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Pourquoi "la France d’après" veut-elle extrader Marina Petrella ?

Publie le mardi 8 juillet 2008 par Open-Publishing

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Par Enrico Porsia

Italie, années 70. Tentatives de coups d’Etat militaires. Troubles sociaux. Bombes meurtrières, posées par les milices fascistes. Des milices liées au pouvoir en place. Le pouvoir visible, la Démocratie chrétienne, véritable parti-régime qui a régné pendant presque 50 ans sur la Péninsule. Et le pouvoir occulte. L’organisation clandestine de l’OTAN Gladio. La loge maçonnique atlantiste, putschiste et antirépublicaine P2. Regardez la liste de la P2, la "loge occulte". Le cavaliere Berlusconi y figure en bonne place. Aujourd’hui, il a conquis le pouvoir. C’est la P2 qui a gagné. La P2 avec les "post"-fascistes de Gianfranco Fini. Celui qui, il y a encore quelques années, définissait Mussolini comme le plus grand homme d’Etat du XXe siècle, est aujourd’hui le président de la Chambre des députés. Une Chambre où aucun député se réclamant sans ambiguïté de la gauche n’est plus présent. Les Italiens ont voté. La P2, les "post"-fascistes avec les "néo"-xénophobes de la Ligue du Nord sont les maîtres du pays. Une fois le scrutin terminé, les pogroms contre les campements des Roms ont pu commencer. Et le pouvoir a pu justifier "l’exaspération" des Italiens.

En d’autres temps, l’Europe s’inquiétait. Rappelons-nous lorsque le parti de Haider accéda au pouvoir en Autriche. En Europe, on parlait de cordon sanitaire. Souvenirs. Aujourd’hui, alors que la P2 est au pouvoir avec les xénophobes et les héritiers du Duce, l’Europe félicite le nouveau gouvernement italien… Sait-on ici que le président de la Chambre, le "post"-fasciste Gianfranco Fini, n’est autre que le préfacier du livre "Témoignage", une œuvre signée Nicolas Sarkozy ?

C’est sous la présidence de Jacques Chirac que la République française a trahi sa parole.
La promesse avait été faite par le président François Mitterrand : les militants des organisations armées de l’extrême gauche italienne, seront accueillis sur le territoire de la République, du moment où ils déposent les armes. Ainsi, pendant 20 ans, les réfugiés politiques italiens ont pu vivre officiellement sur le territoire de la République française. L’asile qui leur avait été accordé était-il une faveur du prince ? Non. Le président de la République avait engagé la parole de la France, car il avait estimé qu’un conflit politique avait eu lieu en Italie. En pleine cohabitation avec Jacques Chirac, le Premier ministre Lionel Jospin avait été très explicite : La France n’extradera pas les ressortissants italiens recherchés dans leur pays pour avoir commis "des actes de nature violente d’inspiration politique".

Les mêmes conclusions étaient celles de la commission parlementaire italienne qui avait pour mission d’enquêter sur les "années de plomb". Le sénateur Giovanni Pellegrino, qui présidait la commission, explique : "L’Italie a vécu une guerre civile jamais reconnue. C’était une guerre civile de basse intensité". Le président de la commission d’enquête parlementaire souligne aussi que, contrairement aux groupes paramilitaires de la droite extrême, aucune organisation révolutionnaire de l’extrême gauche n’était liée à aucun service secret, ni manœuvrée par aucune puissance étrangère.

Une guerre civile, de basse intensité, une guerre civile jamais officialisée a eu lieu au beau milieu de l’Europe dans les années 70 et le tout début des années 80.
Le droit d’asile que la France avait accordé n’était donc nullement une faveur.
La France considérait simplement les faits historiques et assumait sa responsabilité de terre d’asile en acceptant sur son territoire les perdants d’une guerre civile qui avait secoué le pays voisin.

2001. Al-Qaïda frappe New York. Le choc est énorme. La "guerre au terrorisme" est déclarée. C’est en exploitant le choc émotionnel causé par les attentats que le gouvernement de Berlusconi met la pression sur Paris. Et, le gouvernement Chirac cède.

Paolo Persichetti, enseignant à l’université de Saint-Denis, est arrêté et extradé vers Italie le 24 août 2002. Ensuite, c’est Roberto Castelli, ministre de la Justice italien et responsable politique de la très xénophobe Ligue du Nord qui se rend à Paris pour traiter d’autres extraditions. Rome et Paris se mettent d’accord sur une liste.

En février 2004, l’écrivain Cesare Battisti est arrêté et placé sous écrou extraditionnel. Trois ans plus tard, c’est le tour de Marina Petrella.

Avec une nonchalance inquiétante, le gouvernement français extrade aujourd’hui des personnes qui avaient été accueillies, hier, en toute connaissance de cause. Elles avaient été accueillies officiellement, car Marina Petrella est bel et bien titulaire d’une régulière carte de séjour d’une validité de dix ans, délivrée par les autorités françaises.
Et, par là même, la France se défausse de ses responsabilités vis-à-vis de personnes qui vivaient depuis des dizaines d’années sur son territoire, qui ont fondé des familles, qui se sont intégrées à la société.

L’Etat italien n’a pas le courage de regarder son histoire. Il n’a pas le courage de tourner la page des années de plomb, il n’a pas le courage d’admettre les conclusions de sa commission parlementaire et d’en tirer les conséquences politiques qui s’imposent : décréter une amnistie et tourner la page du conflit civil qui a endeuillé le pays.

Pourquoi la République française doit-elle se rendre complice de la vengeance infinie que demande aujourd’hui le cavaliere Berlusconi, l’ancien adhérant à la loge antirépublicaine et putschiste P2, secondé par Gianfranco Fini, ancien cadre fasciste et actuel préfacier de l’hôte de l’Elysee ?

http://www.amnistia.net/news/articl...

