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Président du Présistan

Publie le vendredi 7 novembre 2008 par Open-Publishing
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Le Président de la République du Présistan vient de recevoir des nouvelles alarmantes.

Le Présistan est un pays qui se situe entre l’Italie et la France. Des climatologues, des experts, et de très nombreux citoyens ont constaté que les glaciers des Alpes étaient en train de fondre très rapidement. Ils ont aussi constaté que les périodes de douceur en hiver étaient de plus en fréquentes. Il devient de plus en plus difficile de trouver des stations de sport d’hiver où la neige est poudreuse et tient sur le sol durant de longs mois sans jamais fondre complètement. Il n’y a rien de plus affligeant que de devoir skier sur des pentes où l’on trouve de nombreuses plaques de boue. Il n‘y a rien de plus triste que des paysages gris et peu lumineux. Les canons à neige ne peuvent pas tout faire. Seules quelques pistes peuvent être enneigées et la neige fond très rapidement.
Adieux les arbres givrés, les courses de traîneaux, les randonnées en ski, les sapins couverts d’une bonne épaisseur de neige. Les éditeurs de carte postales et les publicitaires n’auront plus qu’à puiser dans les stocks des décennies passées. Mais que l’on ne s’y trompe pas : il sera de plus en plus difficile d’attirer les touristes. Ils sont comme les truites : on ne les attrape pas deux fois. S’ils ont été déçus par ce qu’ils ont vu, ils ne reviendront pas. Il n’est pas certain qu’ils acceptent de se déplacer pour faire du dévalkart sur un gazon pas très net. Les experts et les citoyens sont très inquiets. Ils ne veulent pas que les stations de sport d’hiver deviennent des villes fantômes et lugubres.

Deux botanistes et un ornithologue indiquent également que plantes et d’animaux risquent de disparaître à tout jamais. Par exemple, c’est le cas des edelweiss. Ce sont des fleurs d’une grande beauté et très rares.

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Le président du Présistan est convaincu qu’il faut faire quelque chose. Il ne veut pas que la situation s’aggrave.
Il pense qu’il faut réagir vite. Il ne sait pas exactement quoi faire. Donc, il décide de faire venir un certain nombre de conseillers. Il lui vient une idée un peu farfelue. Il fait appel à des experts habitant dans des pays autres que le sien.

Il en convoque trois :
 un français.
 un canadien.
 un savant fou.

Le français dit en plaisantant que l’on pourrait tout rétrécir. Il n’y aurait qu’à réduire par dix la taille des voitures et des personnes. Le problème serait réglé. Les émissions de gaz à effet de serre seraient divisées par dix. Il reprend son sérieux et pense qu’il est souvent possible de remplacer les voitures par des vélos. Il cite le cas de son voisin qui va chercher les baguettes de pain pour sa grande famille. Il en prend 40. Il faut tenir la semaine. En les mettant dans le congélateur, on arrive à avoir du pain frais. Il attache une petite remorque à son vélo. Et le tour est joué. Il les transporte sans problèmes.

Le président du Présistan n’est pas complètement convaincu. Il demande à l’expert d’aller faire les courses par lui-même pour voir ce que cela donne. Le français se frotte les mains et dit d’un air assez fier : « Vous allez voir ce que vous allez voir ! »
Il obtient donc des crédits pour acheter un vélo et une petite remorque. Il décide de faire les courses un mercredi en milieu de journée pour ne pas être ennuyé par la circulation automobile. Il fait très attention à ce qu’il achète. Il ne prend pas d’articles qui ont des emballages encombrants et non recyclables. Il remplit le chariot. Il va à la caisse. 100 euros de courses. Il pousse le chariot jusqu’au parking, là où il a rangé son vélo. Il remplit la remorque et part.
Mais les difficultés commencent à arriver. Il s’aperçoit qu’il a du mal à lancer son véhicule. C’est que 80 kilos de marchandise, ça pèse. Il y arrive mais c’est assez casse gueule. Il est obligé de se faire aider par des personnes. Heureusement, le terrain est plat tout au long du trajet. Une fois qu’il est lancé, il s’aperçoit qu’il ne peut pas manœuvrer comme il le voudrait. Il ne peut pas ralentir. Il ne peut pas freiner ou alors très très lentement. Il est obligé de rouler à vitesse constante. Malheureusement pour lui, à un moment donné, un animal traverse la route. Il ne peut pas l’éviter. Les freins ne sont pas assez puissants. Il écrase l’animal. Il tombe. La remorque se renverse.

Il donne son rapport au Président. C’est négatif. Il est très difficile de se passer de voiture lorsque l’on habite loin des commerces.

Le président du Présistan fait venir le canadien. Il lui raconte les mésaventures du premier conseiller expert. Il rit énormément. Il trouve le français vraiment ridicule. Il n’a pas pensé au froid, à la pluie, à la neige, au verglas. Il n’ a pas pensé aux dénivellations. Il n’a pensé aux personnes qui ne peuvent pas faire de vélo et à toutes les situations potentiellement dangereuses. Et puis si les gens n’achètent plus de voitures, on va vers un chômage de masse.
Le canadien se tort de rire pendant une heure. Il n’arrive pas à retrouver son calme.

Il propose quelque chose de beaucoup plus « sérieux » : les véhicules hybrides. Pas de problèmes pour le transport des marchandises. Rapidité. On est bien à l’abri des intempéries et on ne met que 10 mn pour rejoindre le centre commercial. A titre de comparaison, avec un vélo et une remorque, il faut compter une bonne heure de trajet si tant est que l’on réussisse à retourner au domicile.

Le canadien se frotte les mains. Son idée géniale est adoptée par le président du Présistan. On décide de les produire en masse. C’est l’euphorie. C’est formidable : on va tous pouvoir aller faire du ski dans les stations de sport d’hiver. Adieu les émissions de gaz à effet de serre. Les publicitaires se hâtent de trouver des slogans pour faire vendre. Les actionnaires se frottent les mains. Beaucoup de cash va rentrer dans les caisses. Avec ce cash, on va pouvoir investir dans de belles plages privées sur la Côte d’Azur. Allons-y gaiement.

Vendons des caisses de belles caisses hybrides.

Tout se passe bien. Le ventes sont très importantes. Seulement voilà voilà, au bout de quelques mois, des problèmes font leur apparition. C’est que l’on n’avait pas pensé à tout. On met de côté les personnes qui ne pensent pas à recharger leur voiture, qui n’utilisent que le moteur à essence.
De très nombreux citadins se plaignent du fait qu’il n’y a pas de prises de courant dans les parkings. On ne peut pas recharger les véhicules. Les bornes de recharge qui ont été mises à la disposition des consommateurs sont en nombre insuffisant.
Plus grave, on s’aperçoit que la consommation d’électricité augmente d’une manière vertigineuse. On ne peut plus alimenter correctement tous les foyers. Les coupures sont fréquentes. Trois mois plus tard, Le Président du Présistan fait une allocution radio télévisée : il demande aux gens de ne plus procéder à la recharge de leur véhicule en été et en hiver.
La consommation d’essence repart de plus belle et les glaciers continuent de fondre.

Un climatologue chevronné téléphone au Président et lui fait remarquer que même en divisant par trois la consommation d’essence, les glaciers continueraient de fondre.

Il faut tout recommencer. Heureusement, seulement un habitant sur trois avait acheté un véhicule hybride. On peut donc penser aux deux tiers restants. Il est encore temps de rattraper la situation. On convoque le savant fou pour jeudi 3 mars à huit heures du matin.

Celui-ci arrive en retard. Il avait une cinquantaine de plantes solaires à arroser. Le chat ne voulait plus ronronner. Il a donc fallu le réparer. Et le pain était rassis donc plus long à manger.

Le savant fou propose de fabriquer des véhicules qui rouleraient au plutonium. Ce métal est un vrai concentré d’énergie, un peu comme les gâteaux pour chien. Le Présistan dispose d’importants stocks de ce métal.
Avec 1000 tonnes, on assez d’énergie pour 100 millions de véhicules. C’est un peu comme les sous-marins nucléaires, on aurait une autonomie de plusieurs mois voire de plusieurs années. Il suffirait de recharger le petit réservoir de temps en temps. Remplacer le vieux combustible par du neuf.
Simple. Pratique. Efficace.

Le Président du Présistan n’a pas beaucoup de temps pour réfléchir. Il a tout un royaume à administrer. Il s’en remet aux conclusions de cet expert. Il faut se hâter car le temps presse.

Il fut d’abord fabriquer un prototype. C’est que les industriels n’avaient pas envisagé la production de ce type de véhicule.

Malheureusement, il s’avère que ce type de véhicule est trop dangereux. On n’arrive pas à confiner le métal. Les radiations émises traversent les parois.

Conclusion : réfléchir encore un petit peu.

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