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Politique extérieure russe sous Vladimir Poutine : points forts et points faibles
Publie le mardi 4 mars 2008 par Open-Publishing1 commentaire

Par Dmitri Kossyrev, RIA Novosti
POINTS FORTS :
1. Rétablissement du statut de la Russie en tant que puissance mondiale. Le rétablissement et la croissance stable de l’économie russe ont été convertis avec succès en une croissance de l’influence de Moscou sur la scène internationale. On peut aimer ou ne pas aimer la Russie, contribuer à la croissance de son influence ou s’y opposer, mais c’est un fait que si, dans les années 1990, personne ne prêtait l’oreille à l’avis de Moscou lors du règlement de la majorité des crises internationales, aujourd’hui, c’est tout le contraire. Notons que ceci a été acquis sans que la Russie ait considérablement accru ses arsenaux nucléaires et autres, ou, pour ainsi dire, pas uniquement grâce à la puissance militaire. C’est l’influence pétrolière et gazière croissante de la Russie, le fait qu’elle soit classée parmi les "leaders de demain" (à côté de la Chine, de l’Inde et du Brésil), et tout simplement le fait, inattendu pour beaucoup, que ce "malade d’Eurasie" ait guéri, qui ont joué leur rôle dans ce processus.
2. Rétablissement de l’estime de soi chez les Russes. Le bien-être de la nation est le composant clé de son existence parmi les autres nations du monde, et par conséquent un objectif des plus importants de la politique extérieure. A l’heure actuelle, chaque Russe, qu’il soit ambassadeur ou touriste, se sent à l’étranger (de même que chez lui) comme un citoyen d’un grand Etat fort, respecté et en pleine croissance. Si dans les années 1990, on disait en plaisantant que la Russie était gouvernée depuis la Spaso House (résidence de l’ambassadeur américain à Moscou), aujourd’hui, tout Russe (ou étranger) le sait : Moscou peut être en désaccord avec Washington ou toute autre capitale mondiale sur n’importe quelle question de politique internationale ou intérieure, et s’en tenir à son opinion sans redouter des conséquences négatives. Aujourd’hui sur la scène internationale, peu d’Etats peuvent encore se permettre un tel luxe.
3. Neutralisation de la menace des "révolutions colorées" aux frontières de la Russie. Il semblait, il y a quelques années, que l’instauration de régimes antirusses dans les pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants) à l’aide de manipulations du mécanisme électoral puisse aboutir à une catastrophe (démembrement de la CEI, crise économique et politique en Russie). Cela ne s’est pas produit. L’échec de la "révolution colorée" au Kirghizstan, accompagnée de chaos et de pillage de magasins dans la capitale, a mené, bien au contraire, au renforcement des positions de la Russie en Asie centrale, causant de grosses frayeurs aux élites politiques et à la population de la région. Le charme des "révolutions colorées" en Ukraine et en Géorgie s’est essoufflé en raison des événements internes survenus dans ces Etats. Le mérite de la politique extérieure russe est d’avoir su réagir d’une manière extrêmement calme face à ce qui se passait. Il s’avère donc que parfois, il vaut mieux ne rien faire.
4. Sauvegarde des anciens mécanismes d’intégration (CEI, OTSC, etc.) et création de mécanismes nouveaux (OCS). Le fait que le modèle de la politique russe dans l’espace postsoviétique (des années 1990) ne fonctionnerait pas éternellement semblait évident dès le début de la première mandature de Vladimir Poutine. La question était alors de savoir ce qui le remplacerait. Ces huit dernières années, il est devenu clair qu’une partie des fonctions et mécanismes de la CEI étaient toujours utiles pour la majorité des Etats postsoviétiques, et les réformes de ces mécanismes se poursuivent jusqu’à présent. On a réussi à sauvegarder l’alliance militaire d’une partie des pays de la CEI (à savoir l’OTSC), à renoncer au modèle postsoviétique (ou quasi-soviétique) fondé sur les livraisons de produits énergétiques bon marché aux Etats politiquement proches de la Russie. Un nouvel axe d’intégration dans l’espace postsoviétique se forme : Russie-Kazakhstan. Un nouveau modèle de coopération internationale se constitue en Asie centrale, regroupant non seulement d’anciennes républiques soviétiques mais également la Chine (Organisation de coopération de Shanghai). La politique extérieure sur le territoire de l’ex-URSS se sépare de plus en plus en deux directions peu liées l’une à l’autre : l’une occidentale, et l’autre centrasiatique, ce qui rend cette politique plus réaliste.
5. Récupération par la Russie des positions perdues dans les pays de la traditionnelle zone d’influence de l’URSS (Vietnam, Proche-Orient, Inde, Chine, etc.) et établissement de contacts avec de nouveaux partenaires (pays d’Amérique latine et autres). Les années 1990 ont été pour la politique extérieure russe une période marquée par la perte de son rôle global et des liens de partenariat établis à l’époque soviétique, et ce, sans que rien ne vienne les remplacer. Parallèlement, le commerce extérieur se dégradait, alors que les réformes de marché déployées en Russie consacraient le passage de ce commerce dans le secteur privé, pour la première fois depuis des décennies. Les dirigeants russes du début des années 1990 n’avaient pas de vision nette des objectifs à atteindre dans telles ou telles régions du monde, tant dans le domaine économique que politique. Sous Vladimir Poutine, la situation a changé. Les entreprises publiques et privées ont commencé à promouvoir leurs propres intérêts sur la quasi-totalité des continents, et l’Etat s’est mis à appliquer une politique visant à défendre ces intérêts.
