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Pour devoir de mémoire

Publie le mardi 12 juin 2007 par Open-Publishing
8 commentaires

(adressée au Maire de 92100 Boulogne-Billancourt)

Monsieur le Maire :
Mon attention est attirée sur un carton d’invitation à une cérémonie au cours de laquelle en vos salons d’honneur, le mercredi 27 juin à 19 heures, un diplomate israélien remettra à titre posthume la médaille des "Justes parmi les Nations" à Liliane Bloch-Morhange, et ce, indique le carton : pour avoir sauvé la vie de Gene-Claude Straussman.

Le respect qui est dû à votre délégation de service public, même si les critères de la morale publique ne sont peut-être plus tout à fait les mêmes qu’à l’époque où André Morizet était maire de cette ville, m’interdit, de vous soupçonner, de vous faire le complice d’une trouducuterie. Mais enfin je m’étonne, de la facilité, avec laquelle votre éventuelle bonne foi aura été ici abusée.

D’abord -et même si vous n’êtes pas tenu à des connaissances onomastiques : le patronyme Bloch-Morhange aurait, pour le moins, pu vous mettre la puce à l’oreille. Et il se trouve qu’effectivement Liliane (Félicie) Lacore était depuis... décembre 1941, la très-légitime épouse de Jacques Bloch, lorsqu’après l’armistice italien du 8 septembre 1943 elle s’occupa de cet enfant qui avait pu être exfiltré de la zone d’occupation niçoise, passée sous contrôle nazi. Les qualités de coeur qui étaient les siennes, et dont bien entendu elle fit preuve à cette occasion, ne sont évidemment pas en cause. Mais enfin, et jusqu’à preuve du contraire : la "médaille des Justes" n’est pas faite, pour honorer l’épouse d’un juif, qui a hébergé un enfant juif...

Mettons, que sur ce point, votre bonne foi aît été abusée -mais sûrement pas celle de l’Ambassade d’Israël en France, qui en date du 31 octobre 2006 a été alertée de cette entourloupe. Quoi qu’il en soit la personne qui a rédigé ce carton sait bien, que l’attribution de la "médaille des Justes", nécessite l’existence d’au moins deux cas de sauvetages attestés.

Je mesure bien que dès qu’il y a médaille, il y a course-aux-médailles, et ce, avec les passe-droits que cela implique. Mais, puisque que c’est ici derrière la mémoire de Liliane que l’on s’abrite, je crois devoir attirer votre attention sur ce qui suit : on n’hésite pas, et par soif de médaille, à grimer en "goye de service" (!) de la famille une femme admirable et à qui apparemment, cela n’avait pas posé problème d’épouser un juif...

Veuillez m’en croire, tout à fait navré.

Messages

  • ce n’est pas l’ambassade qui s’occupe de la distribution des médailles, mais un service qui tout en dépendant de l’Etat d’Israël est indépendant de l’Ambassade.
    Il n’est chargé que de construire des dossiers, le reste dépend d’un service à Jérusalem ; il n’est pas facile de faire donner la médaille de "Juste" à quelqu’un, il m’a fallu dix ans pour que soit honorés mes grand-parents adoptifs. (adoptifs selon le coeur, pas selon la Loi)
    De plus, cette personne non-juive, épouse d’un juif, qui a sauvé un enfant juif qui n’était pas de sa famille, n’en est pas moins héroïque ; tout d’abord, pour n’avoir pas dénonçé son mari, ensuite pour s’être chargée d’un enfant qui n’était pas le sien et qui était en danger de mort.

    Pour avoir droit à cette médaille, il faut que les Sauveteurs aient sauvé des juifs sans recevoir d’émoluments, l’aient fait de manière désintéressée.

    Ce que nous devons, nous juifs,à ces personnes qui nous ont sauvé au péril de leur vie, c’est beaucoup plus que de la reconnaissance, plus qu’une médaille, c’est de l’amour ; et la seule manière que nous avons trouvé pour leur prouver notre reconnaissance, c’est cette petite cérémonie, qui prouve aussi que toute la France n’a pas collaboré avec l’occupant, comme on voudrait nous le faire croire.

    Je vous adresse mes sincères salutations, et j’espère que mon message sera bien reçu.

