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Prime transports : Le MEDEF isolé ou idéologue ?

Publie le lundi 8 septembre 2008 par Open-Publishing
4 commentaires

de Slovar

C’était au grand jury RTL/Le Monde/LCI : "Cette affaire n’est pas raisonnable." C’est en ces termes que Laurence Parisot a jugé l’annonce faite par la ministre de l’Économie Christine Lagarde dimanche ".

Les sociétés devront prendre en charge 50 % du titre de transport de leurs salariés dans les grandes agglomérations et devront apporter, sur la base du volontariat, une aide forfaitaire à leurs salariés qui se déplacent en voiture.

"Aujourd’hui les entreprises françaises ne peuvent pas supporter un centime d’euro de charge en plus", a estimé lundi matin la présidente du Medef sur RTL , rappelant que "plus de 50.000" d’entre elles ont déposé le bilan au cours du premier semestre 2008, soit "le chiffre le plus élevé depuis plus de 10 ans". Par ailleurs, Laurence Parisot, qui dénonce "une erreur de raisonnement" du gouvernement, développe : "Sur cette affaire de prime transport, il ne faut pas oublier que le prix de l’essence est composé à 65 % de taxes. Donc on est en train de faire une taxe sur les taxes. Ce n’est pas raisonnable non plus"... Et rappelle que "tous les transports collectifs urbains sont financés principalement par les entreprises" : "Nous sommes le premier contributeur au développement de ces transports collectifs", entre "4 et 5 milliards d’euros".

Très clairement, les entreprises n’ont pas un centime à consacrer au pouvoir d’achat de leurs salariés. Cette déclaration de ce matin sur RTL tendrait à prouver que Laurence PARISOT et son organisation sont les seuls interlocuteurs du gouvernement et des syndicats de salariés. L’auditeur aura donc compris que pas un centime ne leur sera consacré.

Or, en marge des déclaration tonitruantes du MEDEF réclamant ici la suppression de l’ISF et là des principes de libéralisme accrus, un communiqué du 4 septembre est passé totalement inaperçu des media. Ce communiqué émane de la CGPME :

REUNION DU 4 SEPTEMBRE 2008 ENTRE LA CGPME, LA CGT-FO, LA CFTC ET LA CFE-CGC SUR UN DISPOSITIF D’AIDE AU TRANSPORT DOMICILE-TRAVAIL DES SALARIES

La CGPME et les trois Confédérations syndicales de salariés CGT-FO, CFTC, CFE-CGC se sont réunies Jeudi 4 Septembre au siège de la CGPME pour évoquer un ensemble de questions liées au transport domicile-travail des salariés.

Dans le cadre de ce tour d’horizon complet, elles ont fait le constat d’appréciations différentes sur certains points, par exemple en matière de financement des dispositifs, mais aussi d’éléments de convergence, notamment sur la réalité de l’augmentation du coût de l’énergie, tant pour les entreprises que pour les salariés, et sur la nécessité d’apporter des réponses concrètes. Ces éléments de convergence doivent être approfondis.

Dans cette optique, elles ont convenu de se réunir à nouveau le mercredi 10 septembre, au siège de la CGPME, pour préciser et formaliser les points qui pourraient faire l’objet de préconisations communes aux quatre organisations.

Elles souhaitent que les autres organisations représentatives des employeurs et des salariés s’associent aux travaux engagés.

CGPME, CGT-FO, CFTC, CFE-CGC - Source CGPME

Etonnant non ?

D’autant plus étonnant que François CHEREQUE invité ce matin d’Europe1 n’a pas dit un mot de cette rencontre préférant focaliser sur les déclarations de Laurence PARISOT alors que sa confédération était présente le 4 septembre.