POINTS FAIBLES :
1. Incapacité à devenir le premier partenaire de pays aussi proches de la Russie que la Chine et l’Inde (comme de beaucoup d’autres). Les capacités économiques de la Russie se sont révélées insuffisantes pour lui permettre de prendre la première place sur le plan de l’influence même dans des capitales qui auraient salué un tel scénario. L’époque des alliances fondées sur des considérations politiques est révolue, à présent, c’est la capacité des entreprises nationales à occuper des positions de leader sur les marchés d’autres pays qui joue un rôle toujours plus grand. Le monde russe des affaires ne possède ni l’expérience ni les ressources nécessaires pour prétendre à un tel leadership. La Russie ne figure parmi les principaux partenaires économiques d’aucun des grands pays les plus importants pour Moscou (Allemagne, Chine), ne faisant partie, dans le meilleur des cas, que du TOP-10. Le même constat est à faire également, dans une moindre mesure, au sein de la CEI (au Kazakhstan, par exemple). Résultat : un affaiblissement, par rapport à l’époque soviétique, des liens, notamment politiques, avec ces Etats.
2. Incapacité de la Russie à devenir un leader mondial en matière de mode de vie, de culture et d’art. Ce fait ne résulte sans doute pas uniquement d’un échec de la politique extérieure, mais pendant toutes ces années, on a senti que la Russie contemporaine ne savait pas faire même ce qu’avait su accomplir, bon an mal an, l’Union soviétique, qui était parvenue à conquérir bien des coeurs à l’étranger, pas seulement grâce à sa puissance militaire et économique. La sphère d’utilisation de la langue russe se rétrécit actuellement, le prestige de la culture contemporaine et de l’art russes diminue. Dans ces domaines, la politique extérieure russe (ou plutôt les domaines adjacents) est très en retard par rapport à beaucoup d’autres pays du monde, qui utilisent une multitude de technologies afin de promouvoir leurs cultures à l’étranger.
3. Incapacité à élaborer une politique efficace de travail avec la diaspora russe à l’étranger. L’apparition de nouvelles idées dans ce domaine date des années 1980. Mais de nos jours encore, ces millions de Russes résidant en dehors du pays ne jouent pas un rôle de moteur du développement économique et autre de la Russie, qui serait comparable au rôle que jouent les diasporas chinoise et indienne dans le développement de leurs pays d’origine.
4. Perte de l’influence russe dans des pays comme la Géorgie et l’Ukraine. Moscou s’est avéré incapable de mobiliser les ressources, qui semblaient énormes, en matière de bonne volonté dans les pays voisins, peuplés notamment par des Russes d’origine. Il a même détérioré la situation de ses partisans. Cela est à mettre sur le compte d’erreurs commises par la Russie elle-même, et pas uniquement sur le compte des succès de ses adversaires. C’est la "maladie américaine" qui a tout gâché pour Moscou, à savoir l’ivresse de son bon droit et de sa force retrouvée. Les sanctions imposées par la Russie contre la Géorgie sont l’exemple le plus éloquent d’une mauvaise politique. Ces sanctions n’ont fait qu’éloigner les Géorgiens de Moscou, y compris ceux qui sont mécontents de la politique de leur propre gouvernement.
5. Echecs dans la coopération militaire et technique (l’Algérie et l’Inde en sont des exemples récents). Presque la moitié de la politique extérieure russe des années 1990 reposait sur ce domaine de la coopération internationale. C’est sur la coopération militaire que se fondaient les relations avec des pays tels que la Chine et d’autres, qui avaient avec la Russie des échanges commerciaux qui dépassaient de loin les échanges avec les autres puissances. On estimait que c’était là que résidait le potentiel du nouveau modèle de commerce extérieur russe, lequel devait s’appuyer sur les exportations de technologies et non de matières premières. Au début des années 2000, les volumes des exportations militaires russes se sont accrus. La concurrence de la part des autres fournisseurs d’armements sur les marchés mondiaux s’est accrue elle aussi. Mais cette concurrence n’est sans doute pas la seule raison expliquant le fait que précisément depuis ces dernières années, des acheteurs d’armements russes renoncent de temps à autre à des contrats déjà conclus et se plaignent parfois du non-respect des délais de livraison. Les réformes permanentes effectuées dans ce domaine de l’économie russe n’ont toujours pas abouti au résultat escompté, à savoir l’amélioration de la réputation des armements russes.
Messages
1. Politique extérieure russe sous Vladimir Poutine : points forts et points faibles, 4 mars 2008, 20:40, par al1_2Nant
la Russie de Poutine est à l’Amérique de Bush ce que fut l’Allemagne d’Hitler à l’Amérique de Ford (le grand patron collabo !)...
La poursuite de la guerre des étoiles, voilà enfin un marché lucratif , une source de profits exorbitante ( dépassant les orbites routinières des satellites de grand-papa...)
La "crise du capitalisme" a sa solution "naturelle" dans le pire, mais pour y arriver, il faut plusieurs poutines et un bush, plus quelques yzokras et inocsulreB...