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Pour un plan de développement de l’emploi dans le spectacle vivant
Publie le vendredi 23 janvier 2004 par Open-PublishingIntroduction : La récente et grave crise que traverse le spectacle vivant s’est cristallisée autour du protocole Unedic du 26 juin « retoqué » le 13 novembre 2003 ; elle n’en est pas moins le révélateur d’un problème plus ancien et plus profond encore, concernant la politique de soutien à la création dans son ensemble et dont un des points essentiels est l’emploi dans le spectacle vivant.
Le 4 septembre 2003, le Ministre J.-J. Aillagon, lors de son allocution d’ouverture de la réunion du Conseil National des Professions du Spectacle, reconnaissait : « ... Durant des décennies, chacun s’est accommodé d’un compromis qui consistait à reporter sur l’UNEDIC la charge du financement d’une partie de la vie artistique de notre pays. Chacun y trouvait peu ou prou son compte, y compris les collectivités publiques qui subventionnent la vie culturelle, y compris le ministère de la Culture et de la Communication. »
Pour que cesse cette politique de l’autruche et ces pratiques d’« accommodement » à grande échelle, il est essentiel et urgent qu’un véritable plan de développement de l’emploi dans le spectacle vivant soit mis en place. En juillet dernier, le Premier Ministre avait lui-même évoqué un la mise en place d’un dispositif supposé répondre aux inquiétudes des professionnels, au détail près que son financement en était notoirement insuffisant (20 millions d’euros pour l’ensemble du secteur) et que, sitôt énoncée, la proposition avait été, selon toute apparence, abandonnée.
Loin des effets d’annonce ou des demi-mesures, les propositions qui suivent ont pour but de répondre aux véritables besoins des arts vivants et tout particulièrement ceux des compagnies, premiers employeurs d’intermittents du spectacle.
1) Priorité aux compagnies du secteur indépendant : Les compagnies demandent que les nouveaux subventionnements prévus par ce plan soient réservés au secteur indépendant, c’est-à-dire le secteur le plus fragilisé par les données du nouvel accord UNEDIC. Les centres dramatiques et chorégraphiques doivent être incités à utiliser les dotations dont ils disposent déjà pour développer chez eux l’emploi permanent d’artistes et de techniciens (et se mettre en règle, ce faisant, avec les obligations de leurs cahiers des charges, telles qu’elles étaient définies bien avant l’accord du 27 juin dernier). Au cas contraire, nous assisterions à un nouveau creusement des inégalités du subventionnement public entre les institutions et les compagnies
2) Soutenir les compagnies les plus fragilisées : Il faut veiller à ce que le plan aide en priorité les compagnies les plus fragilisées par l’accord UNEDIC, donc en priorité les compagnies actuellement aidées à la production dont le nombre doit s’accroître et le subventionnement moyen être revalorisé. De même :
• De nouveaux conventionnements doivent intervenir grâce à une redéfinition des critères d’accès à ce dispositif ;
• L’aide à la création renouvelable annuellement doit être rétablie ;
• Les inégalités du montant des subventions entre les différents secteurs artistiques (danse, arts de la rue, cirque, musique, théâtre...) doivent disparaître ;
• Les aides accordées doivent correspondre aux sommes demandées par les compagnies, mettant fin à l’hypocrisie qui renvoyait implicitement les compagnies au "financement Assedic", seul moyen pour elles de réaliser un projet pour lequel elles n’avaient pas obtenu l’intégralité du financement demandé - hypocrisie reconnue par le Ministre J.-J. Aillagon dans les termes cités plus haut.
Sans ce nécessaire soutien en direction des compagnies les plus fragilisées, ce secteur sera à la merci des conséquences de la précarisation : développement du travail au noir, amateurisation rampante et détérioration des enjeux artistiques, voire la disparition de certaines disciplines.
3) Créer des aides permettant le développement de la pratique artistique : Que ce soit à l’école ou lors d’activités périscolaires, la demande d’intervention artistique est grande sans que pour autant les collectivités reconnaissent ce travail qui s’appuie totalement sur l’intermittence. Au moment où l’éducation artistique paraît de plus en plus nécessaire dans la formation notamment des enfants et des adolescents, il nous semble indispensable que celle-ci soit reconnue à sa juste valeur comme partie intégrante du métier d’artiste et que des crédits soient alloués à des compagnies afin de
• baisser les coûts horaires (soumis à une TVA de 19,6%),
• permettre de diffuser la pratique artistique en direction du plus grand nombre,
• privilégier l’emploi d’artistes comme intervenant artistique en dehors des périodes de création.
4) Non au désengagement de l’Etat : Il semble que la stratégie du Ministère inclue la possibilité de se désengager progressivement de ces lignes et de les renvoyer à la responsabilité des collectivités territoriales. Les compagnies s’opposent à un tel désengagement de l’Etat.
5) Sauver les emplois-jeunes dans les compagnies : Il importe que le plan serve à reconduire chez toutes les compagnies, subventionnées ou non par l’Etat, les emplois-jeunes d’administrateurs, de médiateurs, ou de chargés de production. Au-delà, des aides à l’emploi administratif ainsi que des aides au fonctionnement doivent être mises en place.
6) Compenser la surcharge représentée par le doublement des cotisations ASSEDIC : Le plan doit prendre en compte la confirmation dans l’accord UNEDIC de la charge supplémentaire représentée par le doublement des cotisations ASSEDIC et ses répercussions (hausse des cotisations Congés-Spectacles...). Ce doublement que le Ministre J.-J. Aillagon considérait comme « conjoncturel » il y a quelques mois, ne manque pas d’avoir des effets désastreux sur la capacité des compagnies à employer des artistes et des techniciens. Le plan envisagé doit comprendre une estimation globale des charges supplémentaires imposées aux compagnies dans les conditions actuelles de l’emploi.
7) Associer compagnies et intermittents à la mise sur pied du plan : Il est indispensable que soient reconnus comme partenaires nécessaires et essentiels à toute réflexion concernant le développement de l’emploi dans le spectacle vivant les compagnies, premiers employeurs d’intermittents, et les représentants des intermittents eux-mêmes. Il serait impensable que les principaux intéressés par un tel dispositif n’y soient pas étroitement associés, et que ne soient pas prises en compte leurs propositions allant toutes dans le sens du développement et de la pérennisation de l’emploi dans le spectacle vivant.
syndicat national du spectacle vivant