Par Enrico Porsia

Italie, années 70. Tentatives de coups d’Etat militaires. Troubles sociaux. Bombes meurtrières, posées par les milices fascistes. Des milices liées au pouvoir en place. Le pouvoir visible, la Démocratie chrétienne, véritable parti-régime qui a régné pendant presque 50 ans sur la Péninsule. Et le pouvoir occulte. L’organisation clandestine de l’OTAN Gladio. La loge maçonnique atlantiste, putschiste et antirépublicaine P2. Regardez la liste de la P2, la "loge occulte". Le cavaliere Berlusconi y figure en bonne place. Aujourd’hui, il a conquis le pouvoir. C’est la P2 qui a gagné. La P2 avec les "post"-fascistes de Gianfranco Fini. Celui qui, il y a encore quelques années, définissait Mussolini comme le plus grand homme d’Etat du XXe siècle, est aujourd’hui le président de la Chambre des députés. Une Chambre où aucun député se réclamant sans ambiguïté de la gauche n’est plus présent. Les Italiens ont voté. La P2, les "post"-fascistes avec les "néo"-xénophobes de la Ligue du Nord sont les maîtres du pays. Une fois le scrutin terminé, les pogroms contre les campements des Roms ont pu commencer. Et le pouvoir a pu justifier "l’exaspération" des Italiens.

En d’autres temps, l’Europe s’inquiétait. Rappelons-nous lorsque le parti de Haider accéda au pouvoir en Autriche. En Europe, on parlait de cordon sanitaire. Souvenirs. Aujourd’hui, alors que la P2 est au pouvoir avec les xénophobes et les héritiers du Duce, l’Europe félicite le nouveau gouvernement italien… Sait-on ici que le président de la Chambre, le "post"-fasciste Gianfranco Fini, n’est autre que le préfacier du livre "Témoignage", une œuvre signée Nicolas Sarkozy ?

C’est sous la présidence de Jacques Chirac que la République française a trahi sa parole.
La promesse avait été faite par le président François Mitterrand : les militants des organisations armées de l’extrême gauche italienne, seront accueillis sur le territoire de la République, du moment où ils déposent les armes. Ainsi, pendant 20 ans, les réfugiés politiques italiens ont pu vivre officiellement sur le territoire de la République française. L’asile qui leur avait été accordé était-il une faveur du prince ? Non. Le président de la République avait engagé la parole de la France, car il avait estimé qu’un conflit politique avait eu lieu en Italie. En pleine cohabitation avec Jacques Chirac, le Premier ministre Lionel Jospin avait été très explicite : La France n’extradera pas les ressortissants italiens recherchés dans leur pays pour avoir commis "des actes de nature violente d’inspiration politique".

Les mêmes conclusions étaient celles de la commission parlementaire italienne qui avait pour mission d’enquêter sur les "années de plomb". Le sénateur Giovanni Pellegrino, qui présidait la commission, explique : "L’Italie a vécu une guerre civile jamais reconnue. C’était une guerre civile de basse intensité". Le président de la commission d’enquête parlementaire souligne aussi que, contrairement aux groupes paramilitaires de la droite extrême, aucune organisation révolutionnaire de l’extrême gauche n’était liée à aucun service secret, ni manœuvrée par aucune puissance étrangère.

Une guerre civile, de basse intensité, une guerre civile jamais officialisée a eu lieu au beau milieu de l’Europe dans les années 70 et le tout début des années 80.
Le droit d’asile que la France avait accordé n’était donc nullement une faveur.
La France considérait simplement les faits historiques et assumait sa responsabilité de terre d’asile en acceptant sur son territoire les perdants d’une guerre civile qui avait secoué le pays voisin.

2001. Al-Qaïda frappe New York. Le choc est énorme. La "guerre au terrorisme" est déclarée. C’est en exploitant le choc émotionnel causé par les attentats que le gouvernement de Berlusconi met la pression sur Paris. Et, le gouvernement Chirac cède.

Paolo Persichetti, enseignant à l’université de Saint-Denis, est arrêté et extradé vers Italie le 24 août 2002. Ensuite, c’est Roberto Castelli, ministre de la Justice italien et responsable politique de la très xénophobe Ligue du Nord qui se rend à Paris pour traiter d’autres extraditions. Rome et Paris se mettent d’accord sur une liste.

En février 2004, l’écrivain Cesare Battisti est arrêté et placé sous écrou extraditionnel. Trois ans plus tard, c’est le tour de Marina Petrella.

Avec une nonchalance inquiétante, le gouvernement français extrade aujourd’hui des personnes qui avaient été accueillies, hier, en toute connaissance de cause. Elles avaient été accueillies officiellement, car Marina Petrella est bel et bien titulaire d’une régulière carte de séjour d’une validité de dix ans, délivrée par les autorités françaises.
Et, par là même, la France se défausse de ses responsabilités vis-à-vis de personnes qui vivaient depuis des dizaines d’années sur son territoire, qui ont fondé des familles, qui se sont intégrées à la société.

L’Etat italien n’a pas le courage de regarder son histoire. Il n’a pas le courage de tourner la page des années de plomb, il n’a pas le courage d’admettre les conclusions de sa commission parlementaire et d’en tirer les conséquences politiques qui s’imposent : décréter une amnistie et tourner la page du conflit civil qui a endeuillé le pays.

Pourquoi la République française doit-elle se rendre complice de la vengeance infinie que demande aujourd’hui le cavaliere Berlusconi, l’ancien adhérant à la loge antirépublicaine et putschiste P2, secondé par Gianfranco Fini, ancien cadre fasciste et actuel préfacier de l’hôte de l’Elysee ?

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