Certains argueront que l’accord sur le texte voté par le parlement sur la réforme de la représentativité syndicale qui s’est fait dans un cadre plutôt consensuel, car il reprend les grandes lignes de la "position commune" patronat-CGT-CFDT d’avril. Ainsi, un syndicat devra recueillir au moins 10% des suffrages pour participer aux négociations dans une entreprise.(voir les 7 points de la représentativité) pousse la CFDT à chercher une fois de plus à s’imposer comme premier interlocuteur du MEDEF.

Cette loi qui ne touche pas les organisations d’employeurs amène d’ailleurs à se poser la question de leur représentativité. Or :

71% des patrons de TPE ne sont pas syndiqués et ils ne sont que 38% à considérer que les syndicats patronaux défendent bien les intérêts des entreprises

Si on se réfère au classement de satisfaction chez les syndiqués :

45% plébiscitent les syndicats de branche

42% le MEDEF

27% l’UPA

26% la CGPME

19% l’UNAPL

Il faut ajouter à ce résultat que ces fédérations patronales sont inconnues de plus d’un dirigeant sur quatre. Ils sont d’ailleurs 57% à ne pas reconnaître la représentativité des syndicats patronaux pas plus qu’ils ne croient à leur capacité à influencer les prochains débats électoraux, y compris parmi leurs adhérents Source Slovar et Baromètre Fiducial - IFOP Janvier 2007

Il ne faut pas oublier que les rapports entre la CGPME et le MEDEF sont régulièrement "tendus" Pour mémoire, la denière escarmouche remonte à l’affaire de l’élection de Geoffroy Roux de Bézieux à la présidence de l’UNEDIC. Election à l’issue de laquelle la CGPME écrivait : "La CGPME prend acte de l’élection du candidat MEDEF Geoffroy Roux de Bézieux à la présidence de l’UNEDIC, ce qui permet à M. Liébus, candidat UPA d’accéder au poste de trésorier-adjoint. Elle leur souhaite plein succès dans une période si importante pour le régime d’assurance-chômage. A cette occasion, la Confédération a pu, à nouveau, constater le déséquilibre des voix au sein du collège employeurs (17 MEDEF, 5 CGPME) lequel ne reflète pas la réalité du tissu économique français constitué à plus de 95% de PME"

Le CNPF devenu MEDEF qui voit ses le nombre de ses adhérents habituels stagner essaye depuis un certain nombre d’année de récupérer des entreprises traditionnellement adhérentes à la CGPME.

Ce qui pourrait expliquer du moins en partie pourquoi les adhérents à la CGPME ont , en ce qui les concernent, la possibilité de "supporter quelques centimes d’euro de charge en plus"

Cette situation est d’autant plus étrange que le MEDEF qui regroupe principalement les plus grandes entreprises françaises est celui qui accepte des obligations légales que ne supportent pas les petites entreprises.

Alors, pourquoi cette inversion des rôles et ce discours qu’on peut qualifier de durcissement idéologique ?

Il y a fort à parier que, dispensé de loi sur la représentativité, le MEDEF a décidé une fois de plus de recruter sur les terres des autres organisations.

Qu’ajouter, si ce n’est que le travailler plus et mieux passe par une mobilisation de chacun des acteurs économiques MEDEF compris. Après avoir demandé et obtenu une loi de modernisation sociale, le MEDEF par la voix de Laurence PARISOT se comporte de plus en plus comme le pire des mouvements corporatistes. A croire (si l’on était naïf) que les salariés, essentiels au bon fonctionnement de l’entreprise sont devenus des nuisibles et des profiteurs.

Mais c’est vrai qui est tellement plus facile de plaider pour la "catastrophe économique" que représente l’ISF que pour un coup de pouce à ceux qui se lèvent tôt pour venir travailler. C’est tellement plus facile de déclarer : "la vraie réflexion doit être plus générale, plus globale" : Il faut mettre en oeuvre "une politique économique qui booste la croissance (...) qui va permettre une augmentation sérieuse du pouvoir d’achat des salariés, qui ensuite feront leur propre arbitrage. Certains voudront effectivement dépenser un peu plus en essence, d’autres en logement, d’autres pour la garde de leurs enfants, que sais-je..."

