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Politique tarifaire du Louvre : dialogue de sourds

Publie le samedi 5 février 2005 par Open-Publishing
3 commentaires

Politique tarifaire du Louvre : dialogue de sourds

communiqué de : Intersyndicale Ministère de la Culture (CFDT, SNAC-FSU, SUD, UNSA), FSU, SNAP-CGT, SUD-Etudiant, Louvre pour tous. Paris le 4 février 2005.

Un fort mouvement d’opinion, suite à l’initiative d’organisations associatives et syndicales, relayé par de nombreux médias, a été suscité par la nouvelle politique tarifaire imposée par la direction du Louvre : augmentation des tarifs de 13% en un an, suppression de la gratuité accordée jusque là à certaines catégories d’usagers.

Suite à l’annonce et à la tenue du rassemblement organisé le 15 janvier 2005 devant la pyramide, la direction du Louvre avait fait un timide pas en arrière en rétablissant la gratuité pour les artistes, dans un premier temps aux seuls adhérents de l’association Maison des Artistes, puis à tous ceux reconnus comme tels par le régime de sécurité sociale.

C’est dans ce contexte que le 1er février 2005, une délégation comprenant l’Intersyndicale Ministère de la Culture (CFDT, SNAC-FSU, SUD, UNSA), la FSU, le SNAP-CGT, SUD ETUDIANT et le LOUVRE POUR TOUS a été reçue par Henri Loyrette, président-directeur du Louvre, Didier Selles, administrateur général et Catherine Guillou, directrice des publics.

Il s’agissait d’obtenir des précisions et garanties sur les "avancées " constatées pour les artistes et d’obtenir des engagements sur un retour à la gratuité pour ceux qui en ont été exclus ces derniers mois. Plus largement, la délégation demandait à la direction du Louvre, d’engager le débat, tant en interne qu’en externe, sur une extension de la gratuité, sur sa politique de mécénat et, au-delà, sur les moyens d’assurer une réelle participation des usagers à la réflexion sur la politique tant tarifaire que culturelle du Louvre.

Force est de constater que nos interlocuteurs se sont contentés de s’astreindre à un exercice obligé de "conversation de salon", de développer une logique purement comptable teintée d’autosatisfaction et assument pleinement les pratiques commerciales du musée, à savoir le recours au développement des ressources propres. Si ces pratiques s’inscrivent dans un contexte de réduction des impôts interdisant la mise en place d’un budget du Ministère de la Culture à la hauteur des besoins, elles ne sauraient servir d’alibi à l’absence de réflexions sur le financement de tarifs d’entrée plus bas et sur une extension de la gratuité.

Derrière un discours convenu mettant en avant des mesures, d’ailleurs bien insuffisantes, en faveur de publics dits " socialement prioritaires " ou de comparaisons bien choisies avec d’autres établissements, en face desquels le Louvre apparaît comme le champion de la générosité en terme de politique tarifaire, l’exclusion de la gratuité d’une grande partie de ceux dont le métier est justement de participer à la sensibilisation, à la transmission de l’art et de sa connaissance n’est jamais remise en cause.

Certes les artistes français et étrangers (adhérents de l’A.I.A.P.) et les critiques d’art, à l’instar des étudiants d’art de moins de 26 ans, auront de nouveau gratuitement accès aux collections du Louvre, mais en contrepartie d’un "échange de services" dont la direction du Louvre est bien en peine d’en définir clairement les contours. Manifestement, il s’agit de les transformer en médiateurs supplétifs bénévoles chargés de remédier à un manque criant de personnels et de moyens, préalable indispensable à un véritable développement de la démocratisation culturelle.

Certes la direction du Louvre a reconnu une " maladresse " concernant les critiques d’art, -ce qui est pour le moins contradictoire quand on se targue du souci des publics - et les a réintroduit dans le champ de la gratuité.

Mais pour tous les autres, la direction du Louvre a refusé de négocier.

Les enseignants, soupçonnés de profiter de la gratuité du musée pour leurs seuls " loisirs ", doivent s’inscrire dans un " projet pédagogique " dont l’unique but semble être d’amener des élèves au musée.