    • 1°a) bien que ce ne soit pas l’Ambassade d’Israël qui s’occupe de la distribution de la médaille, l’Ambassadeur n’en est pas moins statutairement associé à la cérémonie de remise : telle est la raison pour laquelle en date du 31 octobre 2006, et quoi que je puisse penser d’une Occupation qui en Cisjordanie dure depuis maintenant plus de quarante ans, j’ai tenu à alerter les services de l’Ambassade, pour le cas où l’éventuelle bonne foi de l’actuel ambassadeur viendrait à être abusée. J’ose espérer que mon courrier serait resté sans réponse, avec une même désinvolture, si j’avais été ne fût-ce qu’un obscur journaliste dans un obscur journal de province...
      1°b) il va de soi que je me suis par ailleurs adressé à la personne ici en cause, à savoir un notable sans-dignité, connu pour son amitié-de-cinquante-ans avec l’une des ayant-droit. Je lui ai écrit avec courtoisie, bien qu’ayant la preuve écrite de sa collusion (dont sa protégée s’était vantée en toute ingénuité). Mais, avec tout le mépris dont peuvent être capables des gens qui s’arrogent jusqu’au droit de dire qui fut Juste, et qui ne le fut point : ce monsieur a cru pouvoir laisser mon courrier sans réponse...
      1°c) mon but n’étant pas de faire du bruit, dont on ne voit que trop bien l’exploitation hostile dont il pouvait faire l’objet, j’ai en date du 31 octobre 2006 et dans un nouvel effort de conciliation déposé une demande d’enquête auprès du "Comité français pour Yad Vashem" : j’attends encore le début d’un commencement de réponse.
      1°d) ma demande d’enquête aura eu tout de même pour effet d’obliger le notable à m’adresser une réponse, en date du 7 novembre 2006. Chacun, suivant ses convictions, appréciera ce qui tient lieu de fibre "morale" à l’intéressé, au vu de propos comme celui-ci : "Si vous le jugez utile, il n’est pas superflu que vous vouliez bien me préciser ce qui à votre point de vue aurait pu disqualifier l’épouse d’un juif pour l’attribution du titre de Juste".

      2°a) pour ce qui est du rappel des "faits" je n’ai pas besoin de la réponse qui m’est faite puisque c’est mon père (alors en poste à Roumazières, Charente) qui parvint à faire exfiltrer ce gosse de la zone d’occupation niçoise. Et que c’est sur la base de l’information par moi fournie, que de peu scrupuleux ayants-droit ont après 2003 réussi à bricoler à la hâte un simulacre de dossier.
      2°b) pour ce qui est du respect dû à Liliane Bloch-Morhange, peu importe l’identité de la personne qui me répond : je renvoie à ma lettre ci-dessus ; dans sa totalité, mais plus particulièrement au dernier paragraphe.
      2°c) pour ce qui est de mon opinion sur la "médaille des Justes", je me garderai bien de la donner ici (à supposer que j’aie une opinion). Des règles ont été fixées : qu’on les respecte. Or, outre qu’elles prévoient l’existence d’au moins deux cas de sauvetage attestés : la "médaille des Justes" (quoi qu’en dise la partie adverse avec qui je n’ai été que trop patient, et qui ose encore demander son reste alors même qu’elle vient de se faire prendre avec les doigts dans la confiture) n’est pas faite, pour... honorer l’épouse d’un juif, qui a hébergé un enfant juif.

      L. Nemeth, petit-fils de Jacob et Léa (née Sternberg), morts à Auschwitz

    • Cette médaille est aussi : une médaille très politique. En effet un notable n’aurait pas pris le risque, par pur copinage, de compromettre la réputation (non contestée) de sérieux qui jusqu’ici a pu entourer l’attribution de la "médaille des Justes". D’autre part, dans la position publique qui est la sienne, il ne serait pas sans bonnes raiosns exposé au ridicule d’aller jusqu’à écrire : "Si vous le jugez utile, il n’est pas superflu que vous vouliez bien me préciser ce qui à votre point de vue aurait pu disqualifier l’épouse d’un juif pour l’attribution du titre de Juste". Et s’il l’a fait : c’est qu’il y avait ici un impératif politique supérieur.