En gros et de façon plus triviale, que les salariés se dé...... avec le gouvernement, le MEDEF s’en lave les mains. Mais, Madame PARISOT, savez-vous que ce que vous refusez aux salariés serait de toute façon allé aux entreprises dont certaines sont adhérentes au MEDEF ?

Il semble que non et que la lutte des classe remise au goût du jour par votre prédécesseur soit devenue votre crédo.

Les semaines qui viennent nous montreront si le gouvernement qui a su définir avec rigueur les agendas sociaux au détriment des salariés saura faire preuve de la même vigueur face à un MEDEF qui joue un peu plus chaque jour la carte du toujours plus. Et là, nous avons de très gros doutes. Mais comme la proposition de Madame Lagarde repose sur le volontariat ...

Slovar les Nouvelles

http://slovar.blogspot.com

Messages

  • Comment se débarasser d’un problème, refuser de répondre à des questions urgentes, en mettant dos à dos médef et salariés !

    Sarkozy en négligeant la part importante, soit les millions de salariés, qui participe activement à l’enrichissement des entreprises, est en train de faire sauter tout notre système économique, envoyant par trépas un bon nombre d’entreprises affaiblies par le manque de clients, de consommateurs.

    Pas de salaires corrects, pas de consommateurs ! Il faut que les patrons et notamment Parisot comprennent que tout se tient, tout est lié ! Négliger, voire mépriser la majorité des salariés c’est condamner à court terme l’entreprise quelle qu’elle soit.

    • Il y a la grève générale, assez utopiste vu l’enthousiasme populaire déclenchée par son idée, ou alors, et c’est plus intelligent, mettre à l’ordre du jour :Travailler plus, pour gagner toujours moins et arréter complètement la consommation stupide .
      A mon avis, ça ferait réfléchir Parisot et peut-etre serait-elle encline à reverser un peu les milliards publics offerts par les gouvernements successifs, à ceux qui engraissent ces entreprises si concurrentes !

  • Quelle pourriture...idéologique.. Quelle saloperie... politique ....

    Et de pleurer sur les 50.000 entreprises ( presque toutes des PME) qui ont "fermé" - la faute à QUI sinon à ce système qu’elle défend, à cet impérialisme croupissant ?

    Et de prendre comme paravent ces mêmes entreprises qui ne peuvent pas supporter un cent de "charge" en plus ! Ah oui (je passe sur l’argumentation évidemment spécieuse et mensongère de la dame) - et je demande juste :

    il fait quoi le MErDEF pour les PME et les TPME, j’aimerais bien qu’on m’explique ?


    "LE BAL DES VAMPIRES"
    - c’est ça la France du 21ème siècle !!!

    LL

    • Bonjour LL

      Le MEDEF n’est plus qu’une officine dirigée par business Europe le Lobby dirigé par Ernest Antoine ... qui tu sais

      Lorsque j’ai débattu avec des députés lors d’une émission sur LCP sur la représentativité syndicale, j’ai soulevé le problème de celle des organisations d’employeurs indiquant que les syndicats d’employeurs de l’économie sociale représentaient plus de 11% des salariés.

      Refus à droite et gêne à gauche ... En fin de compte, le fait qu’une entreprise puisse diminuer les effectifs ou même s’en aller d’une ville ou circonscription tétanise les politiques.

      Dans la mesure ou le tissus industriel français se réduit un peu plus chaque jour, il est nécessaire que tous les emplois d’utilité socio économiques se développent et que des syndicats d’employeurs issus de leurs rang apportent du sang neuf pour contre balancer les actuels quémandeurs de subventions publiques.

      Car ne l’oublions jamais "privatiser les bénéfices et mutualiser les pertes" reste un crédo connu du libéralisme accru revendiqué par le MEDEF