caché qu’il souhaitait aborder de front la question de la rénovation du PT, décapité à deux reprises par les scandales. Bon nombre de militants « pétistes » (du PT) la réclament, d’autant que l’apparition à sa gauche du PSOL (Parti socialisme et liberté, regroupant les déçus du PT) le contraint à reconquérir le terrain perdu de l’éthique et de la moralité. « Nous n’avons plus dorénavant le droit moral, ethnique et politique de commettre des erreurs. Quand on parle du PT, on ne parle pas de la direction du PT, mais des millions de militants. Le PT n’est pas un simple parti, mais l’institution de la politique de ce pays », a lancé Lula en ce dimanche soir triomphant.

http://www.humanite.presse.fr/journ...

Messages

  • Est-ce que oui ou non,
    Lula est pour une politique de commerce avec les états-unis,
    en rupture donc avec le Venezuela de Chavez et la Bolivie de Morales ?

    jyd

    • Non Lula ne veut toujours pas acepter le nouveau prix du gaz bolivien et défend toujours autant sa petite multinationale chérie Petrobras qui fait des profits monumentaux sur le sol bolivien, mais Morales va envoyer l’armée si Petrobras n’accepte pas les contrats de la nationalisation. Lula a amélioré les aides sociales dans son pays mais ne remet pas en cause le libéralisme et ne contrarie pas l’oncle Sam