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Prénoms amazighs censurés : Un vrai faux débat...

Publie le lundi 2 juin 2008 par Open-Publishing
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H.Z.

Il est beaucoup question de nos jours de prénoms berbères, des refus catégoriques en série des autorités de l’état civil et des réactions contradictoires des uns et des autres... En 2007, quelque 88 cas ont été examinés dont 75 ont été acceptés et 13 rejetés pour cause d’être des prénoms amazighs “non marocains”. Mais, il est important de constater qu’au delà, l’interdiction de mettre des prénoms amazighs dans le registre de l’état civil remet au devant de la scène l’évolution du mouvement berbère chez nous, ses véritables revendications et ses ambitions. Mais au delà aussi, il s’agit bel et bien des fondements de la diversité culturelle de notre pays et sa capacité à assurer la cohabitation entre ses principales composantes populaires, à savoir les arabes, les amazighs et les juifs, dont chacune reste fière de ses origines et ses ancêtres. Arrivera-t-il à le faire en toute neutralité et impartialité ? Pour le moment, rien ne le prouve...! En atteste cette attitude conformiste de l’Etat d’interdire aux Marocains d’origine berbère de mettre des prénoms amazighs dans le registre de l’état civil. Une attitude que beaucoup qualifient de raciste, discriminatoire qui méconnaît l’identité amazighe du Maroc. Question de calmer les esprits, le département que dirige Chakib Benmoussa a réagi en tenant à préciser qu’il n’existe aucune liste restrictive des prénoms dans la loi marocaine.

A qui peut profiter l’amalgame et la confusion des genres ?

Plus, une journée d’étude même a été organisée du siège de l’Intérieur pour clarifier et mettre un terme à cette polémique qui risque de prendre de l’ampleur et battre en brèche cette image très chère au Royaume, à savoir la richesse de la diversité culturelle du Maroc. Ainsi selon la version de la Haute Commission de l’état civil, il n’existe aucune restriction au choix des prénoms, ni aucune liste limitative pour la liberté des citoyens en la matière : “ le choix des prénoms est régi par des normes prévues par la loi relative à l’état civil, qui stipule que le prénom choisi par la personne faisant la déclaration de naissance en vue de l’inscription sur les registres de l’état civil doit présenter un caractère marocain et ne doit être ni un nom de famille ni un nom composé de plus de deux prénoms, ni un nom de ville, de village ou de tribu, comme il ne doit pas être de nature à porter atteinte aux bonnes moeurs ou à l’ordre public", dit-on auprès de cette commission.

Alors qu’auprès des mouvements amazighs, le rejet des prénoms amazighs est une réalité et plusieures familles ont été interdites de mettre des pérnoms amazighs de leurs choix. Une décision qu’ils qualifient d’injuste “ qui vise à renforcer le nouveau racisme et à légitimer la discrimination envers le peuple autochtone amazigh”. Sans exception, tous les mouvements amazighs expriment “leur soutien envers tous les parents, les enfants et les familles victimes de ces décisions illégales”. Par la même occasion, ils ont décidé de saisir toutes les institutions et les instances concernées par ce problème tels le Cabinet Royal, Diwan Al Madalim, l’IRCAM, le CCDH, le Haut Commissariat pour les Droits de l’Homme, Amnesty International, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme... En attendant, Bahac, Damya, Diyia, Guraya, Yuba, Ijja, Ily, Aderfy, Amzin, Idir, Massinissa, Tihia, Tinnas, Taynust, Sifaw, Massin... restent des prénoms censurés. L’inquiétude des Amazighs est légitime et on la comprend, tant qu’aucune culture nationale dans le monde ne peut renier ses racines historiques.

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