      En effet c’est le 17 octobre 2006 que la Commission ad hoc (Yad Vashem) a validé ce simulacre de dossier, c’est-à-dire au moment où devenait clair qu’en France un nommé Sarkozy risquait fort de succèder à un nommé Chirac. Or si du point de vue intérieur français cela ne semblait pas devoir changer grand’chose, il n’en allait pas de même pour la diplomatie israélienne qui à cette occasion pouvait espèrer un "rééquilibrage", même au sein du milieu de type gaulliste-traditionnel. Or si le nom de Jacques Bloch-Morhange (époux de celle que sans rire on prétend ici honorer) n’est plus aujourd’hui connu que des personnes d’un certain âge, celui-ci n’en fut pas moins l’auteur d’un ouvrage sobrement intitulé "Le gaullisme" et son nom est encore un symbole, dans le milieu en question.

    • Comme on pouvait s’y attendre le maire de Boulogne-Billancourt a allumé un contre-feu, sous forme de menteries publiées dans le bulletin municipal et auxquelles il n’y a pas à répondre. Leur intérêt est toutefois de rappeler que c’est à la fin de l’année 2003, que cet ex-enfant a entendu parler pour la première fois de cette période de sa vie : voilà qui paraît peu compatible avec l’affirmation qui figure dans la réponse du 13 juin 2007 à 10h13 (non signée, mais supposée émaner de lui), selon laquelle il lui aurait... fallu dix ans, pour obtenir ici quoi que ce soit.

      Je tiens tout de même à préciser, puisque le bulletin municipal de Boulogne associe ma mère à toute cette cuisine pour y donner un air de vérité, qu’en aucune façon cet ex-enfant n’a rencontré en octobre 2003 ma mère (dont l’état de santé, ne l’aurait pas permis).

      L. Nemeth

    • La vérification de l’article du bulletin municipal fait apparaître que n’ayant pas même le courage de leur parente ces ayants-droit n’ont pas hésité à dater de... 1944 son mariage avec Jacques Bloch : ici encore il n’y a pas lieu à polémique -s’agissant d’une précision qui est du domaine public, et à la portée de quiconque possède une édition du "Who’s who in France" antérieure à 1990.

    • J’habite près de Villechétive. (haras ayant appartenu à Bloch-Morange)
      j’ai été mis au monde en 1943 par le docteur Nemeth à Loubert, Roumazières
      J’ai revu en 1969 à un colloque sur la reproduction en 1969 le docteur Nemeth. et Madame Dora Németh, présidente de la société d’histoire de la chirurgie dentaire...il y a une douzaine d’années.
      Mon père m’avait dit avoir permis à Bloch-Morange (Manot) de s’échapper par une fenêtre... à Roumazières...
      S’agit-il des mêmes personnes ???

  • Sérieusement vous n’avez que ça à foutre ??

    En quoi la qualité d’épouse d’un juif devrait empièter sur la qualité de non juif ?

    Enfin je crois que cela est peine perdue...

    • La mairie de Boulogne-Billancourt (ou la personne qui a posté le message ci-dessus) paraît oublier que la "médaille des Justes" est destinée à honorer les personnes qui ont agi là où elles n’avaient pas de raisons de le faire par ailleurs : l’épouse d’un juif, jusqu’à preuve du contraire, n’entre pas tout à fait dans cette catégorie. On voit mal par ailleurs pourquoi, si ce point est si secondaire, les demandeurs se sont livrés à un mensonge de trois ans (vérifiable jusque dans le Who’s who) concernant la date du mariage de Liliane et de Jacques...

      Si d’autre part je n’ai pas à me justifier quant à ce que j’en ai à foutre (le respect dû à la mémoire de ces deux disparus qui m’étaient chers, et le fait qu’il s’agit d’une fraude dont je possède les éléments, sont des raisons bien suffisantes), je m’étonne qu’une personne qui s’exprime sur ce site laisse de côté, ce qui est un peu plus qu’un détail : le président du "Comité français pour Yad Vashem", qui a refusé d’ouvrir l’enquête indépendante que j’exigeais, n’est autre que le nommé Prasquier, qui aux dernières nouvelles était toujours président du Crif...

      Enfin si cette situation, très isolée, n’engage que les personnes ici compromises : j’ai clairement quelque chose à foutre, vis-à-vis des hommes et des femmes admirables qui ont pu au fil des années être honorés, que ne soit pas jeté le discrédit sur cette décoration. Même si à titre personnel je n’en pince pas pour les décorations ou encore, lorsqu’il est question d’un acte de courage, je ne fais pas de différence entre enfants ou adultes sauvés, ni en fonction de la religion, etc.