Les étudiants d’art en France âgés de plus de 26 ans resteront exclus de la gratuité au prétexte qu’ils font partie de la mauvaise catégorie statistique quand bien même cela concernerait très peu de personnes, par exemple futurs restaurateurs d’art !

Les étudiants d’art à l’étranger devront désormais payer car chacun d’entre eux est susceptible de cacher un éventuel fraudeur, le personnel d’accueil, nous a-t-on dit, étant en incapacité technique de reconnaître l’authenticité des cartes d’étudiants étrangères présentées.

En conclusion, la seule gratuité que la direction du Louvre estime justifiée et qui ne la choque pas est celle accordée aux salariés d’entreprises privées mécènes qui achètent la gratuité pour leurs employés : comme quoi la gratuité est bien reconnue comme incitative à la découverte et à la fréquentation d’un lieu culturel, aussi bien par les entreprises que par la direction du musée qui là ne la remet pas en question puisqu’elle lui est payée !

Nous continuerons donc à dénoncer cette dérive mercantile qui va à l’encontre de la vocation universelle du Louvre.

Nous continuerons à exiger la gratuité pour les enseignants au nom d’une conception autrement plus large des projets pédagogiques.

Nous continuerons à exiger la gratuité pour les étudiants âgés de plus de 26 ans parce qu’il s’agit d’une mesure mesquine que rien ne peut justifier.

Nous continuerons à exiger la gratuité pour les étudiants d’art à l’étranger au nom d’une plus haute conception de l’accueil de notre pays et au nom de la vocation universelle de l’art.

Nous avons annoncé à la direction du Louvre notre volonté de prolonger notre mouvement, par notamment la tenue prochaine d’Assises publiques sur l’accès à l’art et à la culture pour tous auxquelles elle serait conviée. La direction a accepté notre invitation.

Intersyndicale Ministère de la Culture (CFDT, SNAC-FSU, SUD, UNSA), FSU, SNAP-CGT, SUD- Etudiant, Louvre pour tous - Paris le 4 février 2005.

PLUS D’INFOS
SITE http://louvrepourtous.site.voila.fr...
MAIL louvrepourtous@free.fr

Messages

  • Signataires de l’appel à rassemblement le 15/01/05 : Syndicat National des Artistes Plasticiens SNAP-CGT, Louvre pour Tous, Intersyndicale Ministère de la Culture (CFDT, SNAC-FSU, SUD, UNSA), Fédération FSU, Comité des Artistes-Auteurs Plasticiens CAAP, Syndicat National des Designers Textiles SNDT, Syndicat National des Sculpteurs et Plasticiens, Union Nationale des Peintres Illustrateurs UNPI, Syndicat National des Artistes-Auteurs SNAA-FO, Union des Photographes Créateurs UPC, Collectif des enseignants pour la gratuité des musées nationaux, SUD Education, SUD Etudiant, Solidaires Paris, Union Syndicale Solidaires, Réseau Stop Précarité, Marches Européennes, Free Warriors, Union of Students of Europe USE, CGT Eliance-Musée du Louvre, ATTAC-France, Syndicat français des artistes interprètes SFA-CGT, Alliance française des designers...

  • Loyrette s’est discrédité en laissant entrer les multinationales au Louvre, et tout particulièrement TOTAL,

    Loyrette s’est discrédité en prétendant que "la gratuité ne saurait etre réservée à une corporation" en visant les enseignants, dont le métier est de transmettre une initiation à la culture à tous les élèves du pays.

    Loyrette s’est dicrédité en assurant que la gratuité était réservée aux "catégories sociales fragiles" juste avant que l’on apprenne que la gratuité pour les salariés de TOTAL, du crédit lyonnais, de Accenture, ... leur avait été accordée par la direction du Louvre.

    Loyrette est grotesque : il doit libérer le Louvre et faire de la télé-réalité

    Usager, je refuse d’etre un client.

  • Il faut organiser de nouveaux rassemblements au Louvre.
    Dire haut et fort que la gratuité pour tous doit être acquise.