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Présidentielles : C’est pour quand la confrontation publique ?

Publie le lundi 12 février 2007 par Open-Publishing
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Des revendications sociales au plein milieu de la campagne électorale ? Pis, des arrêts de travail, des grèves, des manifestations ? Les âmes bien pensantes s’inquiètent, s’alarment et montrent du doigt les fautifs.

Ces enseignants, ces fonctionnaires, ces agents des hopitaux, ces cheminots et tous leurs collègues dans l’action n’auraient pas compris que la période électorale, c’est fait pour se taire. Ou plus exactement pour laisser la parole à quelques candidats triés sur le volet et leurs experts associés qui, avec la complicité des grands médias, la monopolisent pour nous expliquer que la dépense publique est décidément à la dérive, qu’il est grand temps d’en finir avec le laxisme, que la gabegie de l’Etat et des fonctionnaires doit cesser.

En somme, le temps de la campagne présidentielle, il faudrait accepter que la scène publique se transforme en un mauvais procès avec des salariés et leurs syndicats bäillonnés sur le ban des accusés tandis que les Sarkozy, Robien, Bayrou, Le Pen, Villiers enfileraient devant les caméras leurs habits de procureurs.

Seulement les salariés qui étaient jeudi 8 février dans l’action ont au moins deux bonnes raisons de ne pas accepter ce scénario pipé. La première, essentielle, est que la droite au pouvoir, elle, ne connaît pas de trêve, qu’elle tape dur, qu’elle a bien l’intention de multiplier les mauvais coups contre l’école, le rail, l’hôpital et tous les autres services publics jusqu’au dernier jour.

En clair, c’est maintenant qu’il faut réagir, mobiliser, contrer les attaques en cours. Les salariés ont des revendications et elles n’attendent pas, élections ou pas. Et comme dit le responsable de la FSU, s’il n’y a pas de réponse à ces revendications, « l’orage ne passera pas ». Ajoutons qu’au ras le bol de ceux qui donnent tant au service public, qu’aux urgences qu’ils clament sans être entendus, il faut ajouter l’expérience. Elle montre qu’à trop attendre les promesses, à trop remettre au lendemain ce qu’il faut exiger sans délai, on ne gagne jamais rien. . Ce n’est jamais ou le rue, ou les urnes, c’est toujours avec les deux qu’on y arrive le mieux.

La seconde raison tient précisément au climat électoral. Pour se faire entendre, aujourd’hui comme demain, les salariés ont tout intérêt à bousculer la mise en scène présidentielle actuellement en cours. A droite, un Nicolas Sarkozy qui après avoir fait quelques tours de piste pour minauder devant les ouvriers et les enseignants montre son vrai visage, à Toulon, dans un discours de revanche contraire aux grandes valeurs de la République. C’est décidément de la division du monde du travail que ce candidat là espère faire son miel.

A gauche une candidate socialiste qui continue de s’en tenir à d’inquiétantes généralités là où elle est attendue sur du concret, du solide, de l’innovation sociale. Et en guise d’homme recours un Le Pen qui compte bien récolter là où Sarkozy sème ou un Bayrou qui cultive sa différence d’image pour faire oublier qu’il a comme tous ses amis libéraux la dépense publique dans le collimateur.

Que dans ces conditions cheminots et fonctionnaires en tirent la conclusion qu’on est jamais si bien défendus que par soi même et entrent dans la danse pour mettre leurs exigences sur la table, quoi de plus naturel ! Du même coup cette mobilisation sociale peut aussi contribuer à changer l’ordre du jour électoral. Les candidats doivent mettre en débat leurs engagements et dire comment ils entendent les tenir. La confrontation publique doit être exigée de tous, autrement que devant des parterres télévisés sur mesure.

Après Sarkozy et Royal, Bayrou annonce à son tour qu’il veut son show plutôt que des débats contradictoires. MG Buffet ne cesse de dénoncer cette campagne à deux vitesses. C’est l’intérêt de tous de ne pas accepter la confiscation programmée du débat électoral. Pour qu’enfin les interpellations des cheminots, des fonctionnaires et au dela des salariés de toutes conditions cessent d’être systématiquement renvoyés au second plan.

http://pcf.fr/spip.php?article1359

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