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Plaire ou convaincre ? Spectacle ou démocratie ?

Publie le samedi 2 décembre 2006 par Open-Publishing
5 commentaires

Contribution au débat à propos
de la désignation du candidat du rassemblement antilibéral de gauche

Concernant la désignation par la gauche anti-libérale de son candidat à l’élection présidentielle, j’aimerais apporter mon point de vue. Certains estiment que du fait qu’elle est dirigeante du PCF, Marie George Buffet ne peut être candidate du mouvement anti-libéral. Il est nécessaire de débattre : quand considérera-t-on qu’un militant communiste de surcroît tenant les plus hautes responsabilités dans son parti est aussi un citoyen à part entière et non je ne sais quel bureaucrate apparatchik imposé par l’appareil ? Quel est donc cet ostracisme d’un autre âge à l’encontre de Marie-George Buffet. Quand je lis " Marie-George Buffet ferait preuve de clairvoyance politique et de responsabilité historique en acceptant de retirer sa candidature." je ne partage pas du tout cet avis. Non que je n’envisage pas que la candidature de Marie-George Buffet ne puisse être retenue,car le débat argumenté peut conduire à choisir une ou un autre candidat,mais je conteste le fait que le débat ne se poursuive pas sereinement dans les instances et par le processus décidé démocratiquement par les collectifs anti-libéraux et qu’il soit placé en dehorsdes collectifs à coup de communiqués et de pétitions, de déclarations aux radios et télévisions, de médiasqui se délectent de ce qui peut paraître pour le grand public comme "une foire d’empoigne entre politiciens" On voudrait accréditer l’idée que la gauche anti-libérale, au fond, "est comme les autres" qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

Ceux qui refusent le droit à Marie George Buffet de présenter son nom au débat pour la candidature, qui la somme de renoncer à une proposition portée par des milliers de militants qui ont voté dans leur parti, ceux-là devraient comprendre au contraire que c’est en respectant les décisons collectives,en se battant pour le droit de la dirigeante du PCF d’être sur un pied d’égalité, qu’ils en sortiraient grandis, qu’ils seraient porteurs d’une conception bien plus haute et valorisante de la politique. Exercer son esprit critique ce n’est certainement pas céder ni au politiquement correct , ni à l’air du temps insufflé par les bons penseurs du libéralisme ou d’un certain parisianisme où il est de bon ton de présenter le PCF comme ringard et retardataire vis à vis d’une gauche qui, elle, serait branchée et réaliste.

Désigner notre candidat du rassemblement anti-libéral parmi tous ceux qui se sont ou ont été proposés, c’est examiner lequel sera le plus apte non pas de plaire à l’électorat, mais lequel sera le plus apte à susciter la mise en mouvement de milliers de citoyens qui eux-mêmes redonneront confiance à leurs collègues, leurs voisins, leurs proches dans leurs capacités d’intervention pour faire gagner les propositions anti-libérales dans le vote et dans les pratiques sociales.

Débattre de cette question, c’est débattre en fait de la nature même de ce système qui conduit à des luttes de pouvoir pour la désignation d’un candidat. C’est une question politique fondamentale qui trouve sa source dans une vieille conception de la politique ( Machiavel en fut l’un des représentants et théoricien éminent) reposant sur des rapports de classe : luttes d’influences, groupes de pression, arguments d’autorité, intrigues. Autant de méthodes qui ont marqué toute notre histoire y compris celle récente du mouvement ouvrier et communiste avec son apogée violente et criminelle à travers le stalinisme. Mais ces méthodes si elles perdurent sont aussi
de plus en plus contestées et rejetées par un nombre croissant de citoyens.

Je veux dire très fraternellement à ceux de nos amis et camarades qui, en dehors des régles démocratriques que nous avons décidées tous ensemble, exigent du PCF de retirer la candidature de Marie George Buffet, qu’ils soient communistes ou pas , qu’à mon avis ils tombent dans le panneau du piège institutionnel de la 5ème république qui personnalise à outrance le pouvoir ! La gauche anti-libérale a commencé un travail enthousiasmant, ne nous arrêtons pas en chemin, poussons davantage la confrontation d’idées : travaillons, analysons ce système et ses pièges et relevons le défi de l’unité et du rassemblement. Nous ferons ainsi grandir la citoyenneté, car c’est cela en lien avec nos propositions transformatrices qui donnera la force à notre peuple pour gagner sur des bases anti-libérales !

Le chemin est difficile, certes, mais il en vaut la peine, ce n’est pas le moment de baisser les bras, nous avons une très grande responsabilité à l’égard de tous ces gens qui espèrent que l’alternative anti-libérale devienne une réalité ! Une très grande responsabilité à l’égard de tous ceux qui souffrent du capitalisme : ne les privons pas de devenir les acteurs du changement. En toute circonstance, pensons d’abord à cette immense souffrance sociale et démocratique que vivent des millions de gens et la responsabilité qui incombe au mouvement anti-libéral comme porteur d’espérance et de motivations à la lutte !

Jean-Paul Legrand
http://creil-avenir.com

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Messages

  • pas encore de commentaires de la bande des caricatures qui sévissent depuis quelques jours ?
    moderez moi ça
    ça doit être une infiltration de rg qui pousse à l’anti ................................. connerie

    • Bon j’espère que j’appartiens pas à la bande de caricatures.

      En France, il y a ;

      2 Millions d’adhérents à la FFF (Fédération Française de Football)
      1,4 Millions de chasseurs
      400000 Joueurs de pétanques.

      En France, si on totalise l’ensemble des adhérents à un parti politique, on n’atteint pas le million.
      Et même en supposant qu’il y a 1 Millions de militants tout partis confondus, C’est donc 1/60 eme, Soit 1,6% de la population qui détient le pouvoir politique.

      Il est étonnant de constater que les quelques 70000 nouveaux adhérents au PS aient été suffisants pour obtenir une élection triomphale à Ségolène Royale.
      En terme de pourcentage, 0,12% de la population.

      Autre anomalie, le système des 500 Signatures.
      Ce système est la garantie absolue du maintien du système du bipartisme et du régime présidentiel.
      Sa justification, c’est d’empêcher qu’un inconnu, qu’un homme dangereux, ne s’empare du pouvoir.
      Le résultat, c’est que le vivier d’élus ne varie quasiment pas.
      Le résultat, c’est 30 ans de Chirac , 30 ans de LePen, 30 ans de mitterand au pouvoir sans discontinuer ou presque.

      Et ensuite, c’est là le grand hold-up , cette personne sera élue ensuite au suffrage universel, donc par la totalité des inscrits, soit si je me trompe pas 40 Millions de personnes.
      Une personne triée soigneusement pour son allégence au pouvoir traditionnel devient d’un seul coup "le représentant du peuple".

      Depuis 1995, on a vu les dégâts que provoquent ce système présidentiel.
      C’est pas une homme = une voix, c’est un homme = une politique.
      C’est chirac qui décide de reprendre les essais nucléaire, de dissoudre l’assemblée, de promulgué des lois, de déclarer non applicable ces mêmes lois.

      Le terme "mandat" ne veut plus rien dire.
      Dans une démocratie, un élu qui ne respecte pas les engagements qu’il a pris dans son mandat devrait être révoqué.
      Mais au 21eme siècle, un mandat, cela veut dire le pouvoir pour 5 ans.

      En réaction à cette anomalie, c’est le pouvoir des sondages qui peu à peu se substitue à la légitimité des élus.
      Autre Hold-Up.
      Avec les sondages comme seuls critères objectifs pour décider de la qualité d’un candidat, l’effet d’annonce précède toute analyse et brouille notre esprit critique.
      Tiens ? Chirac passe de 17% à 23% d’opinions favorables ? la majorité est plus contente de 6%, et moi pourtant je ne retrouve pas les 6% de sympathie en plus en moi même pour cet escroc.

      Vous remarquez tous que les sondages sortent toujours au moment propice, il ne s’agit pas d’une information, il s’agit d’une sorte de sollicitation douce ; voilà ce que pense la majorité . Vous voulez être minoritaire ?

      Avec Sarkosy et Royal, cette sollicitation douce se double d’un déluge d’images des présidentiables dominants, qui ne laisse quasiment aucune place aux idées.

      Dans les partis, tout se décide dans le secret des bureaux, et on n’a comme image de la politique que des flashs qui crépitent, et de courtes déclarations creusent qui sont reprises à l’identique dans tous les médias.

      C’est en cela que l’idée de mettre les collectifs à la base des décisions est effectivement révolutionnaire.
      Encore faut-il être persuadé que cette bonne idée ne débouche pas sur le couronnement d’un(e) Super(Wo)man de gauche.

      Je suis sûr que vous tous, en regardant les différents commentaires sur Bellaciao, vous avez ressenti cette contradiction.
      D’un côté personne ne veut qu’une volonté collective soit confisquée par quelques individualités influentes, et d’un autre côté personne ne doute vraiment qu’un(e) illustre inconnu(e) des médias ait la moindre chance de plaire à un electorat (je me met dans le lot, je ne suis pas plus "éclairé" que la moyenne) conditionné à ne s’interesser qu’aux vedettes.

      Même sur Bellaciao, vous entendez Bové, Buffet, Mélanchon, Besancenot donner un avis éclairé, et souvent nos commentaires se résument à des votes virtuels.

      Bon, je viens de me relire, c’est confus, il est tard, mais je pense que ces éléments éparts donnent quelques explications du désinteret massif envers la politique.

      jyd.

  • Je veux dire très fraternellement à ceux de nos amis et camarades du PCF qui, en dehors des règles démocratiques que nous avons décidées tous ensemble, exigent que la candidature soit “portée par une personnalité déjà suffisamment reconnue dans tout l’électorat de gauche à l’échelle nationale”, qu’ils soient communistes ou pas , qu’à mon avis ils tombent dans le panneau du piège institutionnel de la 5ème république qui personnalise à outrance le pouvoir !